Le spectaculaire effondrement d’une bâtisse en construction de deux étages dans la cité Urba 2000 à El Achour à l’ouest d’Alger n’a pas seulement entaché la réputation de l’architecte M’Hamed Sahraoui. Le promoteur immobilier vient de perdre aussi son agrément sur ordre du ministre de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville Abdelmadjid Tebboune. Mais l’administration ne peut sortir indemne de cette « chute ».
Le plus surprenant dans l’affaire est que le ministère de l’habitat affirme, selon des médias, que le promoteur architecte ne disposait pas d’un permis de construire pour le bâtiment qui s’est effondré et qu’il aurait tout simplement ignoré des mises en demeure le sommant d’arrêter les travaux.
Le ministre de l’habitat a ordonné d’ouvrir une enquête autour de l’ensemble des constructions réalisées par l’architecte-promoteur qui est aussi le président de l’Organisation nationale des promoteurs immobiliers (ONPI) créée en 2015.
Une commission d’enquête a été envoyée sur place « pour constater les dysfonctionnements au niveau de cette bâtisse et mettre la lumière sur les véritables raisons à l’origine de l’effondrement de cette construction ».
Elle a pour mission « d’établir les responsabilités » et de proposer des » mesures à prendre à l’égard des acteurs ». Une rigueur qui semble bien tardive pour des professionnels particulièrement choqués par l’effondrement de la bâtisse filmée en direct.
Si l’image du promoteur immobilier, très connu sur la place d’Alger, reçoit un grand coup avec ce spectaculaire effondrement, l’administration n’en sort pas indemne.
La question qui fache
Après l’affirmation que la construction s’est faite sans permis, la question est sur toutes les lèvres : pourquoi les services concernés n’ont pas eu recours à la force publique pour stopper les travaux après le refus du promoteur d’obtempérer aux mises en demeure ?
L’architecte M’hamed Sahraoui est très connu et il ne manque pas d’entregents. Il a effectué une bonne partie de sa carrière dans le secteur public et a été désigné en 1972, architecte en chef chargé de la restauration des monuments historiques au ministère de la Culture.
Il s’installe en tant qu’architecte-urbaniste privé dès 1975 et assure la maitrise de nombreux projets. Il devient vers la seconde moitié des années 80, l’un des premiers promoteurs immobiliers privés en Algérie.
L’homme devient plus célèbre avec la réalisation de la résidence des Deux-Bassins à Ben Aknoun, un ensemble résidentiel de 300 logements. Pour certains, c’est la cité de la nouvelle nomenklatura, mais les gens l’appelle de manière plus simple la « cité Sahraoui ». Le projet Urba 2000 d’El Achour a été lancé en 1998.