Englué dans d’innombrables problèmes socio-économiques depuis le début de la chute de l’empire Ali Haddad, le groupe Etrhb Haddad ne sait plus à quel saint se vouer, face à la pression des salariés, qui monte semaine après semaine.
La tectonique du Hirak a opéré ! Désormais, les vingt années glorieuses de l’un des opérateurs économiques préférés des Bouteflika ne sont plus qu’un lointain souvenir.
En situation de faste économique comme en période de crise, le système des vases communicants fonctionne tout aussi bien, dans le monde de l’entreprise. C’est suivant cette règle immuable que les déboires judiciaires puis l’effondrement de la « mafia politico-financière », qui servait de nébuleuse au système Bouteflika, se sont directement répercutés sur les affaires des sociétés. C’est notamment le cas chez l’Etrhb Haddad.
Orphelin de l’extraordinaire carnet d’adresses de son sulfureux patron, notamment chez les banquiers, c’est le carnet de commande de l’entreprise qui trinque en premier lieu. En effet, le groupe national numéro un de BTP n’est plus que l’ombre de lui même ! Résultat, une atrophie économique par manque de plans de charge à laquelle succède une asphyxie financière du fait du manque de ressources. A cela s’ajoute un besoin en fonds de roulement de facto plus important, et dont l’ampleur est accentuée par les effets de la crise sanitaire.
En d’autres termes, il s’agit d’un véritable jeu de dupes et d’une spirale infernale dont le « dindon de la farce » est souvent le même : des centaines de salariés empilant les arriérés de salaire et les périodes de chômage technique.
Chez l’Etrhb Haddad, c’est à la faveur d’un énième rassemblement de protestation organisé ce mercredi au niveau du siège social de l’entreprise, sis à Dar El Beida, que les salariés ont une nouvelle fois tenté d’interpeller leur direction sur leurs problèmes socio-professionnels, mais également sur leur avenir.
L’avenir incertain des salariés
Selon les nombreux témoignages parvenus à notre rédaction, l’administrateur judiciaire chargé d’assurer la gestion de l’entreprise, ainsi que son staff ont quitté les lieux, laissant les travailleurs à leur colère. « On nous rétorque qu’il faut qu’on s’adresse aux instances judiciaires chargées de la gestion du dossier Etrhb. Mais, que nous le sachions, ce n’est pas nous qui avons affaire à la justice ! », s’insurge un employé de l’entreprise.
Et pour cause, l’administrateur désigné par la justice, Abdelhak Benalleg, avait promis une régularisation de nombreux dossiers et revendications des travailleurs, qui sont restés en suspens, une fois que la justice aura rendu son verdict final au sujet des affaires de Ali Haddad. D’aucun diront autant en emporte le vent ! C’est, en effet, ce qui explique ce coup de pression supplémentaire de leur part.
Les salariés qui ont proposé à leur direction une plateforme de revendications, négociée en droite ligne des instructions données aux administrateurs judiciaires désignés pour la gestion des sociétés appartenant aux oligarques incarcérés, ont récemment tenté d’explorer de nouvelles pistes à mêmes de les aider à obtenir gain de cause, allant même jusqu’à interpeller le président de la République via une lettre ouverte, sans que cela donne lieu à la moindre évolution dans ce dossier.
Pour rappel, la cour suprême vient de confirmer les verdicts prononcés contre les frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC, et les sentences infligées par la cour d’Alger, contre Ali Haddad, patron du groupe Etrhb, en rejetant tous les pourvois en cassation introduits. Cette décision sonne comme un clap de fin pour ce feuilleton judicaire. D’autre part, elle met à la fois les autorités algériennes et la direction du groupe devant leurs responsabilités vis-à-vis de l’avenir de la société et de ses nombreux salariés.