Alors que SEAAL, l’entreprise qui distribue l’eau potable à Alger, est en pleine négociation avec le français SUEZ pour une éventuelle reconduction du contrat de gestion déléguée, un conflit interne à l’UGTA a dégénéré.
Un mouvement de protestation a été organisé mardi matin au siège de SEAAL (Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger), l’entreprise qui gère la distribution de l’eau potable à dans les wilayas d’Alger et Boumerdès. Le conflit, à l’origine purement syndical, risque de perturber le travail de l’entreprise et d’influer sur les négociations en cours avec le groupe Suez pour la reconduction du contrat actuellement en vigueur. SEAAL est une SPA détenue à 50% par l’Algérienne des Eaux (ADE) et l’Office National de l’Assainissement (ONA), et gérée par des cadres du français Suez, en vertu d’un contrat conclu en 2006, et renouvelé en 2011.
Mardi matin, des dizaines de travailleurs, venant de différents centres de SEAAL, affluaient vers le siège de la direction générale de l’entreprise à Kouba. Portant banderoles et tenues de travail, ils ont envahi le siège de leur direction générale, pour défendre le responsable de la section syndicale, Slimane Bouchaïr, qui vient d’être exclu de la représentation des travailleurs.
Selon des échos recueillis sur place, il s’agirait d’un conflit purement syndical. Le mandat de M. Bouchaïr serait arrivé à expiration. Or, M. Bouchaïr faisait partie du réseau de M. Djenouhat, un dirigeant de l’UGTA entré en conflit avec le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd.
Parrains
La nouvelle équipe de l’UGTA, qui chapeaute la puissante fédération de l’hydraulique et du bâtiment, a tenté d’imposer un nouveau représentant syndical pour remplacer M. Bouchaïr. Mais celui-ci, relativement populaire au sein de l’appareil syndical, a réussi à trouver les soutiens nécessaires pour se maintenir. Ses partisans ont organisé une démonstration de force mardi matin, pour lui signifier leur appui.
Ce conflit s’est déclenché alors que les négociations ont été entamées pour une éventuelle reconduction du contrat qui lie Suez à SEAAL. Un premier contrat avait été signé en 2066, pour 120 millions de dollars. En contrepartie, Suez envoyait une quinzaine de cadres pour améliorer la distribution de l’eau potable à Alger. Le contrat a été renouvelé une première fois en 2011, et étendu à la wilaya de Tipaza. Des discussions sont en cours pour l’étendre à la wilaya de Blida, dont une partie connait de sérieuses difficultés d’approvisionnement et de distribution de l’eau potable.
Après le relatif succès de Suez à Alger, Oran, Constantine et Annaba avaient également été confiées à des entreprises étrangères. Le bilan était mitigé, et ce fut un échec évident à Annaba, où le contrat a fini par être résilié.
Les choix du nouveau ministre
Le nouveau ministre des ressources en eau, M. Nouri, n’a pas encore fait connaitre ses choix en matière de contrats et de gestions déléguée. Son prédécesseur, Hocine Necib, avait annoncé que les contrats de gestion déléguée ne seraient pas reconduits. A la place, des contrats d’assistance technique seraient conclus. Il a quitté le gouvernement avant même que la formule n’ait mûri.
A Alger, une amélioration sensible de la distribution de l’eau potable a été enregistrée durant la dernière décennie. il est toutefois difficile de dire quelle est la part des cadres de Suez dans cette évolution, et quelles est la part des gigantesques investissements consentis dans le secteur. La disponibilité de l’eau a en effet radicalement changement, avec le lancement des stations de dessalement du Hama et de Fouka (100.000 mètres cube/jour chacune), et l’arrivée de l’eau du barrage de Taksebt.