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Comment Oran va profiter des Jeux Méditerranéens de 2021 (Enquête)

Par Maghreb Émergent
septembre 11, 2015
Comment Oran va profiter des Jeux Méditerranéens de 2021 (Enquête)
Oran Jeux Méditerranéens

 

Oran a obtenu le 27 août 2015 à Pescara, l’organisation des Jeux méditerranéens de septembre 2021. Cet événement inédit pour la ville suscite néanmoins des interrogations chez les représentants locaux. Les plans de réaménagement local seront-ils aboutis à temps ? Quels seront les apports des jeux pour Oran ? Des interrogations et des critiques.

Assis confortablement dans le mini-salon de son bureau, doté d’une baie vitrée offrant une vue privilégiée sur les horizons maritimes de la commune d’Oran, Abdelghani Zaalane, le wali d’Oran, présente sa ville et sa wilaya comme un chantier à ciel ouvert. «Maintenant qu’on a les jeux, il faut préparer la mariée (Oran, ndlr)», ironise t-il en sirotant son café. Dans le cadre du plan quinquennal de 2010-2014 (plan national de lancement de projets englobant tous les secteurs du pays, ndlr), une série de plans de réajustement territorial a été entamée par les autorités d’Oran, avant sa candidature officielle pour l’organisation des JM 2021. Dans ce cadre, une enveloppe budgétaire de 5 milliards de dinars accordés à la wilaya d’Oran, a été allouée pour le lancement notamment, d’une vaste série d’ouvrages composant le futur complexe olympique (Bir El Djir) avec dans l’ordre d’importance : le futur stade olympique d’Oran (40.000 places) et ses équipements attenants (terrains de réplique, stade d’athlétisme, salle omnisports de 6000 places, centre d’hébergement des sportifs, aires de jeux, espaces verts etc…). Le tout «prévu pour 2019 et conçu aux normes du CIJM» assure le wali. A un kilomètre de distance devrait se tenir, le Village méditerranéen (Bir El Djir), réalisé actuellement à 60% avec une capacité actuelle de 4000 lits qui devrait être portée à 20.000. Cette structure d’hébergement devrait accueillir 6500 athlètes dont les premiers seront ceux des délégations sportives des pays qui participeront aux JM 2021. «Les chantiers du dernier plan quinquennal seront réintégrés dans le futur plan accéléré, de réaménagement et de préparation de la ville, qui devra être finalisé pour les échéances sportives de 2021», annonce aussi Abdelghani Zaalane. Ce nouveau plan, prévoit la mise en état de plusieurs terrains sportifs, dont environ la moitié sur une vingtaine, font l’objet de «travaux requis» selon la liste classée dans le dossier du comité de candidature d’Oran aux JM2021.

Plan de constructions sur fond de « crise financière »

Le nouveau plan d’action qui n’a pas encore été arrêté, devrait «permettre à la ville de récupérer le retard concernant notamment plusieurs sites à viabiliser (rehaussement de façades, assainissement… etc.)», précise Abdelhak Kazi-Tani, président de l’assemblée populaire de la wilaya d’Oran (P/APW). Début mars 2015, l’Office de promotion et de gestion immobilière de la wilaya d’Oran a annoncé un projet de réhabilitation de plus de 200 anciennes bâtisses situées dans plusieurs quartiers de la commune. La rue Larbi Ben M’hidi qui est à un stade avancé selon le wali, la rue Mohamed Khemisti, le boulevard Mâata et le quartier de Sidi El Houari.

«Dans le contexte actuel de crise financière, liée à la chute du prix de baril de pétrole, amplifiée par la dévaluation du dinar, l’évolution des chantiers pourrait potentiellement être ralentie, je me demande si les six années à venir suffiront», nuance un ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Oranie (CCIO). «Le montant de l’enveloppe budgétaire supplémentaire associée au financement du nouveau plan devraient être clairement défini lors d’une prochaine réunion avec les autorités locales», a annoncé le wali. Entre temps, des premiers chiffres émergent déjà : le dossier de candidature de la ville d’Oran aux JM 2021 révèle un premier budget prévisionnel de dépenses de 52 millions de dollars pour l’organisation des jeux (cérémonie d’ouverture, activités promotionnelles, hébergement, ressources humaines) qui n’intègre pas, néanmoins, les investissements prévus pour les installations sportives, dont certaines comme le stade olympique a requis en 2014 un crédit de paiement de plus de 3 milliards de dinars, ou comme la rénovation des deux stades omnisports Akid Lotfi et El Hamri qui devraient coûter environ 150 millions de dinars (travaux prévus en 2015) selon les chiffres du même dossier.

Un cadre sportif contesté

«Nous avons des garanties d’engagement financier de la part des hautes autorités du pays qui ont fait des JM 2021 une priorité», rassure le wali d’Oran. «Le budget répondra au financement des axes prioritaires de développement, notamment celui des transports», précise Abdelhak Kazi-Tani, en révélant que «les trois tronçons planifiés pour l’extension du tramway de la ville (passant de 18km à 54km, travaux prévus en 2015, ndlr) qui sera relié à l’aéroport d’Oran Es-Senia sont également en attente d’affectation budgétaire». Si le nouvel aérodrome de l’aéroport d’Oran (135 millions d’euro pour la réalisation, avec une capacité passant de 800.000 à 2,5 millions de passagers par an) devrait être livré en juin 2017, la conception du futur métro d’Oran est encore à l’étude et la création d’un périphérique, reliant le port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest pour désengorger la ville des poids lourds est encore en cours de lancement.

