L’Italie confirme sa position dominante dans les relations économiques avec l’Algérie, atteignant un volume d’échanges record de 20 milliards d’euros en 2022, contre 7,19 milliards d’euros en 2021. En comparaison, la France maintient une présence économique plus modeste, avec des échanges progressant de 8,7 à 11,8 milliards d’euros entre 2021 et 2023, avant de connaître un ralentissement au premier semestre 2024 (-5,4%), s’établissant à 5,4 milliards d’euros. Ce recul coïncide avec les tensions diplomatiques liées à la question du Sahara occidental.
Cette prédominance italienne s’est particulièrement illustrée lors de la 15ème Commission mixte algéro-italienne, tenue du 3 au 5 décembre 2024 au Palais Cornoldi. Sous la coprésidence du Dr. Luisa Riccardi, secrétaire générale de la Défense italienne et du général Mohamed Salah Benbicha, secrétaire général du ministère de la Défense nationale algérien, la rencontre a débouché sur des accords majeurs.
Des accords stratégiques dans le secteur militaire
Selon Menadefense, la coopération militaire s’est imposée comme l’axe central des négociations. Une joint-venture entre Leonardo et EPIC/EDIA prévoit l’assemblage d’hélicoptères AW-139 à Sétif. Dans le secteur naval, deux projets d’envergure ont été actés : l’acquisition d’une unité de soutien logistique basée sur le modèle du navire « Vulcano » de Fincantieri, et l’expansion du chantier naval d’Annaba. Les délégations ont également effectué des visites stratégiques chez Iveco Defense Vehicles à Bolzano et Leonardo à Ronchi dei Legionari.
Le succès italien repose notamment sur la solidité de la relation énergétique, l’Algérie assurant 40% de l’approvisionnement en gaz de l’Italie. Les investissements italiens, qui s’élèvent à 10 milliards d’euros en 2021, se diversifient au-delà des secteurs traditionnels comme l’énergie et les travaux publics, pour s’étendre à l’agroalimentaire, au biomédical et au numérique.
Des perspectives de croissance pour 2025
La Commission a établi un calendrier de rencontres régulières pour 2025, témoignant de la volonté italienne de renforcer ce partenariat stratégique, à commencer par la tenue incessament du 5e sommet intergouvernemental algéro-italien prévu à Rome. Cette relation bilatérale, fondée sur des intérêts économiques et stratégiques mutuels, s’impose comme un modèle de coopération en Méditerranée.
L’approche pragmatique italienne, moins marquée par les contentieux historiques que la relation franco-algérienne, semble ainsi porter ses fruits, creusant l’écart avec la France dans cette région stratégique.
Yasser Kassama