La révision de la Constitution adoptée, que va faire le président de la République Abdelaziz Bouteflika ? Plusieurs scénarios ont été évoqués par les journalistes en première partie du Café presse politique (CPP) de ce jeudi 11 février consacré au rapport de Bouteflika à la Constitution.
Farid Allilat, journaliste au magazine Jeune Afrique, a évoqué le « storytelling » d’un président « en train de préparer son départ ». « La révision de la Constitution est son dernier chantier, celui qui achève sa mission », a expliqué le journaliste au CPP de la webradio Radio M avant d’énumérer tous les autres chantiers accomplis. »C’est le moment de céder la place à la nouvelle génération, d’autant que la situation va devenir très difficile à gérer « , a-t-il souligné.
Un « scénario rose pour des années dures » a ironisé, dubitatif, Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie. Un scepticisme partagé par Abed Charef, journaliste politique, qui estime que le « scénario d’un Bouteflika partant n’est pas envisageable maintenant… Bouteflika aurait pu partir en 2008, à la fin de son second mandat, mais maintenant, il ne partira jamais. Ce qui l’intéresse est de mourir au pouvoir ».
Une opinion partagée par Ihsane Elkadi, directeur d’Interface Médias, qui souligne que « quitter le pouvoir aujourd’hui est devenu extrêmement difficile. » « Bouteflika a choisi de se passer de ce recours qu’était la Constitution, il l’a livrée. Et après que fait-on? », a-t-il déclaré. Précisant: « Avant, le pouvoir distribuait de la rente, aujourd’hui, il distribue des droits car il n’a plus les moyens ».
Pour Saïd Djaafer, « il ne se passera rien ». Car, « il n’y a aucun changement. » « Les élections et la révision de la Constitution sont normalement des moments très importants au niveau politique pour indiquer un cap, engager des réformes, etc. Mais là, il n’en sort rien », a-t-il indiqué.
L’axe Alger-Paris
En seconde partie d’émission, les journalistes rejoints par le photographe de presse, Zinedine Zebar et la rédactrice en chef d’El Watan week-end, Mélanie Matarèse, sont revenus sur les relations France-Algérie marquées par les récentes visites d’Alain Juppé, candidat aux primaires républicaines de 2017 et d’Anne Hidalgo, maire de Paris.
La folklorisation de l’accueil des personnalités avec le défilé de femmes en haïk a été unanimement critiquée. « Grinçant, gnangnan, de mauvais goût », ont jugé les journalistes du CPP. « Je trouve scandaleux les femmes en haïk pour Alain Juppé. Ça nous rappelle De Gaulle quand il venait à Alger! » s’est indigné Hacen Ouali, journaliste à El Watan.
« On essaye de copier le modèle marocain mais c’est raté », a commenté Saïd Djaafer avant de regretter que l’Etat algérien ne sache plus faire « ce qu’il faisait bien dans les années 70, accueillir correctement à l’algérienne. »
Quant aux intérêts de ces visites, Mélanie Matarèse a relevé que l’électorat des Algériens de France pèse dans la balance présidentielle, soulignant qu’en 2012 « cet électorat a massivement voté pour François Hollande. » « Juppé est venu dire quel candidat il sera », a de son côté remarqué Ihsane ElKadi. « Il est venu rassurer les Algériens… Mais qu’obtient Alger en retour ? » s’interroge-t-il. Il observe que du côté de Paris, « on sait ce que l’on veut d’Alger » mais que l’on est bien en peine de savoir ce que veut Alger de Paris.
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