En quinze ans de règne, le Président Bouteflika a tout fait pour affaiblir l’armée. Mais la « mutinerie » des policiers et la dérive qu’a connue les événements de Ghardaïa ont fait bouger les rapports de force. L’armée et le général Gaid Salah, son homme-fort du moment reviennent en force.
Le clan présidentiel croyait pourvoir se débarrasser de son vieillissant chef d’état-major, qu’il a pris le soin d’écarter en douce après la validation du 4e mandat de Bouteflika. Mais en faisant appel à l’armée pour superviser le retour à l’ordre et l’apaisement des tensions intercommunautaires à Ghardaïa, Bouteflika a contribué à la renforcer de nouveau ! Avec un DRS qui fait « pchit » et un général Hamel tétanisé par la protesta de « ses » policiers, c’est Ahmed Gaid Salah qui se replace dans le dispositif du clan présidentiel et s’impose, pour l’heure, en homme fort. Au Café Presse Politique (CPP) de Radio M de ce jeudi, El Kadi Ihsane est convaincu que « si Gaïd Salah avait 20 ans de moins que son âge actuel, il se serait imposé comme successeur au Président Bouteflika ».
Le régime aura besoin de « sa » police en 2015
Autour de la table du talk show de Radio M, les conséquences de la protesta policière ont dominé les échanges, souvent contradictoires entre les cinq journalistes animateurs. Certains considèrent que les mesures de radiation contre les principales figures de la contestation ne devraient pas tarder, après que le gouvernement ait évacué les revendications centrales du mouvement, à savoir la syndicalisation de la police et le départ de son patron, le général Hamel. Mais pas dans l’immédiat : « Cela se fera dans le temps, avec des méthodes de police ».
Abdelkrim Ghezali ne partage pas ce point de vue. Pour lui, 2015 sera une année de crise terrible pour l’Algérie et le pouvoir aura besoin des policiers pour réprimer les mouvements de contestation sociales qui s’annoncent. Le régime ne pourra pas répondre à toutes les demandes sociales, face au recul de la rente tirée des hydrocarbures.
Adlène Meddi abonde dans le même sens pour alerter sur le danger pour le pays, du rapport « monétique » qui se met en place entre le pouvoir et le corps de la Police. Un rapport d’intérêts qui, pour le pouvoir, consiste à dire aux policiers : « dispersez bien les manifestations et je vous augmente vos salaire. » « Cela est très grave et très dangereux, la police n’est plus le garant de la sécurité du citoyen mais plutôt celle du régime,» s’inquiète le rédacteur en chef d’El Watan Week End.
Extraits vidéo : http://bit.ly/1DIHWgM
L’intégralité du talk-show est accessible sur le lien suivant :