Covid-19 et chute des prix du pétrole : l'Algérie face à des choix difficiles - Maghreb Emergent

Covid-19 et chute des prix du pétrole : l’Algérie face à des choix difficiles

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En interne, depuis le début du confinement, la consommation des produits pétroliers, tous types confondus, a baissé de 50% à 80 %, selon Naftal.

L’Algérie s’est engagée, dans le cadre de l’accord  Opep + visant la stabilisation des prix du brut, à réduire sa production de pétrole de plus de 200 000 barils par jour.

Cette réduction, qui s’effectuera en trois phases, comprendra une réduction de 240 000 barils/jour pour les mois de mai et juin 2020, avant d’atteindre 193 000 barils/jour à partir de juillet jusqu’à décembre. Et enfin, une dernière phase de réduction de 145 000 barils/jour, jusqu’au 30 avril 2022.

La baisse de la production algérienne fait suite à cet accord historique et inédit des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, sur une réduction de 9,7 millions de barils par jour à partir du 1er mai courant. Un accord décidé a l’effet d’un effondrement des cours, suite à l’épidémie du coronavirus qui a paralysé l’économie mondiale et fait chuter le prix de l’or noir à son plus bas niveau.

Mais le quota de réduction de l’Algérie, semble important par rapport à une production moyenne de 1,1 million de barils par jour, soit près de 20%. Une décision de réduction qui ne semble pas être prise avec ‘’joie’’ mais surtout imposée par une situation très délicate pour un pays qui vit en grande partie, grâce à ses recettes pétrolières.  

Mais à en croire le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, cette réduction « n’impactera pas les recettes pétrolières de Sonatrach ». « Les 500 à 600 mille barils/jour d’exportation restants de Sonatrach, ne seront pas touchés », a affirmé le ministre lors d’un passage sur la radio nationale.

« Il est sûr que les quantités vont diminuer mais les prix vont certainement s’améliorer par rapport à la situation actuelle », a-t-il estimé, en ajoutant que « cet équilibre offres/demandes qui sera opéré sur les trois phases, aura un impact positif à l’avenir ».

Une réduction qui affaiblira encore les revenus

La chute des prix du pétrole au début de l’année en cours a fait perdre à l’Algérie un milliard de dollars de recettes à la fin du mois de février. En préparation à la Loi de Finances Complémentaires de 2020, les prévisions des recettes des exportations des hydrocarbures ont été revues à la baisse.

Selon les dernières déclarations du porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, le niveau des exportations algériennes de pétrole et de gaz baissera de 7,5%. Ainsi, cette réduction imposée par l’accord de l’Opep + fera baisser les recettes pétrolières et avec elle la richesse du pays.

Le professeur en économie, Nour Meddahi, a expliqué à Radio M, que « la baisse du prix du Brent à 70% par rapport au début de l’année, ajoutant à cela, une baisse de la production de pétrole de l’Algérie de 20%, veut dire que la richesse produite par l’Algérie diminue ».

Mais pour l’ancien P-DG de Sonatrach et expert pétrolier Abdelmadjid Attar, « les recettes d’exportation seront essentiellement affectées par le prix du baril et non pas les quotas ». Par contre, il admet que « le problème est plus complexe dans la mesure où, d’une part, l’Algérie produit au maximum de ses capacités et, d’autre part, elle est maintenant limitée par le plafond en engagement au sein de l’Opep ».

Ainsi, et pour équilibrer le manque à gagner dans les recettes pétrolières, le gouvernement à décidé de réduire de 50% les investissements et les coûts d’exploitation de Sonatrach. Cette diminution du budget de la compagnie nationale des hydrocarbures qui intervient au moment où elle a besoin de plus de moyens financiers pour atteindre ses objectifs d’exploration, de production et d’exportation, va inévitablement impacter son développement programmé pour la période 2020-2023. Une autre difficulté à surmonter par Sonatrach, en attendant l’équilibre du marché.

Une consommation interne de 400 000 barils/jour en compensation

Pour compenser cette réduction imposée par son engagement à l’accord des pays Opep+, l’Algérie à l’intention de se tourner vers la consommation interne.

Dans une déclaration à la presse, le ministre de l’Energie a expliqué qu’en d’épit de la situation actuelle qui exige la réduction de la production pétrolière de Sonatrach, un programme a été tracé par son ministère, pour diversifier les recettes du groupe pétrolier national, en s’appuyant en grande partie sur le volet interne.

« Nous voulons travailler sur le plan local. On a un programme pour rebooster la production de Sonatrach, notamment à travers la demande locale qui représente 400 000 barils par jour », a indiqué Mohamed Arkab sur les ondes de la radio nationale.

Mais ceci est-il suffisant pour compenser les centaines de milliers de barils sacrifiés dans le cadre de l’accord de l’Opep ? Ceci, en sachant aussi que cette consommation interne subit, elle aussi, les conséquences de la crise sanitaire actuelle.

Pour l’expert pétrolier Abdelmadjid Attar, « l’Algérie, étant en confinement au même titre que tous les autres pays, avec aussi une économie au ralenti, la consommation pétrolière va certainement baisser ».

Dernièrement, le directeur de la communication de Naftal, a affirmé que la consommation des produits pétroliers, notamment les carburants, a enregistré une baisse drastique depuis le début du confinement sanitaire. Il a indiqué que ce déclin a réduit la consommation des produits pétroliers, tous types confondus, à des taux allant de 50% jusqu’à 80 %.

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