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Algérie

[Contribution] Algérie – Que proposent, pouvoir et opposition, face à l’épuisement des réserves de change ?

Par Maghreb Émergent
février 19, 2016
[Contribution] Algérie – Que proposent, pouvoir et opposition, face à l’épuisement des réserves de change ?

La rente des hydrocarbures a largement influencé la nature des régimes, les politiques socio-économiques depuis l’indépendance à nos jours sans avoir réalisé le rêve du 01 novembre 1954 et notamment de la plateforme de la Soummam, un Etat qui survit aux aléas de l’histoire et une économie diversifiée malgré les importantes potentialités de l’Algérie. L’Algérie se cherche toujours.

Il semble bien qu’existe une unanimité de la majorité silencieuse de la population algérienne consciente du devenir de l’Algérie qu’il ya urgence d’actions concrètes loin des discours et des querelles d’une autre époque entre le Pouvoir et l’Opposition, les débats stériles portant sur le partage de la rente. L’objectif stratégique doit concilier la modernité et son authenticité, l’efficacité économique et une profonde justice sociale si l’on veut à terme éviter la marginalisation de l’Algérie au sein de la société mondiale.

1.- Contrairement aux discours euphoriques de certains responsables algériens, vendant des illusions, de la venue de nombreuses délégations étrangères qui viennent surtout tester le marché (devant assister dans les années à venir à une baisse du pouvoir d’achat) et l’environnement politique, l’investissement direct étranges réserves de change en forte diminution, n’existant pas de sentiments dans la pratique des affaires. Avec les règle des 49/51% généralisable à tous les segments, l’Algérie supporte tous les surcouts, les étrangers ne supportant pas les risques, posant la problématique de la balance devises et technologique est positive. En plus des projets fortement capitalistiques, créant peu d’emplois, se pose le problème de leur rentabilité qui est incertain face à la restructuration industrielle mondiale, notamment celui de l’acier ou du ciment car nous sommes à l’ère de la mondialisation. Contrairement aux discours complaisants de certains experts algériens, induisant en erreur les autorités du pays, qui annonçaient un cours de 50/60 dollars pour 2016 et plus entre 2017/2020, et comme je l’ai noté dans plusieurs contributions et notes adressées au autorités du pays depuis plus d’une année, l’AIE en ce mois de février 2016, vient de faire savoir que le cours du pétrole sera bas en 2016 et le FMI , la Banque mondiale ne prévoient pas un cours supérieur à 50 dollars entre 2016/2020 du fait du déséquilibre offre/demande dû à la déprime de l’économie mondiale. La responsable de la FED le 10 février 2016 devant le Congrès américain vient de faire savoir également l’avenir incertain de la croissance américaine et mondiale, combinée à la situation inquiétante de l’économie chinoise et d’une manière générale de l’Europe et des pays émergents.

