Le gouvernement n’a aucune vision, encore moins une stratégie pour développer les exportations hors hydrocarbures. Ali Bey Nasri, Président de l’association des exportateurs Algériens fait un constat amer, quelques semaines après le 1er forum africain d’investissements et d’affaires d’Alger.
Les exportateurs algériens attendent que »l’Etat ouvre les vannes de l’exportation. » »Nous attendons de la réactivité de la part du gouvernement pour mettre à niveau la réglementation des changes qu’il faut mettre aux standards internationaux », souligne Ali Bey Nasri dans un entretien à la radio nationale. En dépit des déclarations des ministres du gouvernement, le constat est déprimant sur le système bancaire national: »cette réglementation (des changes) nous bride, on a besoin de libérer l’exportateur algérien, et prendre l’exemple sur les pays qui ont réussi dans ce domaine », en référence aux pays voisins. Pour lui, »il faut revoir les facilitations de commerce extérieur, il faut qu’on aille vers une stratégie d’ensemble, car (pour le moment) le commerce extérieur en Algérie est un véritable problème. » Il cite ainsi l’exemple des Douanes, qui ont mis à niveau leur réglementation, et qui facilitent »aujourd’hui le commerce extérieur. » Mais pas la Banque d’Algérie, qui gère le commerce extérieur. »Nous sommes passés de 6.000 à 15.940 positions tarifaires, ce qui dénote de l’évolution des Douanes algériennes », explique t-il, avant de relever que » les goulots d’étranglements, dont le contrôle des change imposé par la Banque centrale, demeurent, hélas! »
Zone franche à »Tam » vers l’Afrique
Il a rappelé que son association avait mis sur la table, lors du 1er forum africain d’investissements et d’affaires d’Alger, cinq propositions pour sortir le commerce extérieur du ghetto. Parmi ces propositions, il y a la nécessité de la création, a-t-il dit, d’une zone franche à Tamanrasset. »Nous avons une frontière avec le Mali et le Niger et de là on peut aller vers l’Afrique de l’ouest et de l’est avec le Niger vers le Nigeria et le Tchad, aucun pays n’a cet avantage », estime t-il, indiquant que 250 camions entrent et sortent chaque jour du Niger vers l’Algérie. »Il faut une zone franche à Tamanrasset pour capter le commerce local », affirme t-il, avant de préciser qu »’il faut un accompagnement d’un consortium de banques publiques pour exercer un lobbying auprès des bailleurs de fond », dont la BAD et la BID. »Nous avons besoin d’un outil de pilotage pour l’exportation, on ne peut plus continuer comme ça, il y a des dysfonctionnements qu’on doit régler. » Pour le président de l’Association des exportateurs algériens, »il n’y a pas de stratégie ni de vision à long terme en matière de commerce extérieur ».
Un »pilote » pour les exportations
»Nous attendons que le gouvernement aille vers l’émergence de certains champions de l’exportation, ou une ébauche de cette stratégie d’exportation, (car) les gens sur le terrain sont confrontés à beaucoup de difficultés. » Actuellement, il y a 722 exportateurs Algériens, dont 250 nouveaux. »Cela encourage les gens à venir, mais à l’intérieur, c’est autre chose, avec les grandes difficultés des entreprises exportatrices, qui n’attendent pas que l’Etat mette en place leur stratégie, mais l’Etat doit les aider », estime t-il. Depuis plus de 30 ans, les exportations algériennes ne dépassent pas les deux milliards de dollars annuellement. Il y a une année, Ali Bey Nasri avait déjà lancé l’alerte: l’Algérie a réalisé deux milliards de dollars d’exportations hors-hydrocarbures en 2015, dont 1,7 milliard de dollars sont des dérivés des hydrocarbures de manière directe ou indirecte, et seulement 300 millions de dollars de »marchandises », déplore-t-il. Pis, il affirme qu’en réalité, les pouvoirs publics n’encouragent pas les exportateurs. En 2015, »nous avons perdu 115 exportateurs. On n’a pas voulu le signaler car c’est un signe négatif », explique t-il.