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Algérie

Algérie: Retour vers l’industrie, moteur de la croissance

Par Mohamed Boukhalfa
décembre 27, 2015
Algérie: Retour vers l’industrie, moteur de la croissance

 

 

 

La relance de la production nationale pour la substituer graduellement à des importations coûteuses, dans un contexte de baisse drastique des recettes pétrolières, aura mobilisé en 2015 le secteur de l’industrie, qui veut être le moteur de la croissance.

 

 

La réorganisation du secteur public marchand, l’amorce d’une révision de la loi sur l’investissement, le début de réalisation du complexe sidérurgique de Bellara ainsi que l’élaboration d’un nouveau cahier des charges pour les concessionnaires automobiles auront été les moments forts de cette volonté déclarée de faire de la relance de l’investissement productif et de la diversification de l’économie nationale les priorités absolues du moment.
C’est à ce prix que le gouvernement entend atteindre « l’émergence économique » en 2019 avec une croissance de 7% hors hydrocarbures, tirée essentiellement par le secteur industriel, et a entrepris la refonte des cadres organisationnel et juridique de plusieurs activités relevant de ce secteur.
La réorganisation, en février, du secteur public marchand a ainsi donné naissance à douze (12) nouveaux groupes industriels issus des quatorze (14) sociétés de gestion des participations de l’Etat (SGP) et des cinq (5) anciens groupes composant la base industrielle publique, en plus de sept (7) groupes nouvellement créés, autant de « moteurs de croissance ».
Les sept nouvelles filières intégrées au patrimoine industriel public (agroalimentaire, chimie, mécanique, métallurgie-sidérurgie, textiles, équipements électriques, électrodomestiques et électroniques, et un groupe entièrement dédié aux industries locales) ont été choisies selon une vision tendant à consolider et à privilégier des activités « stratégiques » dont les coûts d’importation pèsent très lourd sur le budget de l’Etat.

Refonte du cadre juridique de l’investissement

Dans la même cette logique, le ministère en charge de l’Industrie et des Mines a entamé, début 2015, l’élaboration d’un nouveau Code de l’investissement qui devra consacrer, en particulier, « la liberté de l’acte d’investir ».
Finalisé et approuvé par le gouvernement mais toujours en cours d’examen au Parlement, ce projet de texte -qui vient amender la loi sur l’investissement de 2001- vise a asseoir une certaine « stabilité, transparence et lisibilité » du cadre juridique régissant ce créneau en Algérie.
Le projet du loi, qui est inspiré du Pacte économique et social de croissance, se veut donc un cadre d' »incitation » et d' »accompagnement » pour l’entreprise, qu’elle soit petite ou grande, publique ou privée, nationale ou étrangère.
Très attendu par les opérateurs, nationaux et étrangers, ce projet de texte ne verrait cependant le jour qu’en 2016.
Le ministère a publié également, en mars, un nouveau cahier des charges régissant l’activité des concessionnaires de véhicules neufs pour mettre fin aux multiples dysfonctionnements d’un marché tiré par l’importation.
Cependant, les concessionnaires attendent toujours la publication du cahier de charges devant régir leurs activités industrielles (sous-traitance ou montage), une obligation qui leur a été imposée par la loi de Finances 2014 mais dont les textes d’application n’avaient pas suivi. Promis pour début 2016, ce texte devra notamment encadrer l’activité du montage/assemblage des véhicules en Algérie, une filière au stade embryonnaire mais que les pouvoirs publics comptent impulser pour ce qu’elle représente comme potentiel en terme de sous-traitance et donc de croissance et d’emploi.

Des projets concrétisés, d’autres en cours

Plus concrètement, l’année 2015 aura été marquée en particulier par l’inauguration, en mai, d’une usine d’assemblage et de maintenance de tramways à Annaba, et surtout la pose en mars de la première pierre du méga complexe sidérurgique de Bellara (Jijel), après quarante ans de « flou ».
Fruit d’un partenariat algéro-qatari, ce projet de 2 milliards de dollars devra produire, à partir de 2017, deux (2) millions de tonnes d’acier par an avant de doubler sa production à l’horizon 2019, les importations en produits d’aciérie coûtant à l’Algérie plus de 10 milliards de dollars annuellement.
Autre fait marquant, la première voiture « made in Algeria », la Renault Symbol, souffle sa première bougie et l’Algérie engage déjà des discussions avec un autre constructeur français Peugeot pour une nouvelle expérience dans le montage de véhicules et de la sous-traitance périphérique.
L’Etat a par ailleurs récupéré en octobre 2015 la totalité des actions du groupe Arcelor Mittal, auparavant partagé avec les Indiens, une mesure censée donner une nouvelle impulsion à l’industrie sidérurgique nationale.

Prioriser la production nationale, revaloriser les mines

Passer d’une économie de développement à une économie de croissance capable même d’exporter : ce leitmotiv de l’année qui s’achève a justifié une démarche gouvernementale fondée sur le l’implication des opérateurs nationaux, publics et privés, ainsi que sur le partenariat étranger.
Ainsi, plus d’une dizaine de forums économiques bilatéraux et près d’une dizaine de commissions mixtes se sont tenues, en Algérie et l’étranger, durant l’année. Il s’est agi en particulier de Français, d’Américains, d’Italiens, de Chinois, d’Allemands, de Tunisiens, de Polonais, d’Iraniens, les Soudanais et de Sud-africains.
Ces rencontres ont abouti, pour la plupart, à la signature d’accords de coopération économique et à des appels à renforcer les investissements en Algérie au lieu de se limiter aux traditionnels échanges commerciaux.
Pour 2016, l’agenda industriel s’annonce également chargé puisque le secteur devra parachever des chantiers en cours: Code de l’investissement, Cahier des charges du montage automobile, négociations avec de le constructeur automobile Peugeot….
L’année qui arrive devra également marquer des dates phares notamment dans l’industrie minière pour qui le département de l’Industrie accorde une place primordiale.
Il s’agira en particulier de faire aboutir les négociations en cours pour la création de consortiums pour l’exploitation de gisements miniers dont notamment celui de Gara Djebilet (Tindouf) dont les réserves sont estimées 3 milliards de tonnes de minerai.

 

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