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Bouteflika désavoue Tebboune et lui ordonne de mettre fin au « harcèlement » des opérateurs nationaux

Par Maghreb Émergent
août 8, 2017
Bouteflika désavoue Tebboune et lui ordonne de mettre fin au « harcèlement » des opérateurs nationaux

 

 

Une tannée. C’est le mot le moins méchant pour qualifier l’instruction du président Abdelaziz Bouteflika adressée au Premier Abdelmadjid Tebboune le sommant de mettre fin au «harcèlement » contre les opérateurs nationaux. La victoire de Saïd Bouteflika et de Ali Haddad paraît totale. 

 

 

La contre-offensive contre Abdelmadjid Tebboune dont le coup d’envoi a été donnée par Saïd Bouteflika en s’affichant de manière ostensible avec Ali Haddad lors de l’enterrement de Reda Malek poursuivie par des articles de presse sentant fort la commande connaît son apothéose – ou peut-être son épilogue – avec l’entrée en lice du chef de l’État.

Le chef de l’Etat le somme littéralement de «mettre fin à l’anarchie née des dernières initiatives » prises par l’Exécutif.L’instruction énumère les mesures concernées : envoi de brigades mixtes « commerce-finances » pour procéder à des contrôles inopinés de plusieurs opérateurs économiques, interpellations des walis pour faire le point sur l’avancement des chantiers publics, instructions pour enquêter sur les terrains attribués aux investisseurs, instructions aux banques pour geler l’octroi de crédit au motif de l’inopportunité des projets.

 C’est tout ce qu’a fait ou a essayé de faire Tebboune qui est ainsi ciblé et rejeté par l’instruction venue de la présidence.  Le Premier ministre est «instruit » d’ordonner aux ministères concernés de «mettre immédiatement fin à ces initiatives qui « sont un véritable harcèlement des opérateurs nationaux » selon les propres termes utilisés par le chef de l’Etat ».

 De manière encore plus cinglante, il lui demande de ne pas donner l’impression à l’opinion nationale ou aux observateurs étrangers qu’il existe une «campagne décidée par le pouvoir » alors qu’elle est «sans fondement ».

 Seul Saïd a le pouvoir d’interpréter…

L’instruction évoque la rencontre entre Tebboune et les «partenaires économiques et sociaux » qui a entrainé un «début de retour à la sérénité » et le Premier ministre est invité «  à ne rien ménager pour que cette tendance positive se consolide avant la rentrée sociale ».

L’instruction souligne que toute violation de la loi et des règlements par les opérateurs économiques doit être traitées dans le  « respect des textes » et par les « voies prévues » et sans « publicité inutile ».

 Abdelmadjid Tebboune qui a entamé ses fonctions de Premier ministre par l’affirmation d’une volonté de faire la « séparation entre l’argent et l’Etat » est ouvertement désavoué. La sortie publique de Saïd Bouteflika lors de l’enterrement de Reda Malek où il s’est ostensiblement affiché avec Ali Haddad l’annonçait clairement : la campagne «anti-oligarques » n’est pas la politique du chef de l’État.

LIRE AUSSI : Bouteflika et l’argent, pourquoi l’offensive «anti-oligarques » va retomber à plat (analyse)

 L’instruction-désaveu qui vient d’être envoyée à Abdelamadjid Tebboune signifie clairement que Saïd Bouteflika est le seul «interprète » autorisé de ce qui veut le chef de l’État. Il y a encore quelques jours certains pariaient que Tebboune partira après les élections locales prévues en novembre. Avec une telle instruction-désaveu, il n’est pas certain qu’il organisera ces élections.

 

 

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