Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi son intention de faire sortir les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, et déclenché une vague de condamnations sur la scène internationale et dans les milieux d’affaires.
Renouant avec le message d' »America first » de sa campagne, le président américain a justifié sa décision en dénonçant un accord néfaste pour l’économie américaine, destructeur d’emplois et de la souveraineté du pays. L’accord désavantage les Etats-Unis face aux autres pays, a-t-il déclaré, mentionnant en particulier la Chine.
« Nous ne voulons plus que d’autres dirigeants et d’autres pays se moquent de nous. Et ils ne le feront pas », a dit le président. « Ces mêmes pays qui nous demandent de rester dans l’accord sont ceux qui ont coûté à l’Amérique des milliers de milliards de dollars par leurs pratiques commerciales et, dans de nombreux cas, de faibles contributions à notre alliance militaire essentielle », a-t-il ajouté.
Les partisans de l’accord, et notamment des figures clés de grands groupes américains, de Tesla à Microsoft en passant par General Electric, ont dénoncé un revers pour la lutte contre le réchauffement de la planète. Les gouverneurs de trois Etats, la Californie, l’Etat de Washington et de New York, ont annoncé jeudi la création d’une « alliance pour le climat » d’Etats engagés à poursuivre les objectifs de l’Accord de Paris.
Trump, qui a un temps assimilé le réchauffement climatique à un « canular », a annoncé en outre que son administration débuterait des négociations pour revenir dans l’Accord de Paris ou pour obtenir un nouvel accord « en des termes qui soient équitables pour les Etats-Unis, leurs entreprises, leurs salariés, leur population, leurs contribuables. »
Le président français Emmanuel Macron a téléphoné jeudi à Donald Trump pour lui dire que « rien n’était renégociable » dans l’Accord de Paris sur le climat. La France, l’Allemagne et l’Italie ont défendu ensemble cette position dans un communiqué conjoint. et
Séparément, la Première ministre britannique Theresa May a dit au président sa « déception », un sentiment partagé outre-Atlantique par le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
L’ancien président américain Barack Obama, qui a été un des acteurs clés ayant rendu possible l’Accord de Paris, a dit ses regrets. »Les pays qui restent dans l’Accord de Paris sont les pays qui récolteront les bénéfices en termes d’emplois et d’industries créés. Je crois que les États-Unis d’Amérique devraient être en tête du peloton », a-t-il déclaré.
L’Union européenne, tout en disant regretter la décision « unilatérale » des Etats-Unis, a dit sa volonté de trouver de « nouvelles alliances » pour lutter contre le changement climatique.
En Chine, premier pollueur mondial devant les Etats-Unis depuis 2007, les médias d’Etat ont dénoncé vendredi un « revers mondial » et réfuté les justifications du président quant à des créations d’emploi sur le sol américain.
SORTIE EN 2020
« Nous sortons », a déclaré le président des Etats-Unis lors d’une cérémonie à la roseraie de la Maison blanche, où il a qualifié les conditions économiques et financières liées à l’Accord de Paris de « draconiennes ». Le retrait des Etats-Unis, a-t-il dit, « représente une réaffirmation de la souveraineté américaine ».
« J’ai été élu pour représenter les citoyens de Pittsburgh, pas de Paris », a-t-il lancé. Le maire démocrate de Pittsburgh, en Pennsylvanie, Bill Peduto, a rétorqué sur Twitter que sa ville, longtemps au coeur de l’industrie sidérurgique américaine, était en faveur de l’Accord de Paris.
Les Etats-Unis vont mettre fin aux versements au Fonds vert pour le climat de l’Onu, un mécanisme qui prévoit des engagements de milliards de dollars chaque année de la part des pays développés, a ajouté Trump. Washington respectera les règles fixées par l’Onu pour quitter l’accord, a précisé la Maison blanche.
Selon l’article 28 de l’accord, un délai de quatre ans à compter de l’entrée en vigueur du 4 novembre dernier est nécessaire à toute dénonciation du traité. Cela porte à novembre 2020 une sortie effective des engagements de Paris, date qui est aussi celle de la prochaine élection présidentielle américaine. L’accord de Paris ne sera cependant totalement contraignant qu’à partir de 2020.
Par ce retrait, les États-Unis rejoindront la Syrie et le Nicaragua comme les seuls pays du monde à ne pas participer à l’Accord de Paris. L’Accord de Paris sur le climat est entré en vigueur le 4 novembre dernier, après sa ratification par au moins 55 pays comptant plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Les Etats-Unis et la Chine l’avaient ratifié ensemble début septembre 2016.
Les Etats-Unis, responsables de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, s’étaient engagés à réduire d’ici 2025 de 26 à 28% leurs émissions par rapport aux niveaux de 2005.
Attribuée par les scientifiques aux gaz à effet de serre issus des activités humaines, la dynamique de réchauffement a abouti en 2016 à l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés au dix-neuvième siècle.
Reuters