Pour son troisième numéro de saison, le talk-show de Radio M « Café Presse » s’intéresse au devenir de l’Etat. La paralysie qui touche toutes les sphères de décision inquiète. Et les premiers signaux viennent de l’étranger.
L’assassinat du touriste français Hervé Gourdel par un groupe terroriste en Kabylie la semaine dernière, a amené la presse française à s’intéresser encore une fois à l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika. Le président français, François Hollande, a révélé que Bouteflika -que l’on sait déjà malade- est très affaibli. C’est pourquoi il s’est entretenu au téléphone avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour s’enquérir de la question du rapt du touriste français Hervé Gourdel.
Les grands journaux français commencent déjà à réviser la note nécrologique du président. Mais, au Café Presse l’on s’interroge sur le devenir de l’Etat. Et l’évènement de la semaine, la désaffection du domaine minier algérien par les majors pétroliers, est venu renforcer le doute -qui s’est installé depuis le forcing sur la 4e mandat du président- sur les capacités des tenants du pouvoir à prendre les bonnes décisions.
Le 4eme appel d’offres d’Alnaft qui a proposé 31 périmètres pour l’exploration des hydrocarbures a été un véritable « flop ». Et un revers pour la nouvelle stratégie énergétique du gouvernement qui repose sur les hydrocarbures non conventionnels qu’on a voulu nous vendre comme la panacée au déclin de la production pétrolière. Un signe que les investisseurs étrangers redoutent l’instabilité du cadre institutionnel. Ces derniers, attentifs aux moindres soubresauts de la vie politique, savent que la paralysie au sein de Sonatrach reflète celle de l’Etat et de ses appareils. Les étrangers attendent la succession pour voir clair. C’est la logique de « l’agenda biologique ».
La succession encore et toujours
Il a été aussi question de la succession à Bouteflika cette semaine. L’opposition coalisée a évoqué une situation de vacance de pouvoir et appelle à l’application de l’article 88 de la Constitution. Les locataires du CPP s’interrogent sur le comment de sa mise en pratique. En appeler à l’Armée pour amorcer une rupture qui sera peut-être brutale ou amorcer consensus autour du changement ? Les avis divergent, mais s’accordent sur le rôle central de l’Armée.
Le cercle de l’opposition coalisée a accentué sa charge sur le président. En plus du discours habituel sur la vacance du pouvoir, il rappelle l’échec de « sa » réconciliation nationale et la fraude « à grande échelle » lors du scrutin précédent. Trop peu pour créer la dynamique nécessaire pour lui forcer la main. Il faut une « nuisance » dans les couches populaires pour changer le rapport de force. Et l’Armée sera l’arbitre.
Mais, « en cas de confrontation, c’est les islamistes ou un pouvoir militaire ou une alliance des deux ». C’est pourquoi Mouloud Hamrouche prend de plus en plus ses distances du cercle de l’opposition coalisée. L’ancien chef du gouvernement prône, lui, un dialogue « crédible », un « consensus national » impliquant tous les acteurs (où l’Armée jouera un rôle central) pour amorcer un « changement calme et constructif ». Et ce sera, peut-être, lui qui apportera sa « crédibilité » pour ce dialogue.
Extraits vidéos : http://bit.ly/1ujDzWl
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