Des organes de presse sortant le contenu de son contexte ont versé dans la supputation. Il n’a jamais été question ni de la part de l’Union européenne ni des USA d’attendre le départ du président Bouteflika pour intensifier la coopération économique avec l’Algérie.
Le souhait, face à la chute du cours des hydrocarbures de longue durée, est un changement de la politique du gouvernement qui devra accélérer les réformes afin d’éviter la déstabilisation de l’Algérie et par là de la région ce que personne ne souhaite. Cela m’a été confirmé lors de ma conférence à l’invitation du parlement européen et récemment par des responsables de l’Union européenne. L’action de l’ANP et des forces de sécurité contre le terrorisme est fortement saluée par la communauté internationale, mais les dépenses militaires ont une limite pour l’Algérie, devant à terme mutualiser les dépenses par une entente régionale. Et en cas de récession économique du Maghreb avec la forte pression démographique c’est tout le Maghreb qui risque la déstabilisation et par ricochet le l’Afrique et l’Europe. L’objet de cette présente contribution concernant les relations sécuritaires et économiques de l’Algérie avec l’Union européenne, est de contribuer à un débat objectif
1.-Part de l’union européenne dans le bilan du commerce extérieur de l’Algérie 2015/premier semestre 2016
1.1-Selon les statistiques officielles du gouvernement pour 2015, les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des exportations de l’Algérie avec une part de 94,54% du volume global des exportations, et une diminution de 40,76% par rapport à l’année 2014. Les exportations « hors hydrocarbures restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l’équivalent de 2,06 milliards de Dollars US, ayant enregistré une diminution de 20,1% par rapport à l’année 2014. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures sont constitués essentiellement par des demi-produits qui représentent une part de 4,48% du volume global des exportations soit l’équivalent de 1,69 milliard de Dollars US, des biens alimentaires avec une part de 0,62% , soit 234 millions de Dollars US, des produits bruts avec une part de 0,28%, soit en valeur absolue de 106 millions de Dollars US et enfin des biens d’équipements industriels et des biens de consommation non alimentaires avec les parts respectives de 0,05% et 0,03%. En ce qui concerne la répartition par régions économiques au cours de l’année 2015, les échanges extérieurs restent toujours polarisés sur les partenaires traditionnels. Les pays de L’OCDE occupent 63,49% de des importations et 82,64% des exportations. Les pays de l’Union Européenne sont les principaux partenaires de l’Algérie, avec les proportions respectives de 49,21% des importations et de 68,28% des exportations. Par rapport à l’année 2014, les importations en provenance de l’UE ont enregistré une baisse de 14,62% passant de 29,68 milliards de Dollars US en 2014 à 25,34 milliards de Dollars US en 2015 et pour les exportations de l’Algérie vers ces pays, ont aussi diminué de 14,58 millions de Dollars US, soit 36,1 %. A l’intérieur de cette région économique, on peut relever que le principal client de l’Algérie est l’Espagne avec plus de 17,4% des ventes à l’étranger, suivi par l’Italie de 16,32% et la France de 13,02%. Pour les principaux fournisseurs, la France occupe le premier rang des pays de L’UE avec 10,52%, suivie par l’Italie et l’Espagne avec une proportion de 9,37% et de 7,64% du total des importations de l’Algérie au courant de l’année 2015.
