La confédération africaine de football, CAF, dit suivre la situation au Gabon. L’Algérie candidat malheureux à l’organisation de la CAN 2017 n’a pas préparé les stades prévus. Le Maroc n’a pas ce problème, mais…
L’Algérie ne devrait « à priori » pas venir à la rescousse de la Confédération africaine de football (CAF) pour organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2017 au cas où elle devait être retirée au pays organisateur, le Gabon, menacé de rentrer dans un cycle de troubles politiques. Cette position préliminaire a été recueillie par Maghreb Emergent auprès d’une source proche des instances du football algérien, mais reste sous la réserve de l’évolution des éléments du dossier. La candidature de l’Algérie pour l’organisation de cette compétition (14 janvier-05 février), 27 ans après l’édition de 1990, a été battue par celle du Gabon lors d’un vote secret du bureau exécutif de la CAF au Caire en avril 2015. La CAF pourrait donc « naturellement » se retourner vers Alger en cas de détérioration de la situation à Libreville dans les prochaines semaines. Le maintien de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de 2017 au Gabon devra sans doute être tranché avant le 19 octobre prochain, date prévue pour le tirage au sort à Libreville du tournoi final de cette 31e édition de la CAN. Le pays a basculé dans la violence suite à l’annonce mardi dernier d’une victoire douteuse du président sortant Ali Bongo pour un 2e mandat de 7 ans à la tête de ce pays de 2 millions d’habitants.
La CAF obligée d’entrevoir un plan B
La première option de la CAF est bien sûr de maintenir l’organisation de la compétition au Gabon. Le directeur des médias et porte-parole de la Confédération africaine de football (CAF), Junior Binyam, a déjà déclaré qu’il n’y’ avait « aucun changement » au sujet de l’organisation de la CAN 2017 « Dans l’état actuel des choses, le calendrier communiqué par la CAF est maintenu, il n’y a pas de souci à se faire. Il a ajouté, toutefois, que la CAF « suivait la situation au Gabon » admettant implicitement qu’elle devait tout envisager, y compris un plan B. Il a rappelé notamment que la réunion annuelle de toutes les instances de la confédération se tiendrait au Caire entre le 21 et le 27 septembre prochain. Manière de dire qu’elle peut décider d’ici là, en toute connaissance de cause, si elle doit arbitrer différemment le risque éventuel de maintenir la tenue du tournoi final sur les 5 sites prévus au Gabon à partir du 14 janvier. Dans le cas, loin d’être irréaliste dans le contexte africain, d’un changement de pays organisateur à 4 mois du coup d’envoi, deux pays, l’Algérie et le Maroc, se détachent par leur aptitudes à « sauver » le rendez vous biennale du football africain.
L’Algérie n’a pas digéré l’affront d’avril 2015
Dans le dossier de candidature de l’Algérie d’avril 2015 figurait l’arrivée de trois nouveaux stades au standard FIFA pour accueillir la CAN 2017. Aucun de ces trois stades, Oran, Tizi Ouzou, Baraki, n’a été livré depuis. Un seul, le stade olympique d’Oran, pourrait au prix d’un miracle opérationnel, être au rendez vous d’une CAN le 14 janvier prochain. Mais ce ne sera sans doute pas la raison principale pour laquelle l’Algérie renoncerait à palier à une éventuelle défection du Gabon. Les nouveaux stades permettaient de passer à la formule deux stades par poule, c’est à dire un seul match par jour sur le même stade. Cinq à six stades rénovés, à défaut de huit dont trois flambants neufs, peuvent encore largement soutenir le volet technique d’une migration dans l’urgence de la CAN vers l’Algérie. Le Gabon lui même n’en propose que quatre. Les raisons qui amèneraient, si la question devait se poser dans les prochaines semaines, l’Algérie à se maintenir à l’écart d’un éventuel remplacement du Gabon, sont plus d’ordre politique et organisationnel. D’abord la troisième économie du continent apprécierait peu, pour son image, de n’hériter de l’événement majeur du football africain que par défaut. Ensuite, un jeu organique opaque autour de la succession de Issa Hayatou (président de la CAF) promet de secouer à nouveau les instances de la Confédération en cas de réaffectation de l’événement. Le risque n’est pas nul de voir un autre pays, qui se proposerait aussi de sauver la CAN, être préféré à une offre algérienne pour accueillir l’événement. Une humiliation inenvisageable après celle d’avril 2015. Circonstance particulièrement accablante s’il devait s’agir du Maroc.
Le Maroc a tout pour lui et tout contre lui
Le Maroc n’a pas de souci avec ses stades. Il en au moins quatre aux normes de la FIFA. Et un comité d’organisation avorté, prêt à fonctionner de nouveau. Mais il traine comme un gros boulet son désistement en automne 2014 pour l’organisation de la CAN 2015 « préventivement contre le risque Ebola ». Un renoncement, qui lui avait valu des sanctions financières et sportives par la CAF. Mais passé le moment de colère des responsables du football africain, le Maroc est revenu en grâce et son équipe nationale a été la première à se qualifier pour la CAN 2017, après avoir été exclue de cette compétition pour deux éditions. Rien n’interdit donc que cette réconciliation entre l’institution de Issa Hayatou et la fédération royale marocaine ne se poursuive jusqu’à l’attribution de l’organisation de la CAN 2017 à ce pays au cas ou les protestations de l’opposition Gabonaise à la réélection de Ali Bongo devaient insécuriser le pays pour l’organisation d’un tel événement dans quatre mois. Ce recours au Maroc, serait choquant pour de nombreuses fédérations continentale aussi fraichement après l’affaire Ebola. Mais la CAF peut rapidement se retrouver devant un seul plan B : le Maroc. C’est sans doute pour cela qu’elle privilégiera le plan A le plus longtemps possible. Surtout si les chances d’accalmie grandissent au fil des semaines au Gabon. Face au refus Marocain d’organiser la CAN 2015 qui lui était attribué, le bureau exécutif de la CAF a poursuivi les négociations avec Rabat très tard. Il ne lui a officiellement retiré l’organisation – le Maroc demandait un report – que le 11 novembre 2014 ; soit deux mois avant le coup d’envoi de la compétition. L’offre de la Guinée Equatoriale d’accueillir la CAN au pied levé a joué dans la balance.
Le sponsor Total sera aussi de la délibération
Dernier paramètre, la CAN s’appelle désormais, et pour huit ans, la Coupe d’Afrique des Nations Total. Le pétrolier français sponsor majeur de l’événement auquel il associe maintenant son nom (contrat avec la CAF), pèsera sans doute pour ne pas le délocaliser du Gabon, son bastion historique en Afrique, à travers Elf. La décision finale dépendra cependant de la volonté des Gabonais d’en découdre ou pas avec le régime des Bongo, à l’occasion de cette élection ou ils semblent bien qu’ils aient fait le choix d’une alternance quasi clanique, avec Jean Ping.