La crise énergétique qui fait trembler le Vieux Continent est à la source directe de la baisse de la valeur de l’euro face au dollar.
La politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne, qui ne semble pas faire de la hausse des taux d’intérêt un outil de lutte contre une inflation galopante, pèse également sur la santé de la monnaie unique. La baisse de l’euro par rapport au dollar américain n’est pas sans conséquences sur l’économie algérienne et la trajectoire des comptes extérieurs plus particulièrement. Cette dégringolade de la principale devise du Vieux continent rend de nombreux produits importés moins cher et permet ainsi de faire des économies sur la facture d’importation.
Contacté par Maghreb Émergent, Kamel Benkhabecheche, économiste, conseiller en Investiestissement estime que la baisse de l’euro par rapport au billet vert impacte principalement la balance des paiements et le stock des réserves de change. Pour ce qui est de la balance des paiements, il a indiqué que « si on se base sur un volume moyen d’importations d’une quarantaine de milliards de dollars, une baisse de l’euro de 10% par rapport au dollar pourrait entrainer une économie d’environ 2 milliards de dollars (10% de 20 milliards dollars) ». L’économiste fait constater que les derniers chiffres des Douanes algériennes (2020) indiquent que les principaux fournisseurs de l’Algérie se trouvent en Europe avec, au tableau, 48,45% du total des échanges.
D’après Kamel Benkhabecheche, l’année 2022 pourrait ressembler à l’année 2015 où la Banque d’Algérie notait dans sa note de conjoncture : » …les importations de biens (fob), qui ont connu un trend haussier ces dernières années, ont baissé en 2015 dans un contexte marqué par une forte dépréciation de l’euro par rapport au dollar (-16,55 % en moyenne annuelle) »
Pertes sur les réserves de change…
Ces importations se sont établies à 52,65 milliards de dollars au cours de l’année sous revue contre 59,67 milliards de dollars en 2014, soit une diminution de 11,8 % ». Des entreprises, dont les intrants sont importés d’Europe, vont voir leurs coûts baisser. L’Indice des prix à la production de l’année en cours n’a pas été encore publié, mais on suppose que les entreprises gagnent au change, même si, globalement, il ne s’agissait que d’une baisse marginale des coûts rapportés aux difficultés de trésorerie, héritées des deux années de choc pandémique et de choc des prix des produits de base à l’international.
Au chapitre des réserves de change, en revanche, l’impact de la chute de l’euro par rapport au dollar est différent. Etant donné qu’une partie du stock des réserves de change (RC) est placée en euro -même s’il n’existe pas de chiffres officiels en la matière- la dégringolade de la monnaie unique entrainerait des pertes sur les réserves de change du pays. D’après les chiffres de la Banque d’Algérie, les réserves de change de l’Algérie investies dans les banques souveraines occidentales représentaient environ 46 milliards de dollars à fin 2021. « La baisse de l’Euro en 2022 (9% au 10/08/2022) entrainerait un effet de change négatif qu’on peut évaluer à environ 1.5 milliards de dollars sur les réserves de change », estime Kamel Benkhabecheche qui évaluent les placements en euro à environ 50 % du stock global. L’économiste rappelle qu’en 2020, « lorsque l’euro s’était apprécié d’environ 10 % par rapport au dollar américain, on a assisté à la situation inverse : un effet de change positif (effet de valorisation) de 1.893 milliards de dollar, selon la Banque d’Algérie ».
Ali. T.