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Ali Bey Nasri, expert en commerce international :‘’La GZALE n’a pas atteint ses objectifs’’

Par Maghreb Émergent
novembre 2, 2022
Ali Bey Nasri, expert en commerce international :‘’La GZALE n’a pas atteint ses objectifs’’

Dans cet entretien, l’expert et consultant en commerce international, M. Ali Bey Nasri, dresse un bilan négatif de la Grande zone arabe de libre échange (GZALE). Il estime que les objectifs tracés par les initiateurs de l’idée n’ont pas été atteints.

Le sommet arabe, qui se tient en Algérie, relance l’idée d’un bloc économique arabe solide et efficace, qu’en dites-vous ?

Ali Bey Nasri : Les pays arabes ont crée la Grande zone arabe de libre échange (GZALE), dans le but de booster les échanges commerciaux entre eux et de construire un bloc économique homogène similaire à l’Union européenne (UE). Cette zone compte actuellement 19 membres dont l’Algérie. L’idée d’édifier un espace commercial régional était pertinente compte tenu des développements économiques que connait le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Agir ensemble est plus efficace et plus bénéfique pour les pays de la région. Il est indispensable pour les pays Etats de la région de créer une union économique.  

Maghreb Emergent : Quel bilan à tirer des 25 ans d’existence de cette zone ?

Ali Bey Nasri : Il faut le dire, les objectifs de la GZALE n’ont pas été atteints. Les échanges commerciaux entre les pays membres restent faibles pour ne pas dire insignifiants. Les économies des pays membres de cette zone sont tournées beaucoup plus vers l’extérieur. Si on prend le cas de l’Algérie, on constate rapidement que les membres de la GZALE nous achètent très peu de choses. A titre d’exemple, les échanges commerciaux entre l’Algérie et les membres de la zone se situent à 4,7 milliards de dollars en 2021. Les hydrocarbures représentent 90% de nos exportations vers cette zone. Les exportations de l’Algérie vers cette zone représentent moins de 1% des importations des pays de la GZALE sans l’Algérie.  Des chiffres qui mettent en évidence que l’intégration économique voulue n’est pas encore là. L’Egypte est le seul pays pratiquement qui tire profit de cette zone avec plus de 4 milliards de dollars d’exportation.

Maghreb Emergent : Pourquoi, selon vous, les objectifs tracés n’ont pas été atteints ?

Ali Bey Nasri : D’abord, il faut une volonté politique au plus haut niveau pour arriver à une intégration économique dynamique. L’absence d’une vision claire et d’une stratégie bien définie complique les choses davantage pour cette zone. A ces éléments s’ajoutent l’indiscipline et l’absence des mécanismes contraignants qui obligent les pays membres à honorer leurs engagements. L’UE européenne est dotée d’institutions qui mettent de l’ordre et qui obligent les pays membres à respecter leurs engagements. Ces mécanismes peuvent même prononcer des sanctions. La GZALE n’est, malheureusement, pas arrivé à ce niveau. Ses mécanismes de régulation et de planification manquent d’efficacité. Nous avons également un autre problème lié à la nature des économies des pays membres.

Maghreb Emergent : Que voulez-vous dire par la nature des économies des pays membres ?

Ali Bey Nasri : Le tissu industriel des pays membres de la GZALE est aussi un handicap pour le développement de la région. A l’exception de l’Egypte, les autres pays n’ont pas assez de produits à exporter dans la zone, à part les hydrocarbures. Autrement dit, nous n’avons pas de produits à échanger entre nous.

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