Cela fait six mois aujourd’hui, 29 juin 2023, que notre père et époux, le journaliste Ihsane El Kadi, est en prison. Le 18 juin, la cour d’appel d’Alger a alourdi sa peine, le condamnant à sept ans de prison, dont cinq années ferme. Cette condamnation est intervenue après un procès où a été publiquement démontrée la vacuité du dossier à charge et où les nombreuses violations au droit commises contre Ihsane El Kadi depuis le moment de son arrestation ont été reconnues par le procureur de la République.
L’aggravation de la peine en appel a été vécue comme une énième injustice par nous, les membres de sa famille, mais aussi par ses amis, ses collègues et les Algériens qui continuent de croire à la possibilité de bâtir un Etat de droit dans notre pays.
Si nous ne sommes pas abattus aujourd’hui, c’est parce que la force et le courage dont fait preuve Ihsane, du fond de sa cellule, sont pour nous une inspiration au quotidien. Son sourire ne le quitte pas. Il est confiant en son combat et fort du soutien formidable qu’il reçoit de tous les horizons, en permanence. Que ce soit celui des nombreux citoyens qu’il ne connaît pas et qui, pourtant, lui écrivent pour exprimer leur solidarité et leur affection, ou celui de personnalités au rayonnement mondial, comme Leila Shahid, militante infatigable, étoile brillante dans le firmament de la libération de la Palestine.
De la prison d’El Harrach où il se trouve à Alger, Ihsane tient à remercier Leila Shahid et les intellectuels à la renommée mondiale, Noam Chomsky, Arundhati Roy, Annie Ernaux, Ken Loach, Youssef Seddik, Etienne Balibar, Joyce Blau, Achille Mbembe, Abdelatif Laabi et Elias Khoury. Il veut dire combien il est ému et honoré de recevoir le soutien public de ces sommités mondiales qui contribuent par leur talent, leur génie, mais aussi leur engagement politique envers les opprimés, où qu’ils se trouvent, à faire étinceler de mille feux la pensée généreuse et intelligente de l’humanité toute entière. Nous nous joignons à lui pour leur dire notre gratitude.
Nous remercions également Cheikh Sidi Bemol, Fares Yessad et tous les artistes algériens qui, avec courage et créativité, ont affirmé haut et fort qu’ils se tenaient aux côtés de la cause des journalistes incarcérés et de tous les détenus d’opinion en Algérie.
Nous sommes profondément touchés par les centaines d’appels et de messages de solidarité reçus après l’annonce du verdict. Notre infinie gratitude va aux avocats, en Algérie et à l’étranger, qui ont malgré toutes les difficultés, mobilisé leurs compétences et énergies pour défendre Ihsane.
L’épreuve qui nous est infligée par cet acharnement contre notre père et époux n’est pas la nôtre uniquement, elle est aussi celle de centaines d’autres parents et familles de détenus d’opinion algériens dont les vies sont harponnées au quotidien par l’engrenage insensé de l’arbitraire. A toutes ces familles, à tous les détenus d’opinion en Algérie, nous tenons à exprimer, aujourd’hui plus que jamais, notre solidarité et notre fraternité.
La famille du journaliste et prisonnier politique Ihsane El Kadi