2.-Donc, la baisse du cours des hydrocarbures sera de longue durée et des stratégies d’adaptation deviennent urgentes afin d’éviter une déflagration sociale à terme, devant éviter l’illusion d’un modèle de consommation linéaire. L’on doit différencier régime et Etat au sens hégélien du terme. Il n’existe pas d’Etat standard mais que des équipements anthropologiques qui le façonne largement influencé par la mondialisation avec de nouvelles fonctions. Il devient dès lors urgent d’avoir des stratégies d’adaptation tenant compte de l’innovation destructrice pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter dans son ouvrage universel « réformes et démocratie ». Comme il est admis qu’aucun segment politique, seul, ne peut résoudre la crise multidimensionnelle. Un consensus minimal associant toutes les forces politiques, économiques et sociales, sans exclusive, mais excluant tout extrémisme, est indispensable ce qui ne saurait signifier unanimisme signe la décadence de toute société. Il serait hasardeux pour l’avenir de l’Algérie d’aller vers un monologue, de combler le vide (culture bureaucratique rentière du passé) par certaines organisations incapables de mobiliser la société du fait de leur non crédibilité. Le pouvoir doit éviter comme par le passé par la distribution de la rente de continuer à créer administrativement et à instrumentaliser les partis politiques, à des fins étroites de court terme. En effet, il ne trouvera plus, en cas de crise majeure, de relais politiques et sociaux de médiation entre l’Etat et la société, le risque étant la confrontation directe des citoyens désorganisés avec les forces de sécurité. L’objectif stratégique est de redonner confiance, brisée entre l’Etat et les citoyens au moyen d’un dialogue fécond et productif afin de favoriser une mutation systémique fondée sur le développement de plus d’espaces de liberté. Pour dépasser cette situation anomique, toute action implique une vision stratégique d’adaptation à ce monde du XXIème siècle interdépendant turbulent et instable. Il existe un théorème en sciences politiques : 80% d’actions mal ciblées et désordonnées que l’on voile par de l’activisme, ont un impact de 20% sur les objectifs et 20% d’actions bien ciblées ont un impact sur 80%. L’Algérie a besoin d’une vision stratégique collant avec la transformation du nouveau monde, évitant l’illusion du juridisme. L’on peut avoir les meilleures lois du monde mais rarement appliquées. L’action concrète implique de cerner les causes fondamentales du blocage qui sont d’ordre systémique, reflétées par le divorce de l’importance de la dépense publique, plus de 800 milliards de dollars entre 200/2014 (équipement et fonctionnement) et les impacts économiques et sociaux, avec un taux de croissance moyen de 3%, alors qu’il aurait du dépasser 10/15%. Les données officielles de la Banque mondiale comme celles de la Banque d’Algérie permettent d’indiquer que pour la période 2000-2015, environ 97/98% des exportations sont le fait des hydrocarbures. L’enjeu majeur pour l’Algérie et sa survie implique donc de mettre en place des instruments opérationnels capables, d’identification, d’anticiper les modifications de comportement des acteurs économiques, politiques, sociaux et militaires, au moment où note région connait et devrait connaitre entre 2016/2020 d’importants bouleversements géostratégiques notamment au niveau du bassin euro-méditerranéen et africain .

3.-Dans les pays dits démocratiques existent deux à quatre grands partis maximum avec des programmes politiques, sociaux, culturels et économiques. Il faut éviter de s’attaquer non au secondaire, et mais à l’essentiel. Comme doit être opéré la restructuration tant du système partisan que de la société civile avec ces milliers d’associations vivant en majorité de la rente des hydrocarbures souvent instrumentalisées par l’administration lors de différentes élections, étant incapables avec les micros partis de mobiliser la société¸réseaux sociaux intermédiaires inefficaces favorisant la confrontation forces de sécurité-citoyens. Dans le même ordre d’idées, il devient urgent d’avoir deux à trois grandes organisations économiques au maximum en unifiant le patronat privé afin qu’il devienne une force économique crédible, évitant son instrumentalisation par le politique, (contre l’octroi de marchés publics en fait la distribution de la rente) assistant à une multitude d’organisations avec des conflits de leadership, cause de la division. Il s’agit d’intégrer également, d’une manière intelligente, la sphère informelle dominante recelant bon nombre d’entrepreneurs dynamiques. Tout pouvoir a besoin d’une opposition forte organisée avec des propositions productives pour se corriger, devant l’associer dans les grandes décisions qui engagent l’avenir du pays, le monologue étant suicidaire.

