Me Nourredine Benissad (LADDH) met l’accent dans l’Entretien à Radio M sur deux anomalies judiciaires qui ont créé l’engrenage fatal qui a conduit le journaliste Mohamed Tamalt à la mort : la comparution immédiate et le mandat de dépôt.
Mohamed Tamalt aurait dû être libéré dès qu’il a eu des problèmes de santé, a déclaré mardi Me Nourredine Benissad, président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) à l’émission l’Entretien de Radio M.
Le président de la LADDH, toujours choqué après la mort du journaliste Mohamed Tamalt, a expliqué au cours de l’émission ce qu’il considère comme de grandes anomalies dans cette affaire : une interpellation suivie d’une comparution immédiate et une mise en mandat de dépôt qui n’était pas prévue par l’article du code pénal sur l’offense au chef de l’Etat.
La comparution immédiate ne se justifiait pas pour une accusation portant sur des faits qui remontaient à plusieurs mois. Mais surtout, a ajouté le président de la Laddh, l’article 144 du code pénal sur «l’offense au chef de l’Etat » évoque une simple amende et ne prévoit pas de peine de prison.
«Mohamed Tamalt n’aurait pas dû être mis en prison et nous avons fait valoir cela au cours de la première audience » a-t-il indiqué. Le journaliste était en situation de détention arbitraire, mais le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire et de maintenir le journaliste en prison.
« Ce que dit l’Art. 144. Bis : Est punie d’une amende de 100.000 DA à 500.000 DA toute personne qui offense le Président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration, ou de tout autre support de la parole ou de l’image, ou que ce soit par tout autre support électronique, informatique ou informationnel. »
Au cours de la deuxième audience, les avocats ont constaté que l’affaire a été requalifiée avec l’addition d’une atteinte à corps constituée qui, elle, est passible d’une peine d’emprisonnement.
L’affaire a pris une tournure dramatique avec l’entrée en grève de la faim du journaliste, son transfert de la prison de Koléa à l’hôpital où il se trouvait toujours en tant que détenu. «La famille de Mohamed Tamalt nous a alerté sur des présomptions de violence car il avait des point de suture au niveau du crâne»a-t-il indiqué.
La LADDH a demandé un élargissement pour des raisons humanitaires qui n’a pas été entendu. Ses avocats ont demandé un permis de communiquer qu’ils n’ont pas obtenu.
Pour Me Benissad, les justiciables sont en droit de saisir la justice pour des affaires de diffamation et d’offense mais je «je milite pour une réparation judicaire par la voie civile et dépasser le pénal. ».
Mohamed Tamalt a-t-il été victime d’un acharnement qui ne lui a pas permis de sortir de prison pour raisons de santé comme ce fut le cas pour le général Hocine Benhadid ?
Pour le président de la LADDH «dans les systèmes qui ne sont pas démocratiques, on ne sait pas d’où vient le coup, si cela relève de la négligence ou de l’excès de zèle… ». Mais souligne-t-il, Mohamed Tamalt « aurait dû être libéré pour raison de santé et cela vaut pour tous les gens détenus malades qui n’ont rien à faire dans une prison ».
Dans cette affaire, le monde entier ne retiendra que «le fait qu’un journaliste algérien est mort en prison. Et cela n’a rien de bon pour l’image de l’Algérie »
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