La COP21, la conférence climat, s’ouvre officiellement lundi 30 novembre à Paris avec la présence d’environ 150 chefs d’Etat et de gouvernement dont le premier ministre algérien Abdelmalek SELLAL représentant le président de la république . Le but de cette grande conférence qui réunit 196 parties prenantes, 195 Etats et l’Union Européenne est de limiter la hausse des températures de la planète à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, qui suppose un accord ambitieux et contraignant.
En effet, le réchauffement climatique, facteur stratégique peut avoir des conséquences dramatiques avec cette désertification croissante, comme des guerres pour se partager notamment l’eau ressource stratégique de la vie qui devrait frapper durement l’ensemble du continent Afrique. Car même en progression, les investissements dans les énergies renouvelables de 310 milliards de dollars en 2014, dont le solaire avec 150 milliards de dollars, prévues à l’horizon 2020 d’environ 600 milliards de dollars sont relativement faibles par rapport aux subventions dans les énergies fossiles estimées à 4700 milliards de dollars, bien que le coût de production ait baissé d’environ 30/40% ? Comment inverser la courbe, quel niveau pour l’efficacité énergétique, le niveau de la taxe sur le carbone, et comment développer les industries écologiques ? L’objet de cette brève contribution pose la problématique de l’urgence d’intégrations régionales, une synchronisation des politiques publiques, donc une nouvelle gouvernance mondiale et un nouveau modèle de consommation énergétique mondial.
1.- Un intéressant rapport sur le scénario d’un brusque changement de climat et ses implications pour la sécurité nationale des États-Unis a été publié en octobre 2003 sous la direction des professeurs Par Peter Schwartz et Doug Randall, rapport commandé par le ministère de la Défense des États-Unis, rapport calqué sur l’événement qui s’est produit il y a 8200 ans et qui a duré 100 ans. Ce scénario de brusque changement est caractérisé par les conditions suivantes : une baisse annuelle de la température moyenne de 2,75°C au-dessus de l’Asie et de l’Amérique du Nord et de 3,3°C en Europe.- Une hausse annuelle de la température moyenne de 2,2°C dans toute l’Australie, l’Amérique du Sud et le sud de l’Afrique ; des sécheresses persistantes tout au long de la décennie dans des régions agricoles vitales et dans les régions réservoirs d’eau pour les principaux bassins de population en Europe et dans la partie est de l’Amérique du Nord et les tempêtes de neige et les vents allant en s’intensifiant, amplifiant les impacts des changements. L’Europe de l’Ouest et le Pacifique Nord connaissent des vents renforcés. Le rapport étudie comment le scénario d’un changement climatique aussi brusque pourrait potentiellement déstabiliser la situation géopolitique, entraînant des incidents, des combats et même des guerres dus au manque de ressources telles que un manque de nourriture dû à une baisse de la production agricole mondiale, une baisse de la disponibilité et de la quantité d’eau potable dans des régions clés, due au déplacement des précipitations, entraînant des sécheresses et des inondations plus fréquentes et une perturbation dans l’accès aux ressources énergétiques, due à l’étendue des glaces dans la mer et aux tempêtes. Selon cette étude, au fur et à mesure que la capacité de subvenir aux besoins se réduit au niveau local et global, les tensions pourraient augmenter partout à travers le monde, conduisant à deux stratégies fondamentales : la défensive et l’offensive. Les nations ayant les moyens nécessaires de le faire pourraient de fait construire des forteresses autour de leur pays, conservant ainsi leurs ressources pour elles-mêmes. Les nations moins fortunées, surtout celles ayant connu d’anciennes querelles avec leurs voisins, pourraient déclencher des conflits pour l’accès à la nourriture, à l’eau potable et à l’énergie. Cela rejoint les prévisions effectuées en 2007 par le Groupe international sur le changement climatique (IPCC) indiquent une hausse de la température de l’ordre de 2°C dans les 15 à 20 prochaines années, et jusqu’à 4 à 6,5°C à la fin du 21e siècle. Même si les émissions de gaz à effets de serre (GES) sont limitées dans les pays MENA par rapport aux pays développés, ces pays figurent parmi les plus gros producteurs de pétrole qui rejettent du CO2. Par ailleurs, l’augmentation de la température moyenne devrait s’accompagner d’une baisse d’au moins 20% des précipitations dans les pays MENA.
2.- Pour le Maghreb, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L’eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le changement climatique pourrait placer ces pays dans des situations inconfortables puisque le volume maximal d’eau mobilisable serait déficitaire d’ici 2020.Le processus de changement climatique se traduira par une remontée des zones arides et désertiques notamment dans la région du Maghreb. Des études prévoient une baisse des rendements agricoles au Maghreb du fait de l’accélération de la dégradation des sols et de la perte de terres productives. L’Algérie anticipe des réductions substantielles. Le changement climatique touchera également la production des légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30 % à et une baisse de rendement du blé à près de 40%. Le changement climatique pourrait entraîner aussi une véritable crise migratoire. Dans le cas du Maghreb, les sécheresses des 20 dernières années corroborent cet aspect : peu d’actions capables de limiter les risques ont été mises en place par les agriculteurs et les impacts ont été considérables. Dans une étude datant du 25 juin 2012 de FEMISE ( réseau euro-méditerranéen) intitulée, « le coût économique du changement climatique dans les pays MENA : une évaluation quantitative micro-spatiale et une revue des politiques d’adaptation », les auteurs notent que les impacts pour les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient (MENA) sont une baisse attendue du PIB de l’ordre de 0,4% à 1,3%, cette baisse pouvant même atteindre 14% si aucune mesure de lutte et d’adaptation face au changement climatique n’est adoptée horizon 2020. Les effets attendus dans ces pays couvrent la diminution des ressources en eau, la dégradation des sols, l’élévation du niveau de la mer et la pénétration des eaux salées dans les terres, etc. De tels impacts sont susceptibles d’affecter les activités économiques, avec des effets importants sur l’agriculture et le tourisme, suite à la baisse significative des rendements agricoles et à la hausse de la salinisation des terres due à l’érosion et à la pollution des sols par le sel. De plus, le changement climatique aura des effets négatifs sur les écosystèmes provoquant ainsi la diminution de la biodiversité qui affectera les espèces individuelles dans les pays MENA. Ainsi, la hausse des températures et la baisse des précipitations attendues risquent d’augmenter la fréquence des sécheresses, ce qui va exposer de 80 à 100 millions de personnes en zones d’insuffisance en eau à l’horizon 2025. De plus, en zone urbaine, une hausse des températures de 1 à 3°C pourrait exposer entre 6 et 25 millions de personnes aux inondations côtières. La lutte contre ce fléau lié au réchauffement climatique, avec des enjeux de guerre dont l’eau ressource stratégique de la vie, implique pour l’Algérie sous segment de l’Afrique du Nord et plus généralement pour l’ensemble du continent l’Afrique, et ce en relations les pays développés et certains pays émergents les plus pollueurs qui ont une lourde responsabilité, des intégrations sous régionales avec une coordination sans faille des politiques publiques, loin des agrégats purement monétaires. Une nouvelle gouvernance mondiale et un nouveau modèle de consommation énergétique mondial s’imposent à terme, conditionnant le devenir de l’humanité entière qui s’oriente vers les 10 milliards d’âmes dont les deux tiers concentrés dans la zone Sud, et notamment en Afrique qui concentrera horizon 2040 le quart de la population mondiale. Dans ce contexte, l’Algérie est fortement interpellé pour réaliser la transition énergétique supposant un large débat sur le futur modèle de consommation énergétique.