Dans le domaine des transports de voyageurs, pendant la crise, les travaux continuent. De nombreuses infrastructures continueront à être livrées au cours des prochaines années. Le secteur sera cependant affecté par les mesures d’austérité budgétaire. Elles se traduiront en particulier par le report de plusieurs projets de tramway ainsi que par la révision des objectifs du très ambitieux « plan rail » algérien. Le point sur les chantiers du tramway et du rail.
Le développement du tramway en Algérie est un projet mené par l’Entreprise Métro d’Alger (EMA), le pilote public des chantiers et des exploitations de transports urbains sur rails. Après Alger, Oran et Constantine où les tramways sont déjà entrés en exploitation, quatre projets supplémentaires sont en cours.
Premier projet réalisé en Algérie, le tramway de la capitale est entré en exploitation en 2011. Lancés en 2007, les travaux de construction du tramway d’Alger ont été réalisés par le Français, Alstom, pour la partie système et l’italien Todini avec l’algérien ETRHB pour la partie génie civil. Dans sa totalité, la ligne de tramway d’Alger comporte actuellement 38 stations sur une distance de 23,2 km. Le coût global du tramway d’Alger a été estimé à 35 milliards de dinars (300 millions d’euros environ).
Inaugurée en juin 2013, la ligne de tramway actuelle de Constantine part du centre-ville et dessert dix stations sur 8,1 km. Plus de 44 milliards de dinars (400 millions d’euros à l’époque) ont été dépensés pour les travaux de la première tranche, menés par l’italien Pizarrotti, qui avait nécessité des aménagements urbains complexes à l’intérieur de la vieille ville. Les travaux d’extension de la ligne, qui doivent être terminés en août 2018 devraient nécessiter une enveloppe budgétaire de 200 millions d’euros, pour 10,3 km et 11 stations supplémentaires qui relieront le centre ville de Constantine à la nouvelle ville de Ali Mendjeli.
Des chantiers qui continuent et des projets reportés
Quatre nouveaux projets de tramway sont actuellement en cours de réalisation. Il s’agit de ceux de Sidi Bel Abbès, de Sétif, de Ouargla et de Mostaganem qui devraient entrer en service d’ici 2018. Les tramways de Batna et d’Annaba sont censés suivre, ainsi que les nouvelles extensions à Alger et à Oran, mais la signature de ces contrats a été reportée en raison de la baisse des cours du pétrole, qui met à mal les finances de l’État.
Parmi les projets en cours, le tramway de Setif pour une première ligne est-ouest de 22,4 km et une trentaine de stations. Le coup d’envoi officiel des travaux a été donné en mai 2014. Le projet d’un coût estimé à 38 milliards de DA ( environ 320 millions d’euros) a été attribué à un consortium formé par le géant turc du BTP Yapı Merkezi et Alstom. La première mise en service est prévue au premier trimestre 2018.
Les vastes ambitions du « plan rail » algérien révisées à la baisse ?
Ces investissements, en dépit de leurs montants importants, ne sont cependant encore rien en comparaison du gigantesque chantier, en cours, de modernisation du secteur ferroviaire algérien. Lancé en 2007, son coût est estimé au montant considérable de 18 milliards de dollars sur la période qui devait initialement s’achever en 2015 et se trouve dans les faits prolongée au moins jusqu’en 2019.
Le « plan rail » couvre tout le territoire national et concerne la modernisation de 855 km de lignes existantes, le doublement de voies sur 430 km, la construction de la ligne des hauts plateaux sur 600 km et celle de la boucle du Sud 800 km. D’autres lignes de complément de réseau sont prévues sur 828 km. La crise est passée par là et en dépit des déclarations rassurantes des responsables du secteur qui affirment en chœur que le « programme se poursuit normalement », la réalisation de l’essentiel de la boucle du Sud ainsi que la ligne des hauts plateaux risquent d’être en grande partie reportée à des jours meilleurs. Le programme en cours de réalisation va donc continuer à concerner principalement dans les quelques années qui viennent la « rocade Nord ».
