Le tour de table bouclé en 2015, à l’ère de Abdeslam Bouchouareb, pour la production de Peugeot à Oran va être remanié.
Il n’y a pas que la partie étrangère du projet Peugeot à Oran qui, a bougé en 2022. Stellantis, le groupe qui intègre désormais les marques françaises Peugeot-Citroen et le géant Italien Fiat associé à Chrysler, va produire des FIAT en Algérie – et non plus des Peugeot – et cherche à s’allier à un nouvel acteur local.
Le groupe Stellantis a la possibilité, au terme du nouveau code des investissements, de prendre la majorité dans le capital de l’entreprise qui va assembler les véhicules à Oran. Il pourrait donc racheter une partie des actions détenues par ses associés algériens, l’électronicien privé Condor, le mécanicien public PMO, et les laboratoires Propharmal, jusqu’à hauteur de 70% du capital.
Le 6e constructeur mondial, selon des sources algériennes dans la filière de l’automobile, a donné la priorité à la sélection d’un nouvel associé local détenteur d’un ou de plusieurs métiers de la filière. Des contacts ont été établis, notamment avec les acteurs concessionnaires de marques des années d’avant l’arrivée de Abdeslam Bouchoureb, qui avait stoppé le modèle de la distribution en 2016. PSA (Peugeot–Citroën) avait fait, devant un cercle réduit de journalistes, de vagues allusions en 2015 à des pressions, coté algérien, voulant lui imposer ses associés dans le projet d’usine d’Oran, un investissement de 100 millions d’euros à l’époque.
Les Français avaient choisi de temporiser et le tour de table finalement acté ressemble furieusement à un compromis entre les desiderata de Abdeslam Bouchouareb et les exigences de l’investisseur étranger.
Un enjeu de business convoité
Dans la nouvelle version de l’investissement en cours de déploiement à Oran, Stellantis n’a pas l’intention de changer seulement la marque qui sera assemblée et commercialisée en Algérie. Les Italiens passés à l’opérationnel, à la place de Français, dans ce projet, recherchent un partenaire fiable pour probablement racheter tout ou une partie des parts de Condor (15,5%) et Propharmal (15.5 %), perçus comme un héritage encombrant de la période Said Bouteflika/Abdeslam Bouchouareb.
Le choix, en 2015, de Condor des frères Benhamadi découlait de la volonté du groupe électronique de Bordj Bou Arréridj de se lancer dans la sous-traitance de l’électronique embarquée, part de plus en plus importante dans l’industrie automobile. Les déboires judiciaires du groupe depuis la chute du pouvoir des Bouteflika a énormément réduit sa capacité à se diversifier et à intégrer activement un projet industriel loin de son cœur de métier.
L’actionnaire public producteur de Machine Outil, PMO, devrait se maintenir dans le tour de table, même si la synergie industrielle de sous-traitance souhaitée avec un acteur en grande difficulté n’est pas établie. Stellantis pourrait bien démarrer l’exploitation de son usine d’Oran au deuxième semestre de l’année prochaine sans avoir au préalable modifié le tour de table de sa filiale algérienne.
La sélection d’un partenaire local pour un acteur étranger important est toujours un enjeu de business ou l’intervention politique n’est jamais très loin. Elle peut s’avérer plus compliquée que l’achèvement de l’usine elle-même.