4.- L’Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité , par la tolérance des idées d’autrui, se regroupent au sein d’un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Une loi n’est qu’une loi fusse t-elle la Constitution, devant être sous tendu par une nette volonté politique de changement. Il s’agira à l’avenir de consolider le front intérieur : le pouvoir a besoin de dialoguer sérieusement, et l’opposition, a besoin d’être réorganisée autour de grands pôles autour de programmes précis, doivent travailler ensemble pour les intérêts supérieurs du pays tout en gardant leurs différentes sensibilités. Dans ce cadre j’émets quelques propositions. Facteur essentiel du développement économique et social, il s’agira ensemble de favoriser le développement des LIBERTES, politiques, économiques, sociales et culturelles (dont la liberté des médias), l’implication de la jeunesse et la promotion réelle de la femme à la gestion de la Cité. La corruption qui connait un niveau inégalée depuis l’indépendance politique qui est une atteinte à la sécurité nationale implique pour son atténuation une totale transparence de l’utilisation des deniers publics, l’unification des institutions de contrôles, indépendants de l’exécutif, et donner de larges prérogatives à la Cour des Comptes, parallèlement au contrôle parlementaire à la société civile. Le pouvoir doit s’engager à respecter les Accords internationaux en la matière contre le blanchissement de l’argent « sale ». Toute personne impliquée ne peut exercer des postes de responsabilité au sein des structures de l’Etat, mais devant différencier l’acte de gestion de la corruption afin d’éviter de paralyser l’initiative des managers. Autres mesures favoriser le développement local par la régionalisation économique autour de grands pôles régionaux à ne pas confondre avec régionalisme qui impliquera d’importantes réformes institutionnelles (Ministères, secteur économique public – wilayas- APC), la réforme de l’entreprise publique, qui doit se conformer aux normes de rentabilité et promouvoir le véritable secteur privé créateur de richesses et non des prédateurs au cœur du développement. Le système d’information s’étant effrité, il s’agit de créer un organe indépendant de l’exécutif chargé de la collecte d’information et de la planification stratégique. L’impératif stratégique sera entre 2016/2030 la mise en place d’une transition énergétique après avis du Conseil de sécurité, pilotée par le Conseil National de l’Energie et s’engager à à un large débat national concernant le futur énergétique qui engage la sécurité nationale. Face aux enjeux géostratégiques, pour le devenir de l’Algérie, la région euro-africaine et euro-méditerranéenne, devant connaitre d’importants bouleversements horizon 2020, nous nous avons trois scénarios. Premier scénario: la dominance du poids des rentiers et la faiblesse de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale conduisant à l’échec qui conduira l’Algérie au FMI en 2018/2019, qui est réuni dans l’environnement juridique et économique algérien en raison du poids important de la bureaucratie centrale et locale renforcées par les fortes pressions pour revenir aux pressions protectionnistes. Le second scénario serait le statu quo (neutralisation des rapports de force) qui préparera les conditions de l’échec conduisant également l’Algérie droit au FMI. Le troisième scénario concerne la réussite des réformes dont les conditions sont également contenues dans l’environnement juridique, économique et politique de l’Algérie.

5.-En résumé, dans l’histoire récente de l’Algérie, la question des réformes indispensables pour éviter un retour au FMI horizon 2018/2019, – quelles soient économiques ou politiques – a donné lieu, en raison des enjeux qu’elles représentent, à l’élaboration de stratégies antagoniques qui œuvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. En bref l’Algérie sera de que les Algériens voudront qu’elle soit. Le mal est en Nous et la guérison dépend avant tout des algériennes et algériens, impliquant un large Front National sans exclusive, tolérant nos divergences source d’enrichissement mutuel. La nouvelle vision stratégique pour éviter le retour au FMI sera de privilégier l’économie de la connaissance et le développement des LIBERTES. Une autre gouvernance s’impose, face à l’épuisement des réserves de change, du fonds de régulation des recettes et aux importantes mutations géostratégiques qui s’annoncent notamment dans notre région pour des raisons de sécurité nationale, loin des intérêts personnels et partisans étroits. Que proposent concrètement Pouvoir et Opposition face à d’éventuelles tensions sociales ? Pouvoir et Opposition doivent s’entendre pour un renouveau national de l’Algérie. L’Algérie sera ce que les Algériens voudront qu’elle soit. Le mal est en Nous et la guérison dépend avant tout des algériennes et algériens, impliquant un large Front National sans exclusive, tolérant nos divergences d’idées et de propositions concrètes, loin des théories abstraites, source d’enrichissement mutuel.

*Professeur des Universités, Expert International en management stratégique

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