Des travailleurs de Cevital ont marché lundi à Béjaïa pour la levée des « blocages » à la réalisation d’une usine de trituration de graines oléagineuses. Le directeur du port de Béjaïa dénonce une « confusion entretenue ».
Des milliers de travailleurs du groupe agro-industriel Cevital et de ses filiales ont marché lundi à Béjaïa pour réclamer la « levée des blocages » inhérents au projet de mise en place d’une usine de trituration de graines oléagineuse au complexe des corps gras du groupe, situé à l’intérieur de l’enceinte portuaire.
La marche, initiée et encadrée par un « comité citoyen de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investisseurs économiques de la wilaya de Béjaïa », s’est déroulée du portail de Cevital jusqu’au siège de la wilaya. Elle a donné l’occasion à ses animateurs d’expliquer les « obstructions » qui contrarient la mise en œuvre de ce projet, insistant notamment sur l’attitude de l’entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) qui, ont-ils soutenu, « par deux fois, a refusé de traiter et de décharger les navires transportant les équipements qui lui étaient destinés ».
« C’est une attitude illégale que de refuser de faire accoster et décharger des équipements destinés à cette nouvelle usine », s’est insurgé le président du Comité Kaci Sayed, soulignant l’impact et les conséquences de ce refus sur la pérennité même du complexe de Béjaïa qui en a un « besoin vital pour maintenir son activité », selon lui.
D’autres animateurs mettront en relief l’intérêt social et économique de cette usine sur le développement de la wilaya. « Il y est prévu la création de 1.000 emplois directs en plus du fait qu’elle va mettre sur le marché des produits de consommation de base et à des prix accessibles à tous, essentiels pour assurer la sécurité alimentaire du pays », a renchéri, de son côté, Mourad Bouzidi, présenté comme le fer de lance de ce mouvement.
Le DG du port « outré » par les accusations et la «confusion entretenue »
Approché par l’APS, le PDG du port, Djelloul Achour, s’est dit « outré » par ces accusations et « révolté par la confusion entretenue ». « Un terrain pour l’usine de trituration a déjà, en 1998, été accordé à Cevital dans le cadre d’une concession globale de 8 hectares de l’espace maritime, avec l’objectif d’y réaliser quatre unités industrielles dont une raffinerie d’huile, une margarinerie, une unité de trituration de graines oléagineuses et une raffinerie de sucre.
Seulement dans la mise en œuvre de l’investissement, Cevital a préféré mettre en place au lieu et place de l’unité de trituration un silo à céréale de 120.000 tonnes », a-t-il expliqué, indiquant que ce projet à polémique a été « décalé par les soins propres de Cevital qui a justifié alors son geste par des considérations sanitaires et environnementales inappropriées ».
Pour autant, a-t-il souligné, le port a « accompagné Cevital dans son agrandissement en lui octroyant ultérieurement d’autres terrains, notamment pour la réalisation d’une unité de cogénération (centrale à vapeur) et une station de détente de gaz, et obtenu même une 3ème extension sur les quais ».
« Actuellement, Cevital occupe 14 hectares sur un espace maritime global qui s’étend à peine sur 41 hectares. C’est quasiment le 1/3 de la superficie globale du port de Béjaïa », a-t-il noté. « Dans l’Intérêt des deux parties, pourquoi s’acharner à installer cette unité dans l’enceinte portuaire, déjà au bord de la saturation ? », s’est également interrogé le PDG du port.
M. Achour a estimé qu’au-delà de la saturation de l’espace portuaire, l’entreprise qu’il dirige ne fait qu’appliquer des dispositions gouvernementales datant de 2009 et qui prônent « l’interdiction de mise en place d’unités de transformation à l’intérieur des ports ».