Après plus d’une décennie d’aisance financière, l’Algérie a vu ses moyens financiers décliner dangereusement en 2015, affectée par la baisse importante de ses revenus pétroliers et une économie incapable d’absorber le contre-choc pétrolier.
Dans une conjoncture ainsi marquée par la perte de la moitié environ des recettes pétrolières habituelles, le gouvernement a dû se résoudre à mettre en place les moyens d’accélérer le processus de diversification de l’économie du pays pour en assurer la croissance et la libérer de sa trop forte dépendance des hydrocarbures.
En effet, la résilience de l’Algérie face aux chocs externes s’est nettement détériorée en 2015 avec comme conséquences macroéconomiques immédiates une sérieuse contraction des réserves de change, un repli des avoirs du fonds de régulation des recettes (FRR) et l’absence d’un déficit de la balance commerciale depuis plus de dix exercices consécutifs. Principal baromètre de la santé financière extérieure du pays, les réserves de change ont baissé de près de 30 milliards de dollars en l’espace de 12 mois et devraient boucler l’année en cours à 151 milliards de dollars contre 179 milliards USD fin 2014, d’après les projections de la Banque d’Algérie.
Parallèlement, l’épargne publique versée dans le FRR qui affichait des niveaux records à la fin de l’année 2014, n’a enregistré aucune plus value entre janvier et la fin août, alors que les prélèvements s’y sont accélérés.
La balance commerciale a, quant à elle, renoué avec les déficits en 2015 (-10,8 milliards de dollars) à cause d’une baisse historique de la valeur des exportations et malgré une recul du montant des importations.
Mais en dépit de ces indicateurs en berne, la croissance du PIB semble aller dans le sens contraire et devrait poursuivre son évolution positive pour atteindre le taux de 3% projeté par le Fonds monétaire international (FMI) pour l’exercice 2015, mais à un rythme moins soutenu que celui de 2014.
Aller vers une économie moins dépendante des hydrocarbures
Face à cette dégradation des grands indicateurs économiques et les risques qu’elle induit sur les objectifs de croissance et d’emploi, les pouvoirs publics ont amorcé, dans l’urgence, le processus de construction d’une économie diversifiée et moins dépendante du seul secteur des hydrocarbures dans le but d’atteindre l’émergence et le taux de croissance du PIB de 7 % projeté pour 2019.
Cet objectif avait été formalisé dans plan d’action du gouvernement en 2014 avant d’être consolidé par des mesures et des décisions contenues notamment dans la loi de finances complémentaire 2015 et la loi de finances 2016.
Dans l’ensemble, ces mesures visent la stimulation de l’investissement productif par le biais de différentes mesures fiscales, parallèlement à l’assainissement de l’environnement des affaires en améliorant, entre autres, l’accès au financement et au foncier afin de pouvoir ériger un outil national de production viable et véritablement au niveau des exigences de qualité et de coût.
Et pour tenter d’enrayer l’aggravation du déficit de la balance commerciale, le gouvernement a décidé d’introduire, à partir de janvier 2106, le système des licences (autorisations) d’importation et d’exportation en vue de mieux maîtriser les flux importants d’importations et les coûts correspondants.
Dans la même optique, le crédit à la consommation, gelé depuis 2009 pour ralentir les importations et limiter le niveau d’endettement des ménages, a été rétabli par la loi de finances 2015 dans le double souci de stimuler la consommation du produit national et de créer de la croissance.
En l’absence d’une liste des produits éligibles, tel qu’exigé par les banques, cette formule de crédit, destinée exclusivement aux produits fabriqués ou assemblés localement, n’a cependant pas pu voir le jour en 2015. Son lancement effectif est donc attendu pour 2016.
La conjoncture économique peu favorable n’a pas empêché cependant la poursuite du soutien de l’Etat en faveur des couches vulnérables, notamment dans le domaine de l’habitat où le déficit en logements a été ramené à seulement 450.000 unités, contre trois (3) millions d’unités au début du siècle, à en croire de récents chiffres du ministre en charge du secteur.
Pour la seule année 2015, plus de 273.000 logements de différents types ont été réceptionnés, alors qu’a commencé la construction de plus de 300.000 autres logements.