Le dernier rapport du Centre national des statistiques douanières en date du 22 août 2016, avec un déficit commercial record de janvier à fin juillet 2016 non compris d’ailleurs les montants des services et des transferts légaux de capitaux, impliquent des mesures non conjoncturelles et une vision stratégique se fondant sur des réformes structurelles afin d’éviter horizon 2019/2020 l’épuisement des réserves de change (1).
1.-Selon les statistiques officielles du gouvernement, l’Algérie a accusé un déficit commercial non inclus les services et les transferts de capitaux, de 13,7 milliards de dollars US (Mds US) en 2015 en raison de la baisse des cours des hydrocarbures et le taux de couverture des importations par les exportations a été de 73% contre 107% en 2014. Selon les statistiques douanières citées par l’APS en date du 22 aout 2016, pour les sept premiers mois de 2016, le déficit commercial de l’Algérie a atteint 11,93 milliards de dollars (mds usd) contre un déficit de 9,43 mds usd à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 26,5%. Les exportations sont évaluées à 15,14 mds usd contre 22,1 mds usd sur la même période de 2015 (-31,48%), soit un recul de près de 7 mds usd, Les importations, malgré toutes les restrictions se sont établies à 27,07 mds usd contre 31,53 mds usd (-14,14%), en baisse seulement de 4,46 mds usd, donnant un taux de couverture des importations par les exportations de 56% contre 70% entre les deux périodes de comparaison Les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger pour une part de 93,73% du volume global des exportations, avec un montant de 14,19 mds usd durant les sept premiers mois, contre 20,9 mds usd à la même période de 2015 (-32,09%), soit une baisse de 6,71 mds usd. Les exportations hors hydrocarbures, ont représenté 6,27% du montant global des exportations, ont diminué à 949 millions usd, en baisse de 20,72% par rapport aux sept premiers mois de 2015, composées des demi-produits avec 710 millions usd essentiellement de dérivées d’hydrocarbures soit 75%. Cela donne un total exportation hydrocarbures et dérivées de 97/98%, l’Algérie n’ayant rien à exporter en dehors des hydrocarbures.
2.-Quelles conclusion en tirer ? Sans démagogie, les responsables algériens par un langage de vérité, doivent analyser la dure réalité en face pour se corriger, devant privilégier avant tout les intérêts supérieurs du pays Au rythme des sept premier mois de 2016 les recettes d’exportation, évaluées pour les sept premiers mois à 15,14 mds sur les 6,27% plus de 60% se situeront à environ 26 milliards de dollars. Ce sont les recettes et en prenant un ratio moyen de 20% de coût le profit net serait de 21 milliards de dollars. Pour les importations établies à 27,07 mds usd pour les sept premiers mois, au même rythme nous aurons une importation de biens de 47 milliards de dollars. Les données douanières ne mentionnent que les biens alors que le document de référence est la balance des paiements. A ce montant il faudra ajouter environ 9 milliards de dollars d’importation de services (la moyenne entre 2010/2015 a été de 10/12 milliards de dollars par an ) plus les transferts légaux de capitaux d’environ ¾ milliards de dollars, ce qui nous donnerait une sortie de devises fin 2016 d’environ 59/60 milliards de dollars. Ainsi le déficit global contrairement à certaines affirmations euphoriques, au même rythme des sept premiers mois 2016(importation biens et services /exportation avec un cours ne dépassant pas 50 dollars le baril, devrait dépasser les 30 milliards de dollars. L’Algérie a besoin d’une visions stratégique qui fit cruellement défaut, tenant compte tant de la transformation du monde que de la société algérienne et non de mesures conjoncturelles, devant s’attaquer à l’essentiel et non au secondaire. Comme ce résultat mitigé de l’emprunt obligataire concernant la partie dinars, où a été réalisé un transfert de la sphère réelle vers la sphère réelle avec des rentes spéculatives asséchant les banques, alors qu’existent d’autres niches : voyez ces bateaux en rade avec des cours de surestaries supérieurs au moment promis de cet emprunt Un sursaut national s’impose pour des raisons de sécurité nationale, loin de la démagogie dévastatrice, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques.
3.-L’Algérie, pays à importantes potentialités, a besoin d’actions concrètes sur le terrain. Faute de quoi, les prévisions de la banque mondiale, qui sont partie des données officielles algériennes, en cas de non changement de la trajectoire socio-économique, d’une nouvelle gouvernance locale et centrale, supposant de profondes réformes structurelles, risquent de s’avérer malheureusement juste(1). Le risque est un épuisement des réserves de change horizon 2019/2020. En bref, évitons tant les discours de sinistrose que les discours euphoriques, L’Algérie pour ne pas renouveler l’expérience malheureuse des impacts de la crise de 1986, la différence avec cette période, un stock des réserves de change important bien qu’en nette diminution et une dette extérieure relativement faible, doit trouver un consensus social minimum, associant toutes les forces politises et économiques soucieuses des intérêts supérieurs du pays. L’on devra dépasser les clivages partisans étroits et aller vers les véritables réformes institutionnelles et micro-économiques, le cadre macro économique relativement stabilisé par la rente des hydrocarbures étant éphémère.
(*) Professeur des Universités expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL
NB -En vue d’étudier le rapport du 07 juillet 2016 pour la région MENA de la Banque mondiale, consacré à l’impact de la baisse du cours du pétrole sur les pays pétroliers de la région MENA, une rencontre Algérie / Banque mondiale est prévue à Alger le lundi 29 août de 14h30 à 16h30 sur le thème « QUID DES PRIX DU PÉTROLE ? ». Le présentateur sera M. Shantayanan Devarajan – Économiste En Chef du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord de la Banque mondiale, les panélistes choisis sont M. Sid Ali Boukrami Professeur des Universités -M. Abdelhak Bedjaoui Directeur Général, Relations Economiques et Financières Étrangères, Ministère des Finances, Algérie -M. Djamel Benbelkacem – Directeur Général des Etudes, Banque d’Algérie -M. Abderrahmane Mebtoul – Professeur des Universités et le Modérateur : M. Demba Ba – Représentant Résident, Groupe de la Banque Mondiale en Algérie
(1)-Pr Abderrahmane MEBTOUL au quotidien gouvernemental El Moudjahid « à la Une » (mardi 28 août 2016) « Réussir les réformes structurelles »