Selon une source proche de la Présidence contactée par Maghreb Emergent, les repreneurs potentiels des entreprises publiques économiques privatisables n’entendent pas le faire avec leur argent, « notamment celui qui dort à l’extérieur du pays » mais obtenir des crédits des banques publiques pour financer leur investissement ». Autrement dit, a ajouté cette source, « alors que l’Etat a besoin de renflouer ses caisses, certains patrons lui demandent de leur prêter de l’argent pour ‘’l’aider’’».
Selon une source proche de la Présidence de la République, le Président Bouteflika a décidé de recadrer le Premier ministre Ahmed Ouyahia et prendre en main le dossier du partenariat public-privé (PPP) parce qu’il s’agit d’un programme de pillage organisé de certaines entreprises et de sabotage politique.
Pour rappel, dans une instruction au gouvernement la semaine dernière 2018, le chef de l’Etat a annoncé que tout projet d’ouverture de capital ou de cession d’actifs d’EPE devait désormais, acquérir, au préalable, l’accord du chef de l’Etat, auquel, seul, revenait « la décision finale » dans ce domaine.
Notre source a insisté sur le fait que ce n’est pas par attachement doctrinal au secteur économique public que le chef de l’Etat à décidé de freiner le processus de privatisation partielle de certaine entreprises mais parce qu’il conteste radicalement la façon avec laquelle Ahmed Ouyahia, le Forum des chefs d’entreprises (FCE) et l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) entendent le mener.
« Prête-moi pour que je joue avec toi ! »
« Les signataires de la charte PPP (en décembre 2017, NDLR), a indiqué notre source, veulent privatiser certaines entreprises publiques. Sur le principe, il y a consensus puisque beaucoup d’entreprises publiques économiques sont déficitaires. Toutefois, les repreneurs potentiels n’entendent pas ramener leur argent pour prendre des parts dans ces sociétés, notamment celui qui dort dans des banques étrangères à l’extérieur du pays. Ils veulent avoir des crédits des banques publiques pour financer leur investissement. Autrement dit, alors que l’Etat a besoin de renflouer ses caisses, certains patrons lui demandent de leur prêter de l’argent pour ‘’l’aider’’. Drôle d’investissement ! »
Et notre source d’ajouter : « La privatisation, oui, mais d’une façon transparente. L’Etat élabore des cahiers des charges et met ensuite les entreprises à privatiser partiellement aux enchères, comme cela se fait déjà dans les carrières. C’est ainsi que le processus de cession des parts de ces entreprises doit se faire et pas autrement ! Or, certains patrons veulent accaparer des entreprises au plus grand potentiel au dinar symbolique et les revendre probablement après à des milliards : prête-moi pour que je joue avec toi ! ».
« Ceux qui veulent accélérer les privatisations n’aiment pas Bouteflika »
Sur un autre plan, notre source a indiqué que le Président de la République a exigé que tous les projets de partenariat public-privé soient soumis à son approbation pour mieux contrôler le coté social de la chose.
Rappelons que certaines parties, comme la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), ont interprété l’instruction présidentielle de la semaine dernière comme une annulation pure et simple de la charte de partenariat public-privé signé en décembre 2017.
La privatisation partielle de certaines entreprises, a expliqué notre source, « peut engendrer des mécontentements dans les milieux des travailleurs et générer, à terme, des perturbations qui peuvent déstabiliser le gouvernement et la présidence. La mise en chômage d’une partie du salariat est un risque trop gros pour être pris à une année de l’élection présidentielle. » Et de conclure : « Ceux qui veulent accélérer le processus de privatisation des entreprises publiques ne veulent pas du bien au Président et à ses proches collaborateurs. Ils ne l’aiment pas. »
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