Priorité à l’électrification de la rocade Nord
Le virage vers l’électrification de l’essentiel du réseau nord a été entamé en 2007. A l’ouest du pays, le projet de dédoublement de la ligne ferroviaire Relizane- Chlef a été livré. Cette ligne de 94 kilomètres avait été confiée à une société indienne pour une enveloppe financière de 16,2 milliards de dinars. Lé réalisation d’une nouvelle ligne électrifiée de plus de 200 kilomètres est en cours de réalisation entre Oran(Oued Tlelat) et la frontière marocaine en passant par Tlemcen.
A l’est du pays le chantier s’est accéléré en 2012 avec la double voie ferrée électrique reliant Alger à Bouira. Toujours sur le réseau nord, la modernisation de l’axe Alger-Constantine se poursuit à travers l’électrification de la ligne à l’est de Bouira. Le projet principal concerne le doublement et la modernisation des installations sur le tronçon Sétif – Constantine d’une distance de 125 km. Les travaux de ce projet, en dehors de la maîtrise d’œuvre qui est assurée par un bureau d’études canadien, sont actuellement menés par un groupement de réalisation de quatre entreprises publiques nationales concrétisant ainsi un des nouveaux éléments de la doctrine définie par les pouvoirs publics.
Au centre, le projet d’électrification de la ligne reliant Thénia à Tizi ouzou sur une distance de 64 kilomètres enregistrait un taux d’avancement de près de 80% en septembre 2016. Ce projet de modernisation et d’électrification permettra, à son achèvement, de parcourir la centaine de kilomètres séparant Tizi-Ouzou d’Alger en 1h10mn seulement grâce au train rapide d’une vitesse de 160KM/H. Doté d’une enveloppe financière initiale de plus de 56 milliards de DA, il a été confié à un groupement d’entreprises – ETRHB (Algérie), Teixeira Duarte (Portugal), Enyse (Espagne) et Ozgun (Turquie).
Le dernier projet livré en date est tout frais. La ligne ferroviaire Zéralda-Birtouta via Sidi Abdallah sur une distance de 18 kilomètres a été mise en service le 1er novembre dernier. L’examen de deux autres projets d’extension de cette ligne vers Aïn Benian d’un côté et Gouraya (Tipaza) de l’autre a, par ailleurs, été finalisé selon le ministère des transports. La ligne électrifiée Zéralda-Aïn Benian s’étendra sur 15 Km et celle entre Zéralda et Gouraya sur 90 Km via Bousmaïl, Fouka Marine, Tipaza et le Port d’Alger.
Boucle Sud Est :Touggourt- Hassi Messaoud réalisée à 40%
Le calendrier de réalisation de la « boucle Sud » a de fortes chances de connaitre une révision importante. Parmi les projets en cours concernant la « boucle Sud-Est », l’un des plus avancé concerne les travaux de la nouvelle ligne ferroviaire Touggourt-Hassi-Messaoud, qui enregistrent, à fin 2016, un avancement estimé à 40%.Confiés à cinq entreprises nationales et doté d’un montant global estimé à 70 milliards DA, le projet dont le coup d’envoi officiel a été donné en janvier 2013, pour un délai de 48 mois, est en cours d’exécution avec le concours de trois bureaux d’études nationaux spécialisés.
D’une distance de 150 km (96 km voie unique et 54 km double voie), cette ligne ferroviaire reliant Touggourt à Hassi-Messaoud, via la ville Nouvelle de Hassi-Messaoud, est appelée, une fois entrée en service, à amorcer une nouvelle dynamique au développement socio-économique dans la région Sud-est du pays. Il a enregistré certaines « contraintes » liées notamment aux pipelines traversant son tracé sur plus de 40 km, ont indiqué des responsables locaux du secteur des transports, signalant que l’opération relative à l’évitement de cette nappe de pipes a été déjà prise en charge dans l’étude technique.
Cette nouvelle ligne ferroviaire qui englobera sur son tracé (150 km) trois gares pour les voyageurs fait partie de la future boucle ferroviaire Sud-est retenue dans le cadre du Schéma directeur national des infrastructures (SDSF). Composée de quatre lignes principales desservant les wilayas de Laghouat, Ghardaïa, Ouargla et El-Oued, la boucle Sud-est (560 km), avec une vitesse de 220 km/h pour les trains de voyageurs doit permettre d’assurer l’extension, le maillage et l’interconnexion des lignes existantes, en plus le désenclavement des régions du Sud du pays.