Au-delà de l’objectif d’augmenter la production céréalière, espéré par le Gouvernement, le défi désormais est de changer les habitudes de consommation des algériens.
En effet, si les résultats enregistrés durant la saison agricole 2021 /2022 sont en hausse par rapport à la précédente compagne, à travers une hausse de 48% et une production totale de 41 millions de quintaux, les chiffres pourraient repartir à la baisse eu égard à la forte dépendance de la filière vis-à-vis de la pluviométrie d’autant que la production est réalisée essentiellement en zone pluviale. Les conditions exceptionnelles de la campagne céréalière 2020-2021 sur le plan climatique qui ont induit une baisse de production de 34% par rapport à la saison 2019/2020 illustrent clairement cette situation à laquelle s’ajoute la faiblesse des quantités collectées par l’office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC. D’où la centralisation, cette année, de la production au niveau des coopératives de céréales et de légumes secs ( CCLS) pour sécuriser les stocks. Si l’objectif a été atteint pour le blé dur puisque la production est suffisante pour répondre aux besoins nationaux, comme l’a relevé samedi dernier le ministre de l’agriculture et du développement rural , Mohamed Abdelhafid Henni à partir de Ain Defla, pour le blé tendre, en revanche, le besoin de développer les capacités de production et de stockage se fait ressentir parallèlement à la nécessité de modifier les habitudes alimentaires des algériens portés beaucoup plus sur la farine produite à partir du blé tendre. D’où ce déséquilibre entre l’offre et la demande et ce recours excessif à l’importation puisque l’Algérie achète pré de 90% de ses besoins en blé tendre sur le marché international.
Changement des habitudes de consommation, une urgence
A titre illustratif, selon un rapport coproduit par le Global Agricultural Information Network (GAIN, réseau mondial d’information agricole) et le ministère américain de l’Agriculture, la consommation de blé de l’Algérie était de 11,37 millions de tonnes entre juillet 2020 et juin 2021. Avec la croissance démographique, cette consommation s’annonce en hausse pour les prochaines années si les habitudes ne changeaient pas. Une problématique de taille sur laquelle le département de l’agriculture, celui de la Santé et le ministère de la communication planchent aujourd’hui. Et ce, à travers un programme conjoint dédié au lancement d’une vaste campagne visant à modifier le mode de consommation des algériens. C’est donc l’autre bataille à mener parallèlement à l’amélioration des rendements. Le débat a, certes, déjà commencé sur cette question, il y a plusieurs années, mais sans pour autant que les actions soient mises en œuvre sur le terrain. Même constat pour le lait dont la consommation est également en forte croissance comparativement à la production nationale. Ces dernières filières, à elles seules, accaparent une bonne partie des dépenses. En 2022, la loi de finances complémentaire a consacré 1.385 milliards DA de plus par rapport à la loi de finances pour prendre en charge principalement la contribution à l’OAIC et à l’Office National Interprofessionnel du Lait et des produits laitiers (ONIL). Autrement dit, pour couvrir les importations de blé tendre et de la poudre de lait.