Les économies africaines buttent toujours sur la rareté du capital. Pourtant le marché est là. Et les porteurs de projets d’entreprise ne manquent pas.
Le thème est récurrent à chaque édition de l’Africa CEO Forum. Il est névralgique. Les capitaux n’entrent pas suffisamment sur le continent par la voie du Private Equity. Le continent dans son ensemble n’a enregistré que 145 opérations de capital-investissement en 2016. A peine plus qu’à Singapour et quatre fois moins qu’en Inde. La faute à qui ? L’atelier dédié au sujet au deuxième jour du CEO Forum n’a pas vraiment départagé porteurs de projets et gestionnaires de fonds.
Les seconds, managers de fonds d’investissement, sont souvent sous pression de leurs actionnaires et privilégient le rendement de court terme « pour sortir du capital des entreprises au bout de cinq-six ans avec une plus value ». C’est rarement ce que souhaitent les développeurs d’entreprise comme l’a subtilement rappelé Richard Lowe PDG de Activa, premier réseau africain dans l’assurance, basé à Maurice. « L’important est de partager une vision avec les investisseurs qui apportent leur capital. Pour cela il faut être très clair des le départ. Il faut bien avoir la même approche du risque et du développement » a t’il déclaré, lui qui compte dans son tour de table la SFI (filiale de la banque mondiale dédiée au privé) et Proparco (institution française de coopération pour le développement du privé).
Fonds de pensions africains ?
Les fonds d’investissement internationaux ont même réduit leur exposition sur le continent africain ces dernières années préférant des rendements plus faibles mais plus sures en Amérique latine notamment. Une des problématiques « alternatives » soulevées lors de cet atelier aura été la mobilisation de l’épargne dormante des africains pour l’employer dans le renforcement des fonds propres des PME émergentes sur le continent « et en faire les champions régionaux de demain ».
Des partisans de la capitalisation des fonds de retraite se sont exprimés, le sujet ayant cessé d’être tabou tant la rareté des financements pour le développement des entreprises retarde le décollage des économies continentales. En retour les gestionnaires de fonds, Albert Alsina, pour Mediterrania Capital Partners et Rony Lam pour MCB Capital Market, ont poliment rappelé la difficulté à lire les risques dans l’environnement d’affaires africain varié et parfois instable. Les entreprises, notamment les PME familiale, sont également rarement suffisamment bien structurées pour pouvoir recevoir un investisseur institutionnel.
«Celui ci va changer la gouvernance d’entreprise, renforcer la transparence et moderniser les procès de management ». Il faut l’assumer. Il faut du temps pour construire un champion régional en Afrique. Les fonds d’investissement peuvent accélérer ce processus. « Il faut déjà qu’ils fassent le pas de la bonne prise de risque pour accompagner les entreprises qui ne demander qu’à grandir au delà de leur marché domestique » concluait l’un des panélistes.