1.2-Durant le premier semestre 2016, nous avons un volume global des importations de 23,51 milliards de dollars US, soit une baisse de près de 14,34% par rapport aux résultats du premier semestre 2015 selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS). Le volume global des exportations est de 12,68 milliards de dollars US, en diminution de 33,02%, par rapport aux résultats du premier semestre 2015. Cela s’est traduit, par un déficit de la balance commerciale au premier semestre 2016 de l’ordre de 10,83 milliards de dollars US, donnant un taux de couverture des importations par les exportations de 54%, contre 69% pour la même période de l’année 2015. Quant à l’exportation, les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel de des ventes à l’étranger, durant le premier semestre 2016, avec une part de 93,55% du volume global des exportations, et une baisse de 33,62% par rapport à la même période 2015. S’agissant des exportations hors hydrocarbures, elles demeurent toujours marginales, avec seulement 6,45% du volume global des exportations, soit une valeur de 818 millions de dollars US ayant enregistré une baisse de 22,83% par rapport au premier semestre 2015. Les principaux produits hors hydrocarbures exportés sont constitués essentiellement par le groupe «demi-produits» qui représente une part de 4,92% du volume global des exportations, soit l’équivalent de 624 millions de dollars US. Le groupe «biens alimentaires» vient en seconde position, avec une part de 1,02%, soit 129 millions de dollars US, suivi par le groupe «produits bruts», avec la part de 0,27%, soit en valeur absolue de 34 millions de dollars US, et enfin les groupes «biens d’équipement industriels» et «biens de consommations non alimentaires», avec les parts respectives de 0,17% et 0,07%. Par répartition en régions économiques, le les pays de l’OCDE sont les plus importants et plus particulièrement avec les pays de l’Union européenne. Les pays de l’Union Européenne restent toujours les principaux partenaires de l’Algérie durant ce premier semestre 2016, avec les proportions respectives de 48,67% des importations et de 60,23% des exportations. Par rapport au premier semestre 2015, les importations en provenance de l’UE ont enregistré une baisse de l’ordre de 15,10% passant de 13,48 milliards de dollars US au premier semestre 2015 à 11,44 milliards de dollars US pour la même période 2016. De même, les exportations de l’Algérie vers ces pays ont enregistré une diminution de 4,75 milliards de dollars US, soit plus de 38%. À l’intérieur de cette région économique, le principal client est l’Italie qui absorbe près de 20% de nos ventes à l’étranger, suivi par l’Espagne de 14,07% et la France de 11,22%. Pour les principaux fournisseurs, la France occupe le premier rang avec une part de 11,42%, suivie par l’Italie et par l’Espagne avec les proportions respectives de 10,23% et 7,92% dans les importations de l’Algérie. Quant à la répartition de importations par mode de financement, le document a souligné que les importations réalisées au cours du premier semestre 2016 ont été financées par cash à raison de 57,94%, soit près 13,62 milliards de dollars US, enregistrant, ainsi, une baisse de 16,78% par rapport au premier semestre 2015. Les lignes de crédits ont financé 37,93% du volume global des importations, soit une baisse de 13,7%. Le reste des importations est réalisé par le recours aux comptes de devises propres et aux autres transferts financiers, à raison de près de 4,14%, soit en valeur absolue de 972 millions de dollars US
2.– Que penser de l’analyse du média américain Politico 18/08/2016 sur les relations Algérie/UE?
2.1-Selon le média américain POLITICO, citant une source anonyme au sein de l’Union européenne (UE), Bruxelles s’engagerait à aider l’Algérie pour lutter contre l’immigration qui touche le continent européen, à diversifier son économie, à assurer un soutien financier et tenterait de mettre au point un plan d’investissement en Algérie en échange d’une ouverture économique du pays dans le secteur de l’énergie en contrepartie d’une sécurité d’approvisionnement en gaz de la part d’Alger et une aide pour lutter contre l’immigration qui touche le continent européen. Selon les responsables européens cités dans l’article, l’Algérie dispose de deux choix seulement : développer sa production de gaz et devenir «la Norvège du Sud» pour l’UE, ou laisser son industrie gazière décliner encore pour être, en raison de la croissance de sa demande interne, un importateur net de ce produit. Mais l’Europe (idem pour els USA) reste très critique envers la règle des 51/49% qui donne l’avantage à Sonatrach et à l’Algérie sur tous les gisements exploités, la législation algérienne étant jugée «la pire de toute la région». Selon cette même source, le gouvernement algérien actuel, privilégiant non le terrain mais des lois ( vision juridique bureaucratique ) alors qu’il s ‘agit de s’attaquer aux dysfonctionnements du corps social a engagé de timides réformes structurelles, devant développer sa production d’énergies renouvelables pour faire face à la demande interne et diversifier son économie pour sortir de la rente pétrolière, s’il veut éviter à terme de vives tensions sociales. Geoff Porter, le président de ‘Afrique du Nord Risk Consulting, Inc’, une société de risque politique spécialisée exclusivement en Afrique du Nord s’est montré optimiste sur le changement de la politique et de la mentalité en Algérie.
