L’année 2014 sera une année à blanc. Dans le meilleur des cas, elle serait une année de transition, mais aucun changement crédible n’est attendu avant 2015.
Ce sera, au mieux, une année d’attente. Au pire, une nouvelle année perdue. Pour l’économie algérienne, 2014 n’apportera pas de changement fondamental, mais si elle peut annoncer un virage vers quelque chose de nouveau, si le pays change de cap. Mais quel que soit le choix opéré, la nouvelle année confirmera encore que l’économie algérienne est fortement tributaire du politique, qui reste déterminant, grâce au contrôle de la manne pétrolière et de la décision économique.
Cette dépendance est représentée jusqu’à la caricature par cette évidence : le sort de l’économique algérienne, en 2014, dépendra plus de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika que du dynamisme des chefs d’entreprises. Que M. Bouteflika retrouve des forces qui lui permettent de briguer un quatrième mandat, et l’économie algérienne se trouvera complètement arrimée au politique. Les revenus financiers des hydrocarbures ne seront plus utilisés pour relancer la croissance, l’entreprise ne sera plus appelée à créer des richesses, le sous-sol ne sera plus exploitée pour assurer le développement du pays, mais tout sera orienté vers un autre objectif, assurer la réélection de M. Bouteflika dans les meilleures conditions possibles, et lui permettre d’entamer son quatrième mandat dans un climat apaisé. Le ministre des finances, M. Karim Djoudi, ne fera que du Djoudi.
Une transition est possible
Au cas, bien improbable, où M. Bouteflika ne serait pas candidat à sa propre succession, l’économie algérienne ne devrait guère évoluer non plus. D’abord parce que le pays serait figé jusqu’à septembre prochain. Le premier semestre sera forcément un semestre à blanc au cours duquel aucune initiative ne sera prise avant la fin avril. Ensuite, le nouveau président aurait besoin de s’installer, de prendre connaissance des dossiers, de former ses équipes, et de procéder aux formalités et procédures nécessaires, comme le passage devant le parlement. Viendrait alors le Ramadhan, puis les vacances, ce qui réduirait la période réelle de travail à un seul trimestre, le dernier. Commencera alors la préparation de l’année 2015, qui serait, en cas de changement de président, celle de l’amorce du nouveau virage.
Ceci serait toutefois possible si le nouveau chef de l’Etat est porteur d’un projet de rénovation sérieux et crédible, en vue de mettre en œuvre une politique de réforme audacieuse, englobant tous les volets de l’activité économique. Et là, le chantier sera immense: aller à plus de rationalité, réduire progressivement les gaspillages, limiter la corruption, introduire l’efficacité économique. La tâche la plus rude consistera toutefois à amener différents partenaires à accepter le changement des règles du jeu.
Nouveau président, même politique
Reste un troisième scénario, celui qui verrait le président Bouteflika céder le pouvoir à un candidat soucieux de préserver les équilibres actuels du pouvoir. Ce serait le pire des scénarios, car l’Algérie perdrait alors toute possibilité de devenir un pays émergent. Le nouveau chef de l’Etat pourrait s’appuyer sur la rente pour maintenir la paix sociale, en poursuivant la redistribution sociale dans un seuil qui décourage le travail, tout en augmentant les privilèges des plus puissants.
Les revenus des hydrocarbures permettent d’envisager un tel scénario, alors que les réserves de change en garantiraient le financement sur au moins cinq ans, y compris en cas de baisse substantielle des recettes extérieures. Ce serait une poursuite de la politique économique de M. Bouteflika, avec un autre président. Un scénario à ne pas exclure : le patronat et l’UGTA ont tous deux affirmé publiquement que la politique économique de M. Bouteflika leur convient. Elle leur conviendrait avec un autre président