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Au Salon de l’auto d’Alger, les concessionnaires « s’affichent » optimistes malgré la « crise »

Par Yazid Ferhat
mars 22, 2016
Au Salon de l’auto d’Alger, les concessionnaires « s’affichent » optimistes malgré la « crise »

Pour les concessionnaires, c’est le temps des « vaches maigres » avec un marché en berne et des mesures administratives de contingentement des importations à travers le système des quotas. Pourtant, au Salon international de l’automobile, qui se tient du 17 au 26 mars au Palais des expositions des Pins maritimes, les concessionnaires et constructeurs se disent « malgré tout … optimistes ».

 

La situation n’est pas rose dans le secteur qui ne retrouvera probablement plus jamais les années fastes 2012-2013, rendues « florissantes » par les augmentations de salaires et les rappels distribués dans un souci d’éviter la « contamination » du printemps tunisien. Aujourd’hui, face à la dure conjoncture du secteur, marquée par les blocages des quotas et des attributions de licences d’importations, nombreux sont les participants au salon qui préfèrent garder le sourire ou se forcent à le faire. 

Face aux journalistes, la tendance générale est à afficher une confiance à toute épreuve, voire même de l’ambition malgré la faible affluence des visiteurs et surtout la baisse du nombre de participants à cette édition. Coté difficultés, l’Association des concessionnaires de l’automobile (AC2A) a déjà tiré la sonnette d’alarme jeudi dernier sur la situation du marché automobile algérien. Des concessionnaires se retrouvent actuellement sans aucun stock, ni quotas ni licence d’importations.

Leur participation à la 19e édition du Salon international de l’automobile reste « symbolique », se limitant à la simple exposition des véhicules dans le but de préserver leur notoriété. Une situation qualifiée de « très difficile » par le président de l’AC2A, Sefiane Hasnaoui, qui avait exhorté lors de la même conférence, jeudi, les autorités à se pencher sur leurs inquiétudes.

« Nous sommes en attente des quotas et des licences pour opérer normalement et pour répondre à la demande nationale de nos clients », a-t-il indiqué, relayé par le quotidien francophoneEl Watan. Il a estimé que le « manque de ne permettra pas aux participants à ce salon « de pérenniser [leurs] investissements ».

Les années « fastes » du marché automobile algérien, c’est visiblement du passé. En 2012, 605.000 véhicules ont été importés pour une facture de 8 milliards de dollars. L’année d’après, 550.000 véhicules ont été achetés pour un montant de 7.3 milliards.

En 2014, l’AC2A commençait déjà à déplorer une baisse des ventes de 30% pour atteindre une facture de 5.7 milliards USD. Un montant plombé encore en 2015 par la baisse drastique des importations de véhicules, à 265.000 unités pour 3,14 milliards de dollars.

« Seuls les reins solides résisteront »

Cette conjoncture se fait bien ressentir à cette 19e édition du Salon de l’automobile. Certains concessionnaires l’ont déjà subie de plein fouet, dont Jamal SPA, représentant de la marque Mazda, ou le groupe Elescom, représentant de la marque américaine Ford, qui se sont déjà résignés à ne pas y prendre part.

D’autres concessionnaires, au contraire, voient dans cette édition une occasion pour préserver leur réputation ou même … une « aubaine » pour présenter et écouler leurs stocks restants et gagner ainsi des parts de marchés. Tout comme Citroën, Kia, Nissan, Lifan, Foton, Hyundai Algérie et Sovac, à une échelle moindre.

La marque Nissan a tenu à participer à cette édition. D’abord pour préserver sa notoriété. « Une marque comme Nissan ne peut se permettre de rater le Salon international de l’automobile », lance, au HuffPost Algérie, un cadre commercial. De plus, ce concessionnaire affiche de la disponibilité de la majeure partie de ces modèles touristiques.

« Nous avons encore 5.000 véhicules stockés, ce qui nous permettra de tenir bon jusqu’à l’entrée en vigueur des quotas [d’importation de 152.000 véhicules] en septembre prochain », rassure-t-il.

Citroën se montre quant à lui ambitieux. Le malheur des uns fait son bonheur. Pas question de rater cette édition puisque ce constructeur français voit dans cette délicate conjoncture … une opportunité de gagner des parts de marché.

« La crise pesait déjà très lourd en 2015 et beaucoup de marques ont disparues. Ceci a permis à Citroën de gagner des parts de marché et atteindre même le TOP 10 du marché algérien », a affirmé, souriant, un cadre.

« Nous sommes tout à fait confiants pour cette année, en dépit des quotas limités de véhicules importés. D’ailleurs, ceci nous permet de rêver du Top 5 du marché algérien … pourquoi pas ? », conclut-il. La marque chinoise Foton de véhicules utilitaires a aussi pris part à cette édition. Et cette toute première participation est une »aubaine » pour ses responsables algériens.

« Nous nous y attendons pas en réalité. On nous avait rejeté notre demande car nous ne proposons pas des véhicules touristiques mais utilitaires », révèle le responsable de ventes de cette marque. Si ce concessionnaire, établi depuis presque une année en Algérie, affiche de la disponibilité, ses responsables s’attendent néanmoins à une prochaine rupture de stocks en attendant l’entrée en vigueur des nouveaux quotas.

Foton Algérie reste tout de même confiante. « Les nouveaux quotas vont permettre l’assainissement du marché automobile algérien. Seuls les concessionnaires aux ‘reins solides’ résisteront », a rajouté le même interlocuteur.

Les pouvoirs publics interpellés

Une attitude partagée par la marque Kia et Hyundai Algérie. D’ailleurs, la marque sud-coréenne ne propose qu’un seul modèle à la vente à cette édition du salon. Cependant, une majeure partie de sa gamme est exposée, de quoi préserver la réputation de ce constructeur.

Paralysé par le blocage de ces stocks, Kia Algérie affirme avoir répondu aux exigences du nouveau cahier des charges. « La balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics. Nous avons répondu favorablement au nouveau cahier de charges et nous attendons ainsi notre quotas pour relancer les ventes », a déclaré le chargé de communication de la marque, qui s’attend à une baisse de son chiffre d’affaires avec les nouveaux quotas.

« Nous avons été prévoyants et nous affichons de la disponibilité sur la majeure partie de notre gamme », a rassuré de son côté un chef de projet de Hyundai Algérie.

L’autre marque chinoise, Lifan Algérie, semble également résister à cette crise grâce à son stock. Le concessionnaire affiche également de la confiance avec les nouveaux quotas, grâce sa stratégie à court et moyen terme. En effet, deux unités de montages seront réalisées cette année à Alger et Relizane, ce qui dotera la marque de 20.000 autres unités par an.

Une information confirmée au HuffPost Algérie par le Directeur-moyen général de Lifan Algérie, qui précise que cette stratégie permettra à cette marque de fixer des prix concurrentiels, amenés à augmenter avec l’entrée en vigueur des prochains quotas.

A ce propos, Omar Rebrab expliquait que les augmentations des prix cette année sont dues à la dévaluation du dinar et non pas au produit, puisque, « malheureusement, beaucoup de concessionnaires qui n’ont pas de stocks et n’ont donc rien à proposer à la vente », a-t-il déclaré lors de la conférence de l’AC2A.

Tout ne va plus comme avant sur le marché de l’automobile. Mais en ces temps de vaches maigres où la concurrence s’aiguise sur un marché rétrécit, le plus important pour les concessionnaires est de ne pas trop montrer des signes d’inquiétudes voire de panique. Une affaire d’image à préserver…. en attendant la suite.

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