Le coût humain des accidents de la route au Maghreb a été particulièrement élevé en 2013: 4.450 morts et 69.582 blessés en Algérie, 3.705 morts et 10.990 blessés au Maroc, 1.499 morts et 13.458 blessés en Tunisie. Leur coût économique annuel est également exorbitant dans ces trois pays : il est estimé à 1,25 milliard de dollars, 1,67 milliard et 407 millions respectivement.
Au Maghreb, c’est l’hécatombe sur les routes. En dépit de toutes les mesures de prévention, les routes d’Algérie, de Tunisie et du Maroc tuent des milliers de personnes par an.
En Algérie, le dernier Aïd el Fitr a été particulièrement meurtrier: 65 personnes ont trouvé la mort et 423 autres ont été blessées dans 183 accidents de la circulation enregistrés entre le 27 et le 29 juillet à travers 42 wilayas, indique un bilan de la Gendarmerie nationale. Selon la même source, 20 morts et 166 blessés ont été enregistrés le 27 juillet, 27 morts et 132 blessés le 28, et 18 morts et 125 blessés le 29 juillet.
Avec une moyenne annuelle de pertes financières estimées à 100 milliards de dinars, dont les 3/4 pour les assureurs, les accidents de la route sont en passe de devenir un fléau social. Les mesures de prévention prises ces dernières années – dont la limitation de vitesse, la surveillance radar et les retraits de permis – n’ont ni endigué ni ralenti ce »suicide » des automobilistes. L’Algérie est classée au 4eme rang des pays arabes qui enregistrent le plus de décès dus aux accidents de la route. En 2013, 4.450 personnes sont mortes dans des accidents de la route et 69.582 blessés, selon les statistiques du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR) relevant du ministère du Transport. Un autre bilan de la gendarmerie nationale fait, lui, état de 27.544 accidents de la route ayant provoqué la mort de 3.784 personnes et 49.120 blessés. En 2012, 4. 447 personnes sont mortes, avec seulement 151 décès de moins par rapport à l’année 2011, selon le CNSPR.
»Radars » inefficaces
L’installation sur les autoroutes de radars achetés à grands frais s’avère inopérante selon des experts. »Quelle efficacité, quelle effet ont ces radars sur la baisse des accidents de la route? Aucun, puisque le nombre ahurissant de retraits de permis à l’échelle nationale depuis au moins cinq ans n’a eu aucun effet. Rien, sinon que les accidents enregistrent une hausse aussi importante que la courbe des augmentations d’immatriculations de véhicules neufs », explique un expert proche des milieux des assureurs. Et pourtant, »la gendarmerie nationale s’entête à installer des radars sur les autoroutes, en prenant un soin particulier à les cacher aux automobilistes. Le retrait de permis n’a jamais, dans le cas de l’Algérie, été » suivi d’une baisse des sinistres ou de comportements civilisés des automobilistes », ajoute ce même expert.
Il faut dire que les routes algériennes sont de plus en plus encombrées et que ces dernières années, pendant que se durcissaient les sanctions des infractions au Code de la route, le parc automobile se gonflait à vue d’œil. A fin 2012, l’Algérie comptait 4,8 millions de véhicules, en hausse de 6% par rapport à 2011 et de plus de 29% par rapport à 2006. Quant au nombre de véhicules importés en 2012, il a atteint 569.000, un bond de 45% par rapport à 2011.
Tunisie, Maroc, même galère
C’est un constat identique qui est fait en Tunisie et au Maroc. Imed Touil, membre du bureau exécutif de l’Association tunisienne de prévention routière (ATPR), classe son pays à la première place mondiale quant au nombre d’accidents de la route et de leurs victimes. A fin juillet dernier, 707 personnes sont mortes et 6.284 autres ont été blessées dans 4.081 sinistres routiers. A fin 2013, la Tunisie a enregistré 8.809 accidents de la route qui ont provoqué le décès de 1.499 personnes tandis que 13.458 autres ont été blessées.
Il faut signaler que la Tunisie, contrairement à l’Algérie (38 millions d’habitants) et le Maroc (33 millions d’habitants), ne compte pas plus de 12 millions d’habitants. Ce qui rend dramatiques les statistiques des pertes humaines dans des accidents de la route. L’ATPR estime que la plupart de ces accidents sont dus à l’excès de vitesse et à la conduite en état d’ivresse. Les pertes financières sont, elles, évaluées à plus de 700 millions de dinars par an.
Au Maroc où l’extension du parc automobile est de 110.000 voitures/an, 3.705 personnes ont trouvé la mort sur les routes en 2013 et plus de 10.990 individus ont été grièvement blessés dans 68.458 accidents. Suffisant pour faire intervenir le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui déplore que dans ce pays, ces accidents »font chaque année plus de 4.000 morts et causent des dégâts matériels estimés à 14 milliards de dirhams, soit environ 2% du PIB ».
Pour rappel, tout comme l’Algérie, la Tunisie et le Maroc ont mis en place un sévère système de prévention routière, basé sur la répression de l’excès de vitesse avec des radars mobiles. Sans grand résultats, hélas.