En Algérie, le nombre de chercheurs permanents ne dépasse pas les 2500, alors que ce nombre était de 2700 en 1998.
« Les étudiants de 3eme cycle n’auront plus besoin de publier un travail de recherche dans une revue universitaire internationale pour pouvoir soutenir leur thèse de doctorat ». C’est ce que stipule le dernier décret en préparation au niveau du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) et qui a été récemment évoqué par Abdelkader Hadjar en conseil des ministres. Un décret qui a partage les avis de la communauté universitaire avant même sa mise en application.
Pour les défenseurs de la reforme décrétée par le MESRS, celle-ci « permettra à des centaines d’étudiants en 3ème cycle de se libérer de cette mesure pour pouvoir enfin soutenir leurs thèses et avoir leurs diplômes ». L’autre argument soutenu par les universitaires est celui de « l’indisponibilité ou l’inaccessibilité des revues universitaires internationales pour les étudiants algériens et qui constitue un obstacle pour ces derniers », déclare un enseignant de l’université des sciences et des technologies Houari Boumediene d’Alger.
De son côté, le docteur Abdessalam khaled, président du Comité scientifique du département psychologie à l’université Sétif 2, souligne que cette mesure « n’est pas une proposition des assemblées générales des enseignants universitaire, mais une mesure clientéliste des syndicalistes de l’UGTA », et d’ajouter que « la publication d’un article scientifique est une condition de soutenance dans la plupart des universités du monde et il doit se faire dans une revue scientifique de classe A ». « Certains de nos doctorants ont recours à des revues commerciales en Egypte et ailleurs en payant 200 dollars pour une publication », a révélé le Dr Khaled.
Quelles réformes pour quels résultats
En Algérie, le nombre de chercheurs permanents ne dépasse pas les 2500, alors que ce nombre était de 2700 en 1998, autant dire que la fuite des compétences du pays a bien fait ses effets. En 2015, sur un total de 30 000 étudiants doctorants, seulement 4000 font partie des laboratoires de recherche. « La capacité d’un pays à soutenir une économie basée sur la connaissance et à promouvoir le développement technologique se mesure par le nombre de titulaires de doctorats par millier d’habitant », la moyenne de l’Algérie ne dépasse pas 0,3/1000, lit-on dans le rapport quinquennal de la direction générale de la recherche scientifique et du développement.
D’autre part, selon le rapport du deuxième atelier ECUD (Education et Culture de la Démocratie) sur la recherche en Algérie, publié le 15 mai 2016 par Dr. Naouel Abdellatif Mami, de l’université de Sétif 2, montre que « les retombées de la recherche ne sont pas visibles et ce manque de visibilité et de lisibilité diminue le taux de projets reconnus ». Mais encore, « la qualité des projets proposés et leur impact sur la société n’est pas étudiée. Il est nécessaire d’apporter plus de transparence dans cette perspective ».