Dans l’éventail des critiques récoltées, sous couvert d’anonymat, auprès de sportifs d’Oran, de membres du COA, de membres de la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) et du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), une majorité regrette que le vivier d’experts sportifs oranais n’ait pas été sollicité pendant la candidature, se demandant à ce titre, si une équipe spécialisée sera associée au comité d’organisation des jeux. Ils pointent du doigt également l’absence de cadre sportif à l’échelle oranaise et nationale, liée notamment à la «diminution progressive du nombre de sportifs depuis l’indépendance, à la relative faible fréquentation des lieux dédiés, au manque d’encouragement et de valorisation du niveau sportif national».

 

Oran Jeux Méditerranéens

 

Visage du futur comité d’organisation

L’organigramme du futur comité d’organisation n’a pas été clairement défini. Dans les grandes lignes, l’affaire devrait être réglée sous l’égide du premier ministre, Abdelmalek Sellal, par le Comité olympique algérien (COA) et des autorités locales (Wali, P/APW et P/APC) et ce, avec le recours et le suivi du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM) présidé par l’Algérien Amar Addadi. «Ce cercle d’instances restreint sera élargi aux différents cercles d’experts», confirment le P/APW et le wali, qui précisent néanmoins «qu’Oran assurera les volets liés à la construction et à la restructuration des équipements de la ville et non le cadre sportif qui est à la charge des institutions sportives locales et nationales concernées».

«L’organisation des JM 2021 sera aussi l’occasion de former les gens à la bonne gestion de toutes les structures sportives qui démarreront», ajoute le P/APWI, des structures qui accueilleront gratuitement le public des jeux. «Il faut que la population locale soit la première ambassadrice de la ville», estime le wali, en ajoutant qu’un appel à la mobilisation de 2500 bénévoles ciblera un vivier de 150.000 étudiants oranais. «A la fin des jeux, le Village méditerranéen sera versé en héritage aux étudiants, le projet a d’ailleurs été conçu avec l’aval du ministère de l’Enseignement supérieur», assure le wali. En s’inscrivant dans une politique de prestige, la présidence avait opté pour une décentralisation des évènements sportifs et culturels, faisant d’Oran, «un hôte de choix» pour les JM 2021 qui devraient accroitre le dynamisme de la deuxième ville économique du pays (75.000 opérateurs économiques selon CCIO) et une des destinations touristiques privilégiées par le tourisme local (13 millions de visiteurs durant l’année 2014, selon la protection civile, avec 157 hôtels et un chantier de 70 établissements hôtelier supplémentaires prévu).

Embellir l’interface touristique

La prochaine réhabilitation du téléphérique devrait faciliter l’accès au Fort de Santa Cruz, qui surplombe la sculpture de la vierge érigée sur l’église de Notre dame du Salut. Un ouvrage symbolique de la ville dont la restauration planifiée sera financée par les collectivités territoriales et des mécènes privés. Et ce au même titre que le Palais du Bey dont la rénovation sera couverte par des fonds publics et des fonds turcs, conformément à l’accord diplomatique scellé entre Ankara et Alger, suite à la visite de Receip Tayyip Erdogan, premier ministre turc, en novembre 2014. Les fonds publics devraient couvrir également la refonte de plusieurs sites touristiques à l’instar du Minaret de la Perle, des Arènes, de la Porte d’Espagne, des Jardin de l’Étang, du musée d’Arts modernes d’Oran – MAMO (réception prévue fin 2015) – et du musée de la mer (opération de restauration entamée en 2014) qui siège dans les locaux de l’ancienne préfecture d’Oran. A l’aube du lancement des jeux, le secteur de la culture devrait également être mis à contribution. Les lignes du dossier du comité de candidature d’Oran annoncent une programmation spéciale, pendant et après les jeux, comprenant soirées artistiques, concerts et pièces théâtrales entre autres.

L’évènement : moteur de développement

«On prépare actuellement deux spectacles, un pour le mois d’octobre 2015, intitulé «J’M Oran» en hommage aux sportifs oranais et un deuxième de deux heures, à l’approche du lancement des jeux, intitulé «Oran Raconte», qui contera l’histoire d’Oran avec une scène de 50 comédiens», annonce Mohamed Mihoubi, président de l’association culturelle AMEL, qui regrette que des «subventions étatiques ne lui permettent pas de mieux équiper la scène et les comédiens». Des propos nuancés par le P/APW qui affirme qu’un «programme d’accompagnement mobilisera toutes les instances dont celles de la Culture». «De nombreuses villes du monde ont connu une avancée internationale par rapport aux jeux», raconte le wali d’Oran qui estime que « l’impulsion d’une culture évènementielle oranaise, à l’image de l’organisation du LNG 16 (conférence internationale sur le gaz, avril 2010, ndlr) dont l’actuel Centre des conventions en est le fruit (CCO – comprenant le Palais des expositions, l’hôtel Méridien et la salle de conférence), devrait rehausser l’armature d’El Bahia (Oran) et promouvoir le niveau local puisque la fête est chez nous».

 

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