La visite du ministre de l’Energie et des mines sur le site de Tiguentourine, au lendemain de l’assaut de l’armée sur le complexe pour y déloger les terroristes, a été le début d’une série de mensonges sur les graves incidences de cet évènement.
Au lendemain de l’attaque, le 20 janvier 2013, M. Yousfi s’est rendu sur le site gazier de Tiguentourine. Son premier constat fut que « les dégâts causés ne sont pas importants ». Dans la foulée, il avait annoncé le redémarrage des installations pour les deux jours suivant sa visite. « Les travailleurs ont rejoint dés ce dimanche la base de vie du complexe, alors que les installations gazières seront redémarrées dans les deux prochains jours. », avait-il déclaré à la presse. Six mois après, M. Yousfi avait affirmé à El Moudjahid, que « le champ de production de gaz en partenariat entre Sonatrach, BP et Statoil est actuellement en production ». Or, une année après, le complexe n’a toujours pas retrouvé ses pleines capacités de production et très peu de coopérants étrangers des compagnies BP et Statoil ont rejoint leurs postes sur le site gazier.
Le complexe n’a pas retrouvé ses pleines capacités
Le complexe gazier de Tiguentourine se compose de trois trains de liquéfaction d’une capacité totale de neuf milliards de mètres cubes par an. Une année après l’attaque, ils ne sont que deux à avoir été remis en marche. Deux trains qui ont échappé au sabotage perpétré par les terroristes en réaction à l’assaut militaire pour libérer les otages retenus à l’intérieur. Une intervention qui, rappelons-le, s’est soldée par la mort de 40 otages et l’élimination de la quasi-totalité des assaillants. La réparation du troisième train détruit par les terroristes n’est toujours pas achevée.
Avec une part de 15 % des exportations algériennes de gaz naturel sur les à 60 milliards de mètres cubes expédiées en Europe, l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine aura engendré un manque à gagner équivalent à près de trois milliards de mètres cubes. Soit presque le tiers de la production du site, qui manque toujours dans les pipes. Les deux trains de séparation remis totalement en marche à la fin du second semestre 2013, avec le retour progressif des travailleurs Algériens sur le site et une partie des ingénieurs étrangers qui habitent désormais à Hassi Messaoud et font la navette par avion pour opérer à Tiguentourine, n’assurent que 66 % des capacités de production de cette usine.
Pas de sécurité, pas de retour des étrangers !
En dépit des mesures drastiques prises par les autorités algériennes au lendemain de cette prise d’otage –des barrages de l’armée filtrent les entrées dans la région et plus personne n’est en mesure de roder dans les alentours d’In Amenas sans laisser-passer, sans compter le renforcement de la protection du site par les moyens aussi bien humains que matériels –, les compagnies pétrolières associées à Sonatrach (British Petroleum, Statoil et JCG Corporation) sont toujours réticentes à pourvoir tous les postes laissés vacants par les employés rapatriés. Ce dispositif de sécurité renforcé et les assurances de Yousfi annonçant à maintes reprises un retour à la normale, ne constituent pas, à leurs yeux, des garanties suffisantes. Au jour d’aujourd’hui, l’exploitation tourne pratiquement grâce aux employés algériens de Sonatrach. Pas plus tard que le 16 décembre dernier, le ministre japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, Toshimitsu Motegi, a signifié clairement à son homologue algérien de l’Energie et des mines, Youcef Yousfi, en marge du 3e forum économique arabo-japonais, que les entreprises nippones « souhaiteraient que des mesures de sécurité soient prises ou renforcées ».