Un navire de la marine marchande d’un pays étranger a causé toute une panique, la semaine dernière, en Algérie. Alors qu’il naviguait à une quinzaine de kilomètres de la plage de Sidi Salem à Annaba, le navire a sectionné un important câble de fibres optiques, le SMWE4, coupant du même coup l’accès Internet à l’ensemble de l’Algérie pendant cinq jours. « Jusqu’à quand va durer cette panne ? », c’était la hantise des internautes algériens, dont des étudiants pour qui, désormais, travailler sans Internet et sans le moteur de recherche Google relève de l’inimaginable.
Pour maintenir ses services Internet, l’opérateur Algérie Télécom (AT) était alors contraint d’appliquer une politique de restriction et d’optimisation pour distribuer équitablement à ses usagers les 80 Go restant de la bande passante internationale, fournie par le câble sous-marin ALPAL 2 reliant Alger à Palma. Et surtout, optimiser sa capacité de maintenance, en ne mettant que cinquante heures pour réparer le câble. Cette crise a fait découvrir à ceux qui avaient, pendant plus de 15 ans, les yeux fermés sur la nécessité d’adopter des stratégies IT gagnantes, les conséquences désastreuses de l’absence d’un trafic Internet local consistant. C’est le premier responsable de l’opérateur historique qui l’affirme, la quasi-totalité des données consommées par ses clients proviennent des serveurs situés à l’étranger.
Cette dépendance pousse AT à investir lourdement dans la fibre optique sous-marine afin d’assurer l’acheminement des métadonnées de l’étranger vers les terminaux de ses clients (aussi bien résidentiels que les entreprises) et ce, sans aucun partage de valeur économique avec les fournisseurs des contenus consultés. Quel est alors le modèle économique qui évitera à l’opérateur historique de mettre seul la main dans la poche pour déployer le troisième câble sous-marin qui reliera Oran et Alger à Valence en Espagne ? Ce câble est d’une importance capitale dans la mesure où il constituera la troisième route pour acheminer le flux de télécommunications appelé à augmenter dans un proche avenir. Il permettra de rediriger le trafic en cas de besoin et de réduire le temps d’intervention à quatre heures en cas de panne. La panne du câble SMWE 4 a montré que le pays a besoin d’une diversification des artères de transmission et des points de connexion. Ce sont des facteurs qui augmenteront les performances des réseaux des télécommunications.