Dans un communiqué rendu public ce mercredi, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’acharnement du parquet contre le caricaturiste du quotidien La Voie de l’Oranie, Djamel Ghanem et demande l’abandon des charges d’ « outrage au président de la République » qui pèsent à son encontre.
Pour une caricature représentant la gravité de la maladie de Bouteflika-non signée et qui n’a pas été publiée-, le caricaturiste, présenté devant le tribunal correctionnel d’Oran, le 12 février dernier, risque 18 mois de prison ferme et 30 000 DA d’amende pour les chefs d’inculpation d’«outrage au président de la République», «abus de confiance » et «accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données».
Djamel Ghanem a été assigné en justice par le directeur de son journal devant le bureau du juge d’instruction de la 7ème chambre auprès du tribunal d’Oran, rappelle l’ONG. Selon cette dernière, ces poursuites font suite à un différend salarial entre le caricaturiste et son employeur. En cause dans cette affaire, une caricature représentant deux citoyens dans une pharmacie discutant de couches pour bébé et d’un quatrième mandat pour l’élection présidentielle.
« C’est le procureur qui a porté plainte pour outrage au président »
Selon le responsable de ce journal, cité par RSF, le caricaturiste n’aurait pas été poursuivi pour « outrage au président de la République », mais uniquement pour « abus de confiance » et « accès frauduleux dans un système de traitement automatisé des données ». « c’est le procureur de la République, qui après avoir pris connaissance de cette affaire, a porté plainte à son tour contre Djamel Ghanem pour “outrage au président de la République” pour une caricature qui a été publiée en ligne avant d’être retirée », déclare-t-il.
Version contestée par le caricaturiste et son avocat, qui insistent, plainte à l’appui, sur le fait que c’est la direction du journal qui a porté plainte pour « outrage au président de la République » et que cette caricature, non signée, n’a pas été publiée, qu’elle se trouvait dans les archives personnelles de l’ordinateur de Djamel Ghanem.
Inculpé depuis le 20 novembre 2013, Djamel Ghanem affirme que les déclarations qui figurent dans les procès-verbaux d’audition devant le juge d’instruction du tribunal d’Oran lui ont été arrachées « sous la pression ». Le verdict dans cette affaire sera rendu le 4 mars prochain.