Le chef économiste de la Banque Mondiale, Paul Romer, a été dépouillé de ses charges managériales sur le Development Economics Group. Il avait « froissé » les économistes de l’institution en exigeant des rapports rédigés de manière plus claire et concise.
L’économiste de 61 ans avait aussi demandé de mettre fin à l’excès de l’usage de la conjonction de coordination (et) qui est en général signe d’indécision et d’imprécision. Paul Romer aurait ainsi menacé de ne pas valider le « Rapport sur le développement dans le monde » si la conjonction « et » représentait plus de 2,6 % du texte final.
Argument du chef économiste : »Dans la littérature académique, la fréquence de la conjonction de coordination ne dépasse généralement pas ce fameux seuil de 2,6 %. »; La Banque mondiale était dans ce ratio dans le passé mais il y eu ensuite une inflation de «et » et « son utilisation a gonflé jusqu’à 7 %, produisant une communication boursouflée, au détriment de la clarté » observe Le Monde.
Le franc-parler de Paul Romer a déplu à l’armée des économistes de la BM qui seraient plus de 600. Dans son blog, il notait le 25 avril dernier que depuis qu’il avait rejoint la Banque mondiale en automne, il a eu des conversations internes qui ont entrainé ce que les diplomates nomment un « échange de vue franc et complet ».
« Il n’est pas n’est pas surprenant que la Banque ait ses propres insurgés prêts à lancer leur version de la guerre asymétrique. L’une des façons de le faire est la rumeur. Apparemment, la rumeur dit que quand j’ai demandé qu’on écrive plus clairement, je n’ai pas été gentil. Et que je massacre des chatons dans mon bureau ».
« Et »… la bataille de la clarté fut perdue
Et… Paul Romer a finalement perdu la bataille de la concision contre le jargon, le Bankspeak. Selon Bloomberg, il a été dépouillé de ses « tâches de gestion » du département de la recherche après une « rébellion » des chercheurs contre ses « efforts pour les faire communiquer plus clairement » et ses « restrictions à l’utilisation du « et ».
Le Development Economics Group, le centre de recherche de la BM basé à Washington sera désormais géré par Kristalina Georgieva, DG de la Banque Mondiale. Romer n’est pas renvoyé, note Bloomberg, il reste économiste en chef qui fournira, selon la note interne du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, un leadership « en temps opportun » sur les tendances qui affectent « nos pays clients »
Bloomberg rappelle qu’il est inhabituel que l’économiste en chef de la Banque mondiale, fonction occupée par des poids lourds, ne dirige pas le Development Economics Group (DEC) qui publie études originales et les prévisions de la BM.