Le café presse politique de cette semaine a potassé son sujet essentiel, l’introspection du pouvoir politique algérien. Pas besoin de plus pour obtenir de belles empoignades dans le style du talk vedette de RadioM.
Le président Bouteflika est-il entrain de reprendre personnellement la conduite des affaires politiques en main ? C’est la question à laquelle s’est attelé de répondre le Café Presse Politique de cette semaine en essayant d’assembler les éléments du puzzle politique de ces dernières semaines : éviction spectaculaire de Amar Saidani de la tête du FLN, arrivée de Djamed Ould Abbas à sa place pour faire le ménage, séjour énigmatique du président à l’hôpital d’Alembert de Grenoble où il est question d’une implantologie pour améliorer ses performances, et article bien informé sur Jeune Afrique qui évoque une rencontre de trois heures entre Abdelaziz Bouteflika et le général à la retraite Mohamed Mediene à la demande du premier. Pour Abed Charef, la plupart de ces faits ne sont pas avérés et donc ne peuvent pas servir de base sûre d’analyse. Il n’en reste pas moins qu’à bien y regarder, ils peuvent correspondre, s’ils étaient vérifiés, à la mise en place d’un dispositif pour le 5e mandat présidentiel en avril 2009, un thème fétiche pour le journaliste free lance et auteur. La polémique, inévitable dans un CPP qui se respecte, a vite tourné autour du décryptage de la rencontre rapportée par Farid Alilat (Jeune Afrique) entre le président et son ancien patron des services : « faut il l’interpréter comme l’annonce d’un imminent retour de Toufik aux responsabilités ? » demande Khaled Drareni animateur du talk de journalistes . Kamel Mansari ne l’entend pas de cette oreille et considère que les clivages de clans auquel « on fait trop souvent référence » est exagéré. Notamment celui, devenu « régionalistes aux derniers dires », entre un groupe de l’ouest proche du président et un axe El Oued- Annaba de l’est.
Nouvel agenda ou nouveau faux suspens ?
Pour El Kadi Ihsane l’agenda du président de la république a clairement changé depuis la rentrée. « En 2013-2014 il fallait affaiblir le général Toufik pour installer le 4e mandat et un nouveau rapport de force. Bouteflika s’est appuyé pour cela sur le général Gaid Salah et sur le SG du FLN, Amar Saidani. Aujourd’hui le clan de Bouteflika se réveille devant un risque de voir ce groupe fait de politiques, d’hommes d’affaires, et soutenu par le patron de l’armée, devenir trop important ». Le nouvel agenda du président Bouteflika est donc de réduire l’influence de ce groupe. Cela a commencé par le maillon faible Amar Saidani, mais cela peut se poursuivre jusqu’à la mise en retraite du chef d’Etat Major. « C’est en cela qu’une concertation avec le général Toufik a tout son sens ». Elle ne signifie par pour autant un retour aux affaires de l’ancien patron du DRS. Juste la tentative de « construire un nouvel équilibre » politique au sein du pouvoir. Un scénario qui ne convient pas à Abed Charef, qui pense que, comme les généraux Lamari et Toufik par le passé, le général Gaid Salah aujourd’hui ne représente aucune menace d’être un opposant sérieux au président de la république « cela sert à entretenir l’illusion d’un suspens politique et électoral » a t-il conclu.
L’assemblage du puzzle politique de la semaine s’est donc terminé par un éparpillement des pièces. Bouteflika déploie t-il un nouvel agenda ? Pourquoi ? Contre qui ? La suite sans doute dans les prochaines semaines tant le calendrier politique paraît prompt à l’emballement.
L’Arabie Saoudite un gros malentendu ?
Moins spéculative, la deuxième partie du CPP a suscité autant de discorde que la première. « Mais que cherche donc l’Algérie auprès de l’Arabie Saoudite ? » De l’argent selon Abed Charef, pour qui les saoudiens sont financièrement à l’abri du besoin. Plus complexe, rétorque Kamel Mansari pour qui le Royaume, qu’il connaît bien pour y avoir vécu quatre années, souffre sérieusement de la baisse de ses revenus budgétaires et recherche de vraies opportunités de partenariat économiques pour se diversifier. L’Algérie est face à la même problématique. Donc la convergence a du sens. En dépit de tout ce qui fâche entre les deux capitales, notamment le refus d’Alger de se laisser enrôler dans la coalition anti-houtis au Yemen. L’occasion pour Kamel Mansari de rappeler qu’il existe dans la famille royale saoudienne des partisans de l’Algérie révolutionnaire, et qu’un axe d’affaires Alger Riad est tout à fait possible après les années des rendez vous manqués. Le contre choc pétrolier n’a pas que du mauvais. En particulier depuis que les Saoudiens n’arrive plus à en programmer la fin.
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