Une nouvelle loi sur la promotion immobilière s’apprête à modifier la réglementation du secteur en Algérie. “Elle sera prête incessamment”, a déclaré le ministre de l’Habitat, M. Belaribi, lors d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale.
Le texte, qui révise la loi N11-04, vise principalement à “éviter l’interruption des projets immobiliers suite aux faillites des entreprises de construction”. Plus significative encore, selon le ministre, elle permettra “la reprise des projets à l’arrêt, même en cas de faillite des entreprises chargées de leur réalisation”.
Pour illustrer l’efficacité attendue de cette réforme, le ministre met en avant la situation à Oran. Dans cette wilaya, les projets LPA (Logement Promotionnel Aidé) et LSP (Logement Social Participatif) à l’arrêt ne représentent que “11% du total du programme décidé”. Les autorités y ont déjà engagé plusieurs actions : résiliation des contrats défaillants, remplacement par des promoteurs publics, et une relance prévue “avant la fin du premier semestre de 2025”.
Cette vision optimiste se heurte cependant à une réalité économique alarmante. L’Association Générale des Entrepreneurs Algériens dénombre 5 700 entreprises qui ont déjà cessé leurs activités. Cette vague de fermetures a mis 300 000 travailleurs au chômage technique. Plus inquiétant encore, 60% des entreprises encore ouvertes sont en difficulté financière, laissant présager de nouvelles défaillances.
La capacité d’intervention de l’État se trouve limitée par deux contraintes majeures. La première est financière : la reprise des chantiers abandonnés nécessitera plusieurs milliards de dinars, alors que les finances publiques sont déjà sous pression. La seconde est opérationnelle : les entreprises publiques manquent de capacités pour gérer simultanément tous les projets en souffrance.
La situation à Boumerdès illustre ces difficultés. Malgré l’assurance du ministre sur un “bon rythme” des programmes de logements, la réalité administrative freine les ambitions. Les nouvelles sociétés de réalisation se heurtent à des procédures qui retardent le début effectif des travaux.
Si la nouvelle loi offre un cadre juridique pour la reprise des projets après faillite, elle ne résout pas le problème central du financement. Les partenariats public-privé, envisagés comme alternative, nécessitent un temps de mise en place, alors que la dégradation du secteur s’accélère. L’État devra probablement se résoudre à une reprise sélective, en concentrant ses moyens sur les chantiers les plus avancés et socialement prioritaires.