Les dossiers s’empilent, les clients s’impatientent et les showrooms restent désespérément vides. Dans un marché automobile qui peine à retrouver son souffle, l’organisation “Himayatek” dresse un constat alarmant. Son porte-parole Sofiane Wassâa dénonce “des obstacles administratifs” qui empêchent certains concessionnaires automobiles d’accomplir légalement leur quota d’importation malgré l’obtention d’une accréditation conforme au cahier des charges.
L’ampleur de la crise se cristallise à travers un exemple que cite l’organisation. Un concessionnaire qui, “malgré un dossier complet et toutes les autorisations légales, n’a pas reçu l’autorisation nécessaire pour compléter son quota d’importation, qui concerne plus de 40 000 véhicules”. Cette paralysie bureaucratique révèle une défaillance systémique qui transcende la simple problématique commerciale.
“Ce sont les consommateurs qui souffrent de cet abus de pouvoir administratif”, souligne Wassâa. Les répercussions économiques se font sentir à tous les niveaux. Le marché de l’occasion s’emballe, les prix atteignent des sommets vertigineux, tandis que les délais de livraison des véhicules neufs dépassent régulièrement les dix mois. Une situation d’autant plus absurde que les concessionnaires disposent des financements bancaires en devises nécessaires.
Comble de la situation, le nouveau cahier des charges semble avoir été conçu pour entériner cette paralysie. “Les concessionnaires ne sont plus contraints de livrer les véhicules. Ils peuvent simplement rembourser les acomptes avec une indemnité de 10%”, explique-t-il. Et d’ajouter : “Cela ne compense pas l’injustice subie par les consommateurs, qui ont droit à leur véhicule dans des délais raisonnables.”
Face à cette situation, Himayatek agit concrètement. “Nous avons établi une base de données regroupant les plaintes des consommateurs, notamment avec Fiat, pour qu’elles soient examinées et que les commandes soient honorées”, précise Wassâa. Toutefois, cette initiative se heurte systématiquement aux “circonstances exceptionnelles” invoquées par l’administration.
“Nous sommes à l’aube de l’année 2025, et malgré les assurances du ministre de l’Industrie concernant la continuité des importations jusqu’à la mise en place de l’industrie automobile locale, la situation reste bloquée par des pratiques bureaucratiques”, déplore le porte-parole de l’organisation.
Cette réalité pose une question de fond que l’organisation ne manque pas de souligner. “Nous soutenons les efforts visant à encourager la production locale et à réduire la dépendance aux devises étrangères. Mais en attendant, il est essentiel de répondre aux besoins des citoyens, car la voiture est devenue un besoin vital dans un pays aussi vaste que l’Algérie”, conclut Wassâa.
Yasser Kassama