Pendant que les réserves financières de l’Etat s’amenuisent à vitesse grand V, les récentes enquêtes sur les comptes off-shore des Algérien(ne)s révèlent l’ampleur des montants détournés et de la corruption. En première ligne de ces scandales, l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, auquel le Café presse politique (CPP) de Radio M du jeudi 12 mai a consacré une grande partie de l’émission.
« Les preuves étaient au tribunal d’Alger mais elles étaient verrouillés », a d’emblée rappelé Ihsane El Kadi, directeur de l’agence Interface Média, éditrice du site d’information Maghreb Emergent. « Les Panama Papers mais aussi les sites électroniques Algérie Patriotique et Maghreb Emergent apportent des éléments sur le fait que les commissions de Saïpem ont directement financé les comptes des Khelil », a poursuivi le journaliste qui a expliqué le complexe montage financier ayant permis le détournement de 34,3 millions de dollars de commissions Saïpem dans son article « Comme l’ex-DRS compte renvoyer Chakib Khelil a son statut de prévenu ».
« Il est clair que le nom de Chakib Khelil est devenu synonyme d’escroc en Algérie », a ajouté Hassan Haddouche, journaliste spécialiste en économie, qui s’interroge au-delà de ce constat sur « la connaissance des mécanismes de corruption en Algérie ». « Ça fait 7 ou 8 ans que l’on parle de l’affaire Khelil et Sonatrach, a-t-on pour autant progressé dans les mécanismes de compréhension de la corruption chez nous », a questionné le journaliste.
« Le problème, c’est que tout bloque au niveau de la justice », a soulevé Tarik Hafid, rédacteur en chef du site d’information Impact 24. « La justice n’existe pas, il faut l’enlever du vocabulaire », a renchéri Abed Charef, journaliste politique.
Interprétations
Mais que cache le retour de l’ancien ministre de l’Energie sur la scène publique ? A cette question posée par la présentatrice, Souhila Benali, en seconde partie d’émission, les réponses des journalistes du CPP divergent.
« Pour le clan présidentiel, Chekib Khelil est perçu comme un sauveur capable d’occuper soit : un poste de conseiller à la présidence, soit un poste de ministre, soit un poste à l’Opep », a commenté Abdou Semmar, rédacteur en chef du site d’information Algérie Focus.
« Un type accusé de corruption à un poste politique, c’est irrecevable ! », s’est exclamé Abed Charef. Un avis partagé par Hassan Haddouche qui a estimé que « l’hypothèse d’un Khelil qui reprend des responsabilités même comme conseiller est à exclure ». « Il est possible que la situation de Chakib Khelil à l’étranger soit devenue si précaire, qu’il recherche un sanctuaire juridique en Algérie », a avancé le journaliste.
Takachouf
Pendant que Chakib Khelil effectue sa tournée des zaouias, les recettes financières de l’Etat se réduisent comme peau de chagrin. « Le gouvernement n’a plus de prise sur les dépenses, il regarde et n’arrive pas à prendre les réformes », a analysé Abed Charef. « L’Algérie est un pays qui n’est plus gouverné ». « Il faut s’attendre à des augmentations et des ajustements importants dès la Loi de finances complémentaire » a commenté Tarik Hafid.
« En pleine crise économique, si les dirigeants algériens ne font aucune concession sur leur train de vie et ne montrent pas l’exemple, rien ne changera » a conclu Abdou Semmar.
Ecouter l’émission :
Vidéo: