La sortie des Etats-Unis, second pollueur après la Chine, de l’accord de Paris sur le climat, un moment redoutée, n’est plus une catastrophe. Politiques, scientifiques et patrons d’industrie pensent que le challenge reste »jouable », sans les Etats-Unis.
Sur Europe1, le ministre Français de la Transition écologique et solidaire Nicholas Hulot a souligné qu »’il y a peut-être quelque chose de positif qui sort de cette décision ». « Je pense qu’il y a un axe autour de la solidarité universelle qui va se créer. Peut-être un axe inattendu entre l’Europe, la Chine, l’Inde, y compris aux Etats-Unis. » Le ministre Français, un des fers de lance du combat mondial pour la protection de la planète des effets d’une industrialisation à outrance, pense en effet que »plutôt que de baisser nos ambitions, nous allons nous-mêmes les réviser à la hausse et je pense que l’on va entraîner dans notre sillage nombre d’Etats. Mais, c’est aux Etats-Unis que la décision de Donald Trump de se désengager de cet accord sur le climat, négocié durant plusieurs années entre les puissances industrielles, a été le plus critiquée. Selon Nicolas Hulot, »elle ne fait pas l’unanimité, en dehors des »industriels du charbon », et l’opposition de certains Etats (Californie, New York, Washington, notamment), de plusieurs grandes villes et d’une partie des acteurs économiques pourrait se renforcer. » En France, il est hors de question de négocier à la baisse ce premier accord universel sur le climat conclu à Paris en 2015 par 195, et entré en vigueur en novembre 2016.
Pas de plan »B »
« Sur le climat, il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B », a ironisé de son côté jeudi le président Français Emmanuel Macron. Il a détourné le slogan de Trump « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l’Amérique ») pour en faire un cri de rassemblement mondial: « Make Our Planet Great Again » (« Rendre sa grandeur à la planète »). Aux Etats-Unis, cependant, la décision de Trump n’aura pas de conséquences immédiates sur la stratégie, ni sur les investissements des grandes industries. Le Wall Street journal énumère trois raisons à cela. »D’abord, certaines grandes entreprises doivent répondre à la demande, formulée par leurs actionnaires et leurs clients, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre”. Le géant pétrolier Exxon Mobil est dans cette logique avec 62% des actionnaires qui ont demandé qu’à partir de 2018 soit publié un rapport annuel sur l’impact du changement climatique sur ses activités, et sur sa politique pour y faire face. Ensuite, »certains géants américains, comme le conglomérat General Electric ou le constructeur automobile Ford, “ont déjà fait des investissements à long terme pour réduire leur empreinte carbone en se projetant dans les décennies à venir”, et non pas en fonction du contexte politique actuel.
Patrons d’industrie et Silicon Valley contre Trump
Enfin, poursuit le WSJ, »nombre d’industriels se sont déjà convertis au gaz naturel et à l’électricité “verte”, dont les coûts ont énormément baissé, ou sont implantés dans des pays ou des États – comme la Californie – qui ont mis en place des réglementations visant à lutter contre le réchauffement climatique. Dans une lettre ouverte, 25 entreprises américaines, dont Apple, Facebook, Google et Microsoft, avaient acheté des pleines pages de publicité dans The New York Times, The Wall Street Journal et le New York Post pour demander au président américain de rester dans l’accord de Paris. Dans cette lettre ouverte, elles affirmaient que l’accord de Paris »permettait à la fois de renforcer leur compétitivité, de créer des emplois, des marchés et de la croissance, et de réduire les risques commerciaux. »
De son côté, le PDG de Tesla, Elon Musk, a tweeté après la décision de Trump: »je quitte les conseils présidentiels. Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique ni pour le monde”.Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine. Ils ne pourront se retirer formellement de l’Accord de Paris qu’après le 4 novembre 2020. Le texte prévoit de contenir le réchauffement climatique « bien en-dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels.