Travailleurs et syndicalistes marocains sortiront dans la rue mercredi 24 février pour dénoncer l’absence de politique sociale du gouvernement Benkirane. Celui-ci a déposé devant la première chambre son projet de réforme des caisses de retraite sans passer par un dialogue social.
Rien ne va désormais entre les quatre principales centrales syndicales du Maroc et le gouvernement d’Abdelilah Benkirane. Face au silence de la Primature pour la reprise du dialogue social et en particulier sur les salaires et les droits syndicaux, les organisations syndicales (UMT, CDT, FDT et UGTM), ont décidé d’organiser une grève générale mercredi 24 février. »Rien ne pourra changer ce mot d’ordre », a prévenu le SG de l’Union marocaine du Travail (UMT), Miloud Moukharik. « Même si le gouvernement propose de reprendre les discussions, notre mouvement sera maintenu », affirme t-il. Cité par l’Economiste, il précise que »cette grève touchera tous les secteurs d’activité: privé, public, semi-public, transport, commerce ». Les quatre syndicats ont annoncé cette décision lors d’une conférence de presse organisée mercredi 10 février à Casablanca. « Cette grève est une protestation contre le gouvernement et sa politique. Cette équipe ne reconnaît pas les principes de la démocratie participative, les conventions internationales et même les lois nationales », estiment des syndicalistes qui ont promis de durcir leur action, et d’aller éventuellement vers d’autres mouvements de protestation après le 24 février. Dans la foulée, une plainte contre le gouvernement devrait être également déposée devant l’Organisation internationale du travail à Genève pour »non-respect des conventions internationales ratifiées par le Maroc ». Il s’agit en particulier de la liberté syndicale et la protection du droit syndical. La rencontre informelle du 16 janvier dernier entre le gouvernement et les quatre syndicats n’a rien donné dee concret. « Nous avons fait des propositions pour que l’on dépasse la situation actuelle et remis tout un dossier au chef du gouvernement. Mais aucune suite n’a été donnée. Abdelilah Benkirane ne croit ni à la concertation ni à la négociation », estime Miloud Moukharik.
Benkirane en »solo »
Pour autant, le chef du gouvernement marocain semble ignorer les revendications syndicales en déposant, le 29 janvier dernier devant la chambre des représentants (parlement), les cinq projets de lois relatifs à la réforme des retraites. Le 9 février dernier, les parlementaires ont entamé l’examen de ces projets de réforme des régimes de retraite au Maroc. Pour le chef du gouvernement, il est »urgent » de réformer les régimes de retraite, l’écart du déficit entre les cotisations et les pensions s’est creusé davantage, passant d’1 milliard de dirhams en 2014 à 3 Mds de DH en 2015 et devrait atteindre 6 Mds en 2016. En outre, les réserves de la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui s’élevaient à 84 Mds de DH à fin 2014, seront totalement épuisées en 2022, a expliqué M. Benkirane fin 2015 devant les Parlementaires. Pour lui, »la la réforme des régimes de retraite est un choix difficile qui ne tolère plus aucun retard.
Dialogue social en rade
Le dialogue social est en panne depuis avril 2011. Aucun accord n’a pu être obtenu entre le gouvernement Benkirane et les syndicats, notamment sur la réforme du régime des retraites. Les revendications des syndicats soumises au Gouvernement portent sur une hausse générale des salaires et des pensions de retraite, la baisse de la pression fiscale sur les salaires et l’amélioration des revenus, l’augmentation à 6.000 dirhams (environ 600 euros) des revenus non imposables, le respect des libertés syndicales et du Code de travail, la suppression de l’article 288 du Code pénal relatif à la grève. En outre, les syndicats veulent »l’instauration d’une approche participative dans la réforme du système de retraite », et l’application des autres dispositions de l’accord du 26 avril 2011. En outre, les syndicats marocains veulent la suppression de l’article 288 du code pénal, qui prévoit des peines d’emprisonnement « d’un mois à deux ans et une amende de 200 à 5.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque, à l’aide de violences, voies de fait, menaces ou manœuvres frauduleuses, a amené ou maintenu, tenté d’amener ou de maintenir, une cessation concertée du travail, dans le but de forcer la hausse ou la baisse des salaires ou de porter atteinte au libre exercice de l’industrie ou du travail ».