L’article 112 du projet de loi de fiances 2021 inquiète au plus haut point le Cercle d’action et de réflexion sur l’entreprise (Care) qui met en garde contre l’obligation faite aux entreprises de payer leurs intrants importés à crédit. Une contrainte que formule le dit article, soit l’article 112 mentionné dans l’esquisse de la Loi de finances 2021.
Cette disposition consiste à contraindre les entreprises à importer leurs intrants à crédit en devises « dans un contexte de dévaluation du dinar qui s’annonce inéluctable. »
Aussi, Care émet ses réserves quant à l’application future de cet article. « Notre pays avait déjà eu à adopter la même mesure en 1994. Des entreprises avaient alors été contraintes d’importer leurs intrants à crédit. Notamment avec l’emprunt Beregovoy, alors qu’elles souhaitaient payer leurs achats en devises sans recours à un quelconque crédit. » Rappelle Care qui ajoute « On leur a fait subir, contre leur volonté, un risque de change. Lorsque advint la dévaluation, elles se sont retrouvées avec des dettes quasiment doublées. »
Fort de cet argument, Care s’érige franchement contre le recours à un tel procédé qui risque d’être fatal pour les entreprises algériennes, d’autant que l’expérience montre que « beaucoup d’entreprises productrices de l’époque n’y ont pas survécu. Alors que d’autres entreprises sont restées avec des bilans plombés de dettes gonflées d’agios et intérêts de retards qu’elles subissent encore, 26 années plus tard. »
Care appelle instamment à ne pas répéter les erreurs du passé, surtout que l’effet boomerang de pareil emprunt sera catastrophique pour les entreprises algériennes. « Cet emprunt extérieur qui ne dit pas son nom coûterait beaucoup plus cher qu’un simple emprunt extérieur souverain. » Indique en effet Care qui signale que l’article 112 de l’avant projet de loi de finances 2021 s’il venait à être appliqué faussera les règles du jeu économique.
Cet article qui ne s’applique pas aux produits dits stratégiques ferait le lit de tous les dépassements, avertit Care. La notion de produits stratégique est floue et laisserait des marges d’interprétation étendues aux administrations. Elle exposerait inévitablement aux risques de passe droits et de favoritisme que les autorités dénoncent fortement, désormais, prévient Care.