Au Café Presse Politique (CPP), le talk-show politique de Radio M, on a moins parlé jeudi 12 novembre 2015 de Bouteflika que de ses nombreux proches amis en Algérie qui ne le voient plus depuis un certain temps et qui veulent aller, à El Mouradia, vérifier qu’il gouverne bien le pays.
On a aussi parlé de son ami Chakib Khelil qui coule des jours tranquilles aux Etats-Unis et qui serait, selon Amar Saadani, une bénédiction pour le pays, gâchée par un « complot ourdi » du DRS.
Il a été également question des ministres de Bouteflika : Bakhti Belaïb qui a lancé, sans en avoir l’air, « l’affaire des 26 milliards » version 2015 et, à un degré moindre, du bilan chiffré de l’échec de l’opération « attirons l’argent gris vers les banques » lancée par Abderrahmane Benkhalfa.
« On ne prête qu’aux proches »
Les 19 qui étaient devenus 16 au moment de la tenue du CPP ont pris une place importante dans l’émission. « On ne prête qu’aux proches », pourrait-on dire. « Les gens du 4ème mandat qui découvrent ce qu’est le 4ème mandat », a noté d’emblée Abed Charef.
C’est en effet la proximité des signataires les plus en vue de la « demande d’audience » avec le président qui lui donne son impact et qui provoque des bouffées de chaleur dans le sérail. Ces signataires, note Rabah Abdallah, sont « quelque part complices de la situation qu’ils dénoncent » et cela constitue une « alerte » sur la gravité de la situation.
« Pourquoi Khalida Toumi a-t-elle décidé de donner un coup de poignard dans le dos de Bouteflika » s’est demandé Abed Charef en relevant que la démarche confirme l’idée répandue sur l’incapacité du président. « Derrière un discours d’amitié et de respect au président, on nous dit qu’il n’est pas apte. Pourquoi le font-ils? C’est la question ».
Quelqu’un derrière ?
Akram Kharief pense qu’il y a quelqu’un derrière l’initiative de ces personnalités que rien n’assemble réellement. Même son de cloche de la part de Rabah Abdallah qui estime que ces signataires ont été convaincus par « une même source » sur la gravité de la situation. Ihsane El kadi refuse l’idée qu’il juge « surannée » qu’il y aurait « quelqu’un derrière » mais voit dans ce qui se passe une « accélération du délitement » du système avec un DRS qui fait « la grève du management du champ politique » donnant ainsi plus d’autonomie au champ politique avec une reprise de l’initiative qui s’étend au camp présidentiel.
Saïd Djaafer note qu’il n’est jamais « trop tard » pour se réveiller mais reproche au G19-3 de ne pas assumer qu’ils ont « fait un acte politique » et que de ce point de vue ils doivent accepter que cela fait partie du débat public et qu’ils puissent être questionnés sur leur objectif.
Ihsane El Kadi y voit une autre « affaire Benhadid » avec d’autres arguments et cela révèle une inquiétude qui s’élargit autour de la question « qui gouverne », avec comme marqueur de la nouvelle situation, le départ du général Toufik. El Kadi Ihsane et Saïd Djaafer relèvent que l’argument du droit de préemption avancé par le groupe des 19-3 est inconsistant.
Abed Charef note que l’initiative est révélatrice d’une situation de vide où un fait « banal » devient un fait « majeur »: « On est devant un groupe informel qui demande une rencontre informelle avec le président pour vérifier que des groupes informels ne se sont pas accaparés les pouvoir du président ».
« Quelque part on s’est dit que le 4ème mandat a trop duré »
Saïd Djaafer note que ces proches du chef du l’Etat évoquent implicitement une incapacité possible à un moment où l’on affirme que Bouteflika dispose de la plénitude du pouvoir, les 4/4. « Quelque part on s’est dit que le 4ème mandat a trop duré. On est en plein dans cette logique », suggère Abed Charef. La question de la « régence de fait » est posée, relève Saïd Djaafer.
Saïd Bouteflika est celui qui est le plus « déstabilisé » par l’initiative et il ne peut être que sur la « défensive ». Rabah Abdallah risque l’idée, très sophistiquée, que ce serait Saïd Bouteflika qui aurait suscité l’initiative. Sceptique, Saïd Djaafer, note que la situation est telle que tous les scénarios sont théoriquement envisageables.
La seconde partie du CPP a abordé la bombe des « 30% » lancée par Bakhti Belaïb, le ministre du commerce et le bilan peu reluisant de l’opération collecte de « l’argent gris » menée par le ministre des finances Abderrahmane Benkhalfa. Il a été également question de l’ami « lointain » de Bouteflika, l’ancien ministre de l’énergie Chakib Khelil. Les appréciations dithyrambiques qui ont été faites par Amar Saadani à l’égard d’un ministre sur qui pèsent de forts soupçons de corruption ont été décryptées. L’une des explications est que M.Amar Saadani ne se rend pas compte que pour Bouteflika et les siens, Khelil c’est de l’histoire ancienne.
N’est pas « proche » du château qui veut…
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