Des scènes d’une rare violence policière, étaient relayées ce dimanche sur les réseaux sociaux et dans la presse internationale, qui a largement couvert le référendum d’autodétermination de la Catalogne, déclaré illégal par Madrid, qui a envoyé dans la région d’importantes forces de police.
Dans les bureaux de vote qui ont pu ouvrir en dépit de l’ordre du gouvernement central de Madrid de les fermer, les Catalans ont voté dans le calme. Dans la ville de Gérone, des centaines de Catalans étaient debout dès cinq heures du matin devant les bureaux de vote, attendant leur ouverture. Mais surtout pour empêcher la police nationale de les fermer et saisir les urnes. La région de Gérone est la plus indépendantiste des quatre régions catalanes, mais également l’une des plus riches. La maire de la ville, Marta Madrenas, qui gouverne en coalition avec les socialistes, après avoir voté, a dit que »nous espérons que tout se passe bien aujourd’hui. » Dans une déclaration au journal Le Monde, elle a précisé que »personne n’a rien à gagner s’il y a des incidents ». Si elle admet que l’indépendance »n’est peut-être pas pour demain, car il y a beaucoup de manières d’y arriver », il reste, pour elle, que »l’important, c’est que nous ayons pu nous exprimer ». La maire de Gerone était accompagnée par une délégation de parlementaires du Parti Nationaliste Basque (PNV), venus »observer l’organisation du scrutin ».
Barcelone, violences policières
A Barcelone, le fief des indépendantistes Catalans, le vote s’est déroulé dans une violence policière inouïe, faisant au moins 91 blessés dont de vieilles femmes aux portes de bureaux de vote. Le gouvernement central à Madrid a déclaré illégal ce référendum d’indépendance, et donné ordre à la police de fermer les bureaux de vote et saisir les urnes et les bulletins de vote.
Selon des témoignages, la police espagnole est intervenue en force pour empêcher la tenue de ce référendum d’autodétermination, faisant des dizaines de blessés lors de charges contre des manifestants qui voulaient participer à ce vote. Selon les services de santé de la région, ils ont »accueilli 337 personnes dans les hôpitaux et centres de santé », la majorité pour des malaises ou des maux légers, et parmi elles »90 blessés et un blessé grave, touché à l’œil’’. Onze policiers ont également été blessés dans les affrontements. Les policiers anti-émeutes ont, selon des témoins, utilisé des balles en caoutchouc à Barcelone où des milliers de personnes étaient descendues dans la rue tôt le matin pour prendre part au scrutin. Les manifestants ont aussi tenté de protéger les bureaux de vote lorsque la police y a pénétré de force pour saisir des urnes et le matériel de vote.
Le président indépendantiste de l’exécutif catalan et principal organisateur de ce référendum, Carles Puigdemont, a dénoncé la »violence injustifiée » dont a fait usage la police nationale. De son côté, le représentant du gouvernement espagnol en Catalogne l’a au contraire pressé de mettre fin à la »farce » du référendum, le tenant pour responsable des événements de la journée.
Réprobation, ailleurs en Europe
La catalogne participe à plus de 20% du PIB de l’Espagne, et si elle est déclarée »indépendante », elle sera la quatrième puissance économique d’Europe avec une population de seulement 7,5 millions de personnes, dont 5,5 millions devaient voter pour l’indépendance de la région autonome ce dimanche.
Ailleurs en Europe, ce référendum fait débat. »Je suis andalouse d’origine et j’ai une partie de ma famille qui est catalane. Ce qui se passe est très triste. J’avoue que je ne comprends pas que la Catalogne veuille se détacher de l’Espagne, je ne le comprends pas. J’ai du mal sur le plan affectif et sur le plan intellectuel », explique la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans une déclaration au Le Parisien.
»Il y a peut-être des évolutions à apporter à la relation entre le pouvoir central madrilène – qui n’est pas toujours d’une grande habileté dans l’affaire – et la Catalogne, mais ce désir d’indépendance est pour moi quelque chose de très dangereux pour l’Espagne et même pour l’Europe. Je suis inquiète. J’espère que l’Espagne arrivera avec la Catalogne à trouver un chemin. »
»L’avenir de la Catalogne n’est pas dans la sécession », avait de son côté déclaré l’ex-Premier ministre Français Manuel Valls, un Catalan de Barcelone.