Depuis jeudi soir, des centaines de migrants sub-sahariens ont été arrêtés et emmenés dans le camp de jeunes du complexe touristique de Zeralda, d’où ils ne peuvent pas sortir. .
Dans la soirée de jeudi et la journée de vendredi, des centaines de migrants sub-sahariens ont été arrêtés par les forces de gendarmeries et de police dans plusieurs quartiers de la capitale et emmenés dans une partie du complexe touristique de Zeralda.
«La gendarmerie, le maire et deux bus sont venus devant chez nous, nous demandant de monter dans les véhicules tard dans la soirée de jeudi, raconte un Camerounais qui vivait à Dely Ibrahim, où des violences ont eu lieu samedi dernier. Nous sommes désormais dans un camp de jeunes à Zeralda. C’est très sale. Nous avons dû dormir au sol. Nous en savons pas ce qu’il va se passer».
Algérie de demain pic.twitter.com/j0sYFwo3vI
— Moulopobello Bello (@moulopobello) 2 décembre 2016
Mais l’opération ne concernait pas uniquement les migrants de Dely Ibrahim, que le président de l’Assemblée populaire communale (maire) avait promis de déplacer. «J’ai été arrêté en partant au travail. On m’a fait monter dans un bus et ils ont arrêté tous les migrants du chantier», raconte un sub-saharian installé à Ain Benian.
Jeudi, des familles ont été arrêtées à Draria et Bordj El Kiffan, selon plusieurs témoignages. Vendredi, des opérations similaires étaient en cours à Cheraga et Ouled Fayet, selon un responsable communautaire sub-saharien. Au moins deux personnes ont été interpellées à l’aéroport. Toutes les personnes interpellées ont été envoyées dans le camp de Zeralda où se trouvent désormais des centaines de personnes. Plusieurs responsables d’ambassades de pays africains se sont rendus sur place. «Ils n’avaient aucune information à nous donner», témoigne une Ivoirienne retenue dans le camp.
Inquiétude des migrants
Dans les quartiers où vivent les migrants sub-sahariens, vendredi soir, c’est la consternation. «On ne sait pourquoi on nous arrête. Ils ne vérifient même pas les papiers», se désole un homme. Michel et sa femme ne sont pas sortis de chez eux, par peur des arrestations.«Demain, je n’irai pas au travail, explique Michel. Imaginez s’ils viennent et emmènent ma femme et ma fille quand je ne suis pas là!»
La ligue de défense des droits de l’homme a réagit vendredi soir dans un communiqué qui annonce que 1400 personnes ont été «raflées» : «La LADDH dénonce ces arrestations massives de migrants et leur rétention arbitraire et violente.Elle considère qu’en agissant ainsi, les autorités algériennes bafouent les normes internationales relatives aux droit des réfugies, demandeur d’asiles et de migrants. Elles portent aussi atteinte aux droits des femmes et des enfants».
Samedi 26 novembre, des violences avait eu lieu dans le quartier de Dely Ibrahim. Les habitants demandaient le départ des migrants installés dans la carcasse d’un bâtiment depuis plusieurs années. Le Groupe d’intervention rapide de la gendarmerie avait du être déployé dans le quartier. Les autorités avaient alors annoncé qu’elles trouveraient une «solution définitive» «en 48h».