Nous, travailleuses et travailleurs d’Interface Médias (IM), société éditrice du journal électronique « Maghreb Émergent » et de la radio web « Radio M », nous trouvons au chômage -partiel depuis le 24 décembre 2022 puis total depuis le 02 avril 2023- suite à la mise sous scellés des locaux de la société, la confiscation de ses équipements et l’arrestation de son directeur, Ihsane El Kadi.
Comme l’arrestation d’Ihsane El Kadi, condamné depuis le 02 avril à 5 ans d’emprisonnement pour ses opinions et non pas comme l’affirme le discours officiel pour avoir reçu des « fonds en vue de porter atteinte à la sureté de l’Etat, sa stabilité, sa sécurité, etc.. », la mise sous scellés d’IM le 24 décembre 2022 est totalement arbitraire car elle n’est fondée sur aucune décision judiciaire. Elle restera arbitraire malgré la tentative de la justice de la légaliser à postériori le 2 avril dernier. Celle-ci, tout en infligeant à IM de fortes amendes et en ordonnant la saisie définitive de son matériel audio-visuel, a prononcé la dissolution de l’entreprise en flagrante transgression de l’article 107 de la loi sur l’audiovisuel qui ne prévoit nullement une telle sanction, ni ne s’applique à la presse en ligne. La justice a, de ce fait, rempli une fonction qui n’est pas la sienne en éliminant sciemment du paysage médiatique algérien un des derniers espaces d’expression libre et indépendant.
A cause du règlement de comptes politiques sous habillage judiciaire contre Ihsane El Kadi, la trentaine de salariés que nous sommes ainsi que nos familles sommes réduits depuis plus de quatre mois à une situation économique des plus difficiles et des plus précaires.
Une situation qui ne semble pas indigner, outre mesure, certains de nos confrères, ni certains syndicats et partis, aphones devant la campagne de dénigrement qui a ciblé Ihsane El Kadi. Pourtant, au-delà du sort des employés, c’est la consécration et la banalisation de l’arbitraire et l’étouffement du dernier espace de liberté dans la presse dont il s’agit.
A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, nous, employés d’IM, lançons cet appel à toutes les travailleuses et tous les travailleurs et à toutes les organisations syndicales et des droits humains en Algérie et à travers le monde afin de:
– Faire connaître notre situation dans les médias et par tout autre moyen en leur possession ;
– Adresser au gouvernement algérien des messages de protestation contre notre mise au chômage arbitraire et contre les atteintes aux libertés, dont la liberté de la presse.
Fidèles à notre ligne éditoriale, fondée sur le patriotisme et sur le strict respect des règles d’éthique et de déontologie, nous réitérons notre engagement en faveur de la liberté de la presse et d’expression.
Nous renouvelons notre solidarité indéfectible avec Ihsane El Kadi et à tous les détenus d’opinion et appelons à leur libération.