Cela fait maintenant neuf ans que les Bourses sont globalement orientées à la hausse. Alors que l’économie réelle a mis du temps à digérer la crise de 2008, les marchés d’actions, eux, se sont vite nourris de projections optimistes.
2018, année du grand krach boursier ? Dix ans après la crise financière provoquée par la débâcle des subprimes, l’idée est dans toutes les têtes. C’est d’autant plus vrai que les marchés ont connu de grosses turbulences la semaine dernière et que la hausse modeste qui a suivi la purge ne rassure personne.
Quand, comme ce fut le cas le 5 février dernier, le Dow Jones, indice principal du New York Stock Exchange (Nyse) perd plus de 1600 points en séance (un record historique), cela frappe les esprits même si l’index s’est (un peu) repris avant la clôture.
Peur de l’inflation
Les analystes qui veulent garder leur calme rappellent, à raison, que les arbres ne montent jamais au ciel. Cela fait maintenant neuf ans que les Bourses sont globalement orientées à la hausse. Alors que l’économie réelle a mis du temps à digérer la crise de 2008, les marchés d’actions, eux, se sont vite nourris de projections optimistes et ont enregistré records sur records à l’image de l’indice S&P 500 (cinq cents principales capitalisations boursières aux Etats-Unis) qui a pratiquement quadruplé de valeur. Il était donc inévitable que les marchés corrigent d’eux-mêmes cette hausse continue. Une correction, estiment les analystes, nécessaire avant que la marche en avant ne reprenne…
La chute du bitcoin, évoquée dans ces colonnes, a aussi sa part de responsabilité. Le phénomène a peu été commenté mais les particuliers américains ont bel et bien repris le chemin de la Bourse depuis quelques années. Echaudés par les crises de 2001 et de 2008, ils avaient pris le large mais la croissance des Bourses et les facilités offertes pour opérer à son compte (désormais un simple ordinateur suffit…) les ont convaincus de retenter leur chance sur les marchés d’actions. En perdant de l’argent à cause de la chute du bitcoin, certains d’entre eux ont été obligés de se défaire d’une partie de leur portefeuille ce qui a accentué les pertes des Bourses. Mais la vraie raison de cette instabilité boursière est liée aux intentions de la Réserve fédérale (Fed).
Cela fait des années que les marchés s’enivrent, d’autres diraient se goinfrent, grâce à la politique monétaire accommodante de la Banque centrale américaine.
Taux d’intérêts peu élevés et rachats sur le marché d’obligations, ce sont des milliards de dollars de liquidités qui se sont déversés sur les marchés, créant, ici et là, d’importantes bulles spéculatives. Tout le monde sait que la fête ne peut pas éternellement durer et que, tôt ou tard, l’orchestre s’arrêtera de jouer. Alors, à chaque fois qu’un événement est susceptible d’accélérer le mouvement de hausse de taux, les marchés anticipent et paniquent.
Le bal continue
L’annonce d’une augmentation de salaires de 2,9% aux Etats-Unis a fait partie de ces catalyseurs. Pour les marchés boursiers, un salaire qui augmente ce n’est pas une bonne nouvelle même si ce genre d’augmentation est susceptible de doper la consommation (deux tiers de l’économie américaine).
C’est surtout vu comme un risque de résurgence de l’inflation. Et qui dit inflation dit hausse des taux d’intérêts. On en est là. L’image habituelle déjà évoquée dans ce qui précède demeure pertinente. Le bal se poursuit mais l’orchestre commence à donner de sérieux signes de fatigue.