Pour l’Algérie, ce sont des «supputations subjectives et incongrues» rappelant que «la relation durable et structurante qu’entretient l’Algérie avec l’Union européenne dans le domaine de l’énergie est de nature éminemment stratégique et se place assurément au-dessus des supputations subjectives e puisées auprès d’une source européenne, réputée proche du dossier. L’Algérie «négocie au mieux» ses contrats gaziers avec ses partenaires européens avec qui les relations sont marquées par une «profondeur et une régularité». .Rappelons qu’en mai 2016 le Commissaire européen en charge de l’action pour le climat et l’énergie, Miguel Arias Canete, affirmait déjà que l’Algérie constitue un partenaire fiable pour l’UE, dans le domaine énergétique. Il s’agit, notamment, avait-t-il précisé, du domaine gazier où les deux parties veulent accroître les investissements, en amont, pour que l’«Algérie gagne sa position parmi les principaux fournisseurs de l’Europe».
En matière d’énergies renouvelables, l’UE a annoncé son soutien aux mesures prises par l’Algérie, en matière d’efficacité énergétique. Lors de la dernière réunion union européenne /Algérie sur l’énergie ,il ya quelques mois,, les experts de l’union européenne avait déjà fait savoir à l’Algérie qu’aussitôt les contrats fixes à long terme qu’ en majorité expirent entre 2018/2019, l’Algérie comme le fait déjà la Russie (accord de Berlin) pour une partie de ses explorations en gaz de s’aligner sur le marché libre dit spot . Aussi lors de la réunion d’Alger , il avait été mis en relief de la nécessité de s’orienter vers une efficacité énergétique (économies de 20/30) vers un Mix énergétique local encourageant les énergies renouvelables et revoir la politique des subventions généralisées source de gaspillage et d’injustice sociale, la différence pouvant servir à l’exportation. Comme avait été mis en relief que l’actuelle loi des hydrocarbures avec des litiges internationaux en cascade pour Sonatrach (toute loi mais rétroactive) élaboré dans un contexte particulier de 100 dollars du prix du pétrole devait être assoupli notamment au niveau des taxes afin d’encourager tant l’investissement privé national qu’international surtout pour les gisements marginaux posant d’ailleurs la problématique de la règle de49/51% généralisable aux canalisations et à tout l’aval, pouvant s’appliquer qu’aux grands gisements. Cela concerne les autres secteurs concurrentiels devant définir clairement ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, selon, le nouveau code d’investissement et les mines avec un cout d’investissement élevé , dont le profit net est très faible , contrairement aux supputations utopiques de l’actuel ministre de l’industrie, ayant d’impacts sans la réforme globale qui conditionne l’amélioration du climat des affaires.
2.2- Mais selon la lecture d’experts internationaux, le message le plus important n’est pas lié à l’énergie, mais en politique devant toujours faire une seconde lecture, concerne les enjeux géostratégiques de la région et notamment son aspect sécuritaire. En effet sans réformes structurelles, pas de relance économique effective, ce qui pourrait entrainer de vives tensions sociales (voir les derniers rapports de la DGSN et de la gendarmerie nationale qui inquiétants) qui avec la baisse du cours des hydrocarbures pourrait déstabiliser toute la région avec une immigration algérienne massive vers l’Europe . Ce qui explique le souhait d’un investissement massif hors hydrocarbures lié justement aux réformes de la part de l‘union européenne (voyant ses propres intérêts) mais également des Etats Unis d’Amérique. Car c’est une erreur stratégique, en ce XXIème siècle, d’opposer USA/Europe concernant l’Algérie et d’une manière générale l’Afrique du Nord. Il existe, certes, des divergences tactiques mais non stratégiques. L’Algérie, pour les grandes puissances, est un grand pays dont les Algériens n’en mesurent pas toujours l’importance, et qui doit jouer à l’avenir le rôle de pays pivot au niveau de la région méditerranéenne et africaine, la puissance militaire d’une Nation se mesurant à sa puissance économique. Pour cela il faudra plus de moralité des responsables, accélérer les réformes micro-économiques et institutionnelles, réorienter la politique socio-économique tenant compte des nouvelles mutations énergétiques, économiques, politiques et militaires mondiales. Aussi, ces différentes analyses, banque mondiale, FMI, Union Européenne, ne nous apprend pas grand chose, et ont fait l’objet d’analyses et de recommandations de bon nombre d’experts algériens (voir nos différentes contributions 2010/2016-(www.maghrebemergent.com), pour attirer l’attention du gouvernent algérien sur la nécessité d’accélérer les réformes structurelles, condition sine qua non pour une économie diversifiée notamment :
