Pour Thierry Pairault, les Chinois n’ont jamais proposé de solution en BOT. Bien au contraire, leur idée de départ était d’apporter les financements nécessaires au projet et en retour, ils demandaient d’être payés en pétrole.
« La Chine n’est pas une opportunité économique pour l’Algérie, mais une opportunité pour le gouvernement algérien de se garantir une pérennité en hypothéquant l’avenir ». C’est ainsi que le spécialiste des relations sino-africaines, Thierry Pairault tente d’illustrer comment l’Algérie a fait le choix des Chinois pour la construction du « projet du siècle »: l’autoroute Est-Ouest.
Lors de son passage sur le plateaux de RadioM, la webradio de Maghreb Emergent, pour l’émission « Entretien », le sinologue a révélé que les entreprises occidentales ont proposé pour ce projet, avant 2005, un investissement BOT (Build, Operate and Transfer ou Construction-Exploitation-Transfert en français).
Cette option de financement du projet par concession qui s’inscrit sur une vision de long terme a été exclue au profit de l’offre « meilleur marché » des Chinois qui consiste à construire puis à transférer l’infrastructure aux autorités publiques.
Ce montage en BOT était défendu par l’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou avant son départ du gouvernement en 2005. Mais, « les autorités ont arbitré autrement », avait-il souligné lors de son passage à l’émission de l’invité du « Direct » de RadioM.
Le revers et la clause de qualité qui saute
Pour Thierry Pairault, les Chinois n’ont jamais proposé de solution en BOT. Bien au contraire, leur idée de départ était d’apporter les financements nécessaires au projet et en retour, ils demandaient à être payés en pétrole.
Et c’est pour cette raison que, dans le processus, la banque CITIC devait apporter un financement tandis que la CRTC se chargerait des travaux de construction. Selon M. Pairault, la CITIC avait le financement sans l’envergure pour entreprendre les travaux alors que CRTC avait l’envergure sans le financement.
Ainsi, avec cette combinaison, les Chinois étaient sûrs d’avoir le contrat avant que les autorités algériennes ne déclinent l’offre estimant que l’Algérie disposait, grâce à ses réserves, du financement nécessaire, précise le sinologue.
Le plus grand revers des chinois est venu lors du lancement de l’appel d’offres qui exigeait certains critères de qualité, parmi lesquels : avoir l’expérience dans les autoroutes de normes européennes ou américaines. Mais curieusement, cette clause a sauté par la suite de l’appel d’offres et les chinois ont pu postuler.
« C’est à ce niveau là qu’il y aurait pu y avoir des tractations avec des enveloppes », suppose M. Pairault qui pointe aussi le lobbying de Pierre Falcone, l’intermédiaire présumé dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest.
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