-par une lutte effective contre la bureaucratisation et la corruption-
-par la réforme du système financier, lieu de distribution de la rente et poumon, des réformes
-la réforme du système socio-éducatif collant à l’environnement dont le niveau s’est nettement dégradé malgré une dépense monétaire dans précédent ( voir le dernier classement de Schangai 2016 où l’Algérie ne figure pas )
-la réforme du marché du travail conciliant flexibilisé et sécurité
– lever la contrainte du foncier par un marché libre du foncier
3.-Conclusion : les réformes dépendent avant tout des Algériens
Fini la démagogie, au vu des analyses précédentes du gouvernement algérien lui même, même si l’Europe ouvrait ses frontières, qu’exporterait l’Algérie en dehors des hydrocarbures ? Mais l’Europe doit éviter cette vision mercantile et aider par un partenariat gagnant /gagnant l’Algérie à asseoir une économie productive afin d’avoir une croissance économique soutenue et stabiliser le corps social comme prévu dans l’Accord d’association ce qui suppose une révision de l’Accord dans ce sens, mais selon mes informations, n’étant nullement question de remettre en cause l’architecture globale. Mais les réformes ne dépendent pas de l’union européenne mais des algériens avant tout ce qui suppose une nette volonté politique de libéralisation maîtrisée avec un rôle stratégique de l’Etat régulateur qui devra concilier les coûts sociaux et les cous privés. Aussi , l’on devra éviter des polémiques stériles comme celles récentes entre la banque d’Algérie et la banque mondiale, dont l’analyse ne s’dressait pas spécifiquement à l’Algérie, concernant un rapport global sur la région MENA et dont la réponse de la BA, institution stratégique dont la fonction essentielle est la gestion de la monnaie, qu’il s‘agit de préserver des aléas de la conjoncture et de toute polémique , est inappropriée, la consolidation, budgétaire et la réponse, si réponse il y a comme dans tous les pays du monde, relevant du Ministère des Finances (voir nos contributions en arabe anglais–français www.google.com- aout 2016). En effet, une lecture attentive du média américain Politico montre qu’il n’ a jamais été question pour les américains ou les européens d’envisager une étroite coopération économique après le départ du président Bouteflika(1) .Cela m’a été confirmé par des experts de l’Union européenne lors de ma conférence à l’invitation du parlement européen à Bruxelles et récemment par des experts de l’Union européenne. En réalité il s’agit d’un partenariat gagnant/gagnant, garant de la stabilité de l’Algérie et de la région, passant par un changement de la politique du gouvernement qui devra accélérer les réformes, supposant une cohérence et visibilité dans sa démarché, devant éviter les déclarations contradictoires entre ministres, une vision stratégique politique, sécuritaire et économique tenant compte du nouveau monde et un minimum de consensus social. C’est que la lutte contre le terrorisme de l’ANP et des forces de sécurité est fortement salué par la communauté internationale, mais les dépenses militaires ont une limite pour l’Algérie ne devant pas freiner le développement qui accroîtrait l’insécurité, nous retrouvant dans un cercle infernal existant des liens dialectiques sécurité/développement, devant à terme mutualiser les dépenses par une entente régionale. Et en cas de récession économique du Maghreb avec la forte pression démographique c’est tout le Maghreb qui risque la déstabilisation et par ricochet le l’Afrique et l’Europe. [email protected]
-(1) (Voir notre interview exclusive à la télévision Dzair New ‘s- 20/08/2016, au sujet de l’analyse du média américain Politico en date du 18/08/2016 sur les relations Algérie/UE).
(*) Professeur des